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❝ Des maux et des mots ❞
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Des maux et des mots
ce message a été posté Mer 13 Sep - 22:41
Septembre 2046

Un bleu gros comme le melon de Mervyn Kark, voilà ce qu’elle avait d’imprimé sur la hanche. Et ça lui faisait un mal de chien. Et elle douillait rien qu’en se déplaçant d’un micro-millimètre sur la chaise de son bureau. Dormir était devenu compliqué et elle en avait ras la fesse.

C’était une semaine plus tôt que la douce et fringante Péruvienne s’était mignonnement pétée la gueule dans les escaliers menant à son appartement. Une belle chute comme on n’en voyait plus, digne d’être photographiée pour se répéter en boucle encore et encore. Même le portrait du gardien en riait encore. Alors que tout ce qu’elle avait fait, Kiara, c’était simplement croiser par inadvertance sa jambe gauche avec sa jambe droite pour aboutir à un croche-patte à elle-même… Du grand art.

Mais du coup, elle avait mal. Et l’hématome semblait se sentir bien sous sa peau, si bien qu’il n’avait pas réduit, ah ça non ! Il avait préféré se contenter de changer de couleur chaque jour, passant du rouge piqûre de moustique au bleu pâle, puis au bleu nuit avant de tirer vers le noir pour finir par s’enrouler dans un voile mi-jaune, mi-kaki… Une belle couronne de douleur ornait donc le cœur du problème.

Boitant légèrement après une journée un peu plus animée que d’habitude au boulot, la fatigue se faisant sentir, elle arriva devant la petite enseigne de Balkiss. Kiara n’avait pas eu envie d’aller à la Clinique, la flemme ou encore la peur de devoir revivre une scène de soins comme après Avalon… Elle ne savait pas trop. Et puis il y avait Balkiss et elle lui faisait confiance. Pour tout un tas de raison : parce que c’était Cecilia qui la lui avait présentée, parce qu’elle était Phénix, parce qu’elle utilisait des tas d’onguents qui lui rappelaient sa maison et, surtout, parce qu’elles étaient amies. Enfin, elles le devenaient, elles se rapprochaient, se voyaient de plus en plus souvent pour papoter, pour échanger et pour rire. Parce que ça lui manquait à Kiara, de rire. De tout, de rien, pour du futile ou du plus profond. En quittant son Pérou, elle avait quitté une vie d’insouciance où le rire était quotidien, où il était si facile de se laisser aller à sourire à rire à gorge déployée. Ici, Kiara se rendait compte que l’atmosphère pesante l’empêchait d’atteindre sa légèreté habituelle et c’était dur à vivre au quotidien. Surtout depuis qu’elle s’en était rendue compte, la dernière fois, lorsqu’elle avait eu des crampes alors qu’elle avait rigolé rapidement avec un collègue. Depuis combien de temps ne s’était-elle pas laissée aller avant ce jour ?

Kiara poussa doucement la porte et retins un cri quand elle chercha par réflexe à la retenir avec sa hanche pour qu’elle ne claque pas en se refermant. Les larmes lui montèrent tranquillement aux yeux, sûrement contentes de retrouver un lieu connu et reconnu, tandis que Kiara serrait les dents en attendant que la douleur passe. Ravalant ses larmes, elle avança pour montrer sa face à Balkiss. Et tenta même de sourire. « Salut ! Pitié pitié pitié… Dis-moi que tu as de quoi apaiser la douleur et faire disparaître ce monstre de ma hanche ! » La Péruvienne avait envoyé un hibou rapide à la Kirke pour lui demander de lui sauver la vie, d’apaiser son existence ou, au moins, de rendre sa mort plus douce !
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Sam 16 Sep - 14:44
Le jour commençait à décliner, à travers les carreaux du cabinet, et Balkiss avait beaucoup trop de retard. Sur la bureau d’arrière boutique s’étaient entassés au fil des dernières semaines des tas et des tas de papiers administratifs auxquels la guérisseuse ne comprenait fichtrement rien. La journée avait été faite de nombreux patients à soulager, de dizaines de potions et Préparations Magiques Magistrales. D’ailleurs, l’une de ces dernières avait plutôt mal tournée en début d’après midi. Quelques gouttes s’étaient déversées sur le bras nu de Balkiss, laissant la peau d’un bleu crépusculaire étonnant, mais également une forte odeur de lait caillé. Ah, pour le coup, c’était raté. Depuis, Balkiss avait le coeur au bord des lèvres à force de sentir les effluves de son bras. Elle avait congédié Anastaz il y avait une heure de cela, le pauvre était tout blanc.

Balkiss contempla d’un air anéanti, les mains sur les mains, la pile de paperasse à remplir. Elle soupira. Puis la sonnette retenti, le champ du phénix envahi la pièce de sa douce musique. Balkiss ne consultait plus à cette heure-ci, mais elle savait bien qui pointait le bout de son nez si tard. La douce Kiara l’avait contacté le matin même au sujet de douleurs intenses à la hanche, une mauvaise chute apparemment. Outre l’envie de vouloir soulager son amie, Balkiss était contente de voir un visage familier après une journée aussi pourrie. Elle passa alors côté boutique et vit Kiara, une mine contracté et une main frottant doucement sa hanche.

« Hé, jamilati (جميلتي), quelle tête affreuse ! »

« Salut ! Pitié pitié pitié… Dis-moi que tu as de quoi apaiser la douleur et faire disparaître ce monstre de ma hanche ! » 

La voix était cassée, ça avait l’air de faire réellement très mal. Balkiss souleva précautionneusement le tee-shirt de Kiara et apparu alors un énorme bleu, qui n’avait de bleu que le nom puisqu’il était en réalité vert-jaune-bizarre. Sacré hématome en effet. Rien que l’effleurement de la contusion semblait provoquer de terribles spasmes de douleur chez Kiara.

« Eh bien ma petite mère, tu t’es vraiment pas loupée. Essaye de regarder un peu plus où tu marches, ça pourrait t’éviter quelques misères !, la charia Balkiss., en attendant, j’ai quelques petits trucs pour toi. »

Elle avait préparé plus tôt dans l’après midi une infusion spéciale à base d’harpagophytum, une plante qu’elle affectionnait particulièrement pour ses propriétés anti-douleur et anti-inflammation. À cela elle avait ajouté cristaux de pierre de lune et autres graines de pavot. En espérant qu’Anastaz n’ait pas fait le con -ou le comique selon lui- et rajouté des ingrédients de type euphorisant dedans. Balkiss ajouta un petit coup d’enchantement à la préparation et la tendit à Kiara :

« Commence par t’asseoir, et bois moi ça jamilati. »
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Sam 30 Sep - 11:36
Kiara adorait l’accent que prenait Balkiss lorsqu’elle prononçait des mots dans cette autre langue qui était sienne. Elle l’avait déjà entendue, dans toutes sortes d’intonations mais la façon dont la gorge de son amie décorait les mots l’emplissait de chaleur. La Péruvienne avait été au contact de l’arabe sous diverses formes à travers ses contacts professionnels principalement mais jamais dans cette douceur. Selon les régions du monde où l’arabe était pratiqué, le ton changeait en plus des expressions. Kiara avait donc découvert que c’était la mélodie libanaise qui était la plus enchanteresse avec Balkiss.

Bon, la guérisseuse n’avait pas manqué de se foutre ouvertement de sa tronche et la douceur avait été très vite remplacée par une pointe de moquerie qui avait tiré une grimace à Kiara. C’était pas très très gentil mais au fond, tellement affectueux qu’elle avait simplement fait semblant de s’en offusquer. Pour la forme, pour le jeu, pour le plaisir du partage. Elle s’était docilement assise et avait bu sa petite tisane de mémé-mal-partout, appréciant tant la chaleur que cela lui procurait que le goût oscillant entre le doux et l’amer. Entre deux gorgées, Kiara regarda Balkiss : « On dirait que t’as quand même du monde en ce moment. Comme quoi, heureusement qu’il y a des pas doués de la vie comme moi pour venir remplir ton livret de comptes, hein ? » Un clin d’œil était venu accompagner sa réplique avant de finir sa petite infusion anti-bobo.

Le coussin sous son petit fessier était une bonne chose, la douleur était moins vive et l’effet de la tisane commençait à se faire sentir. En tout cas, elle ne savait pas si c’était psychologique ou non, mais elle se sentait plus détendue. Elle prit même le risque de s’affaler un peu, posant tout son poids sur cette petite chaise. Elle eut mal mais ça allait. Kiara remerciait intérieurement Cecilia d’avoir mis Balkiss sur sa route et Balkiss d’être si douée avec ses plantes. Elle connaissait elle aussi deus trois remèdes de chez elle, de son village, mais elle ne s’y était plus intéressée depuis des années, depuis qu’elle avait commencé à étudier la magizoologie en fait, et qu’elle avait ensuite travaillé. Elle regrettait de s’être un peu éloignée de sa culture, de ne pas avoir appris plus de choses sur ses origines péruviennes par envie d’en savoir plus sur ses origines irlandaises : on veut toujours ce qui est loin et on néglige ce qui est là, sous nos yeux.

Pourtant, tout ce savoir de Mara aurait été bien utile aux Phénix, elle s’en rendait compte maintenant. Un peu tard. Il faudrait qu’elle s’occupe de ramener de l’information utile lors de sa visite prochaine à son père. « Fiou ça fait au moins deux semaines que j’suis pas venue te voir en fait. J’sais pas ce qu’il se passe mais ils me refilent des tas de dossiers au Ministère et j’ai du boulot par-dessus la tête. À croire qu’ils veulent anéantir ma petite et insignifiante vie sociale… J’ai raté quoi du coup ? La saison de Cecilia a repris et j’ai pas encore eu l’occasion de la choper entre deux entrainements, c’est la folie dans toutes vos vies et j’suis tellement à l’ouest… » Un simple comment tu vas ? aurait suffi, non ? Mais Kiara se sentait un peu coupable d’avoir délaissé ses nouvelles amies, qui étaient là pour elle depuis qu’elle était dans le coin qu’elle avait laissé son naturel bavard prendre le dessus : parler parler parler, pour reprendre pied.
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Lun 2 Oct - 16:41
Balkiss regarda Kiara avaler le contenu de la tisane avec satisfaction. Au moins, avec ça, ses douleurs allaient être rapidement atténuées. La péruvienne avait un visage d’une extrême douceur, et le coeur avec. Les deux jeunes femmes apprenaient à se connaître au fil du temps, comme se tissent les belles relations, et Balkiss savait que Kiara ne méritait aucune douleur. Mais qu’est ce qu’elle était maladroite ! C’était aussi ça, son côté attachant, super Balkiss à la rescousse s’occupait avec joie de ce petit oiseau blessé.

« Ah ça, des pas doués j’en vois tous les jours. Mais c’est fou ce que les gens ne réfléchissent pas… Tu te rends compte que j’ai du soigner la main d’un ado qui l’avait volontairement plongée dans un chaudron rempli d’une substance inconnue – comme ça, pour voir ce que ça fait. Seigneur, je suis bien contente de te voir ! » avait répondu Balkiss.

Elle était fatiguée, mais heureuse de son métier. C’est vrai, il lui apportait une immense satisfaction : celle de pouvoir aider les autres. Mais il fallait bien avouer qu’elle voyait passer des cas tout de même ! Alors la visite de sa Kiara, même blessée, la soulageait. Elle lui annonçait qu’elle avait du boulot par dessus la tête : au moins elles étaient deux. Une pointe de culpabilité perçait dans sa voix lorsqu’elle demanda des nouvelles. Balkiss sourit.

« Tu sais, l’important n’est pas de se voir souvent, mais d’avoir toujours quelque chose à se dire. » elle agrémenta sa pensée philosophique du jour par un clin d’oeil mutin. « Cécilia est surmenée, mais bon, elle kiffe toujours c’est le principal ! J’ai l’impression qu’on coule tous sous le travail… Comme si on cherchait à nous épuiser. »

D’accord, Balkiss était un peu parano. Elle portait en son coeur une haine invincible pour la société régie par les Mangemort, et à son sens tout était de leur faute. Mais se monter la tête pour tout et n’importe quoi, ça n’avait rien de bon, cela elle le savait. Toujours était-il qu’elle n’était pas là pour faire peur à son amie, mais pour lui offrir une épaule, du soutien et des remèdes.

« Ne t’en fais pas jamilati, personne ne t’en veut. Comment tu te sens toi ? Bon, à part cette saleté de hanche bien sûr. »

Elle se rappela alors qu’elle avait également mis de côté une pommade de sa confection, agrémentée de tout un tas d’enchantements, qui était censée effacer totalement le terrible bleu qui trônait sur la hanche de Kiara. Elle posa le tube sur la table :

« Juste avant que j’oublie, applique ça matin et soir pendant trois jours et tout devrait disparaître. »
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Ven 20 Oct - 14:52
Kiara commençait à s’habituer aux anecdotes rigolotes de Balkiss : le business de son amie semblait tourner grâce à la honte de certains de ses patients. Qui aurait l’idée d’aller consulter un médicomage officiel, voir un rapport à son nom et tout, pour des accidents aussi stupides ? Parce que c’était aussi ça, la spécialité de Balkiss : soigner tout le monde, sans distinction et en toute discrétion. C’était cet altruisme qui avait séduit la petite Péruvienne en premier : le grand cœur de Balkiss était la première chose qu’on voyait chez elle… Non, la deuxième, après son côté taquin. Et c’était une qualité qui était important aux yeux de Kiara.

Grimaçant encore au moindre mouvement, Kiara glissa le tube dans son sac et sourit tristement à son amie. « Je me sens encore… » Elle hésita un instant avant de mettre le mot le plus proche de son état dans sa phrase. « … toute étourdie. Depuis Avalon, j’suis angoissée, parfois, j’ai de sales images en tête mais, surtout, je me sens dépassée. » Elle se tut un instant, jeta un regard vers la porte, comme si elle avait peur d’être entendue, d’être prise sur le fait. « Je crois que je n’avais pas bien mesuré l’ampleur de la situation avant de venir m’installer ici. C’est bête, mais je crois que je voyais tout ça à travers mes yeux d’enfant, à travers les souvenirs laissés par ma mère. » Comme un jeu d’aventure, comme une lutte pour une noble cause, avec honneur et courage. Mais Kiara avait oublié que c’était un jeu d’adultes et non des chimères d’enfant. « Et j’ai compris un peu trop brutalement dans quoi je suis venue m’embourber ici. »

Est-ce qu’elle regrettait ? Un peu. Si c’était à refaire, elle referait la même bêtise, c’était certain, parce que c’était inscrit en elle, mais elle ferait peut-être les choses différemment, de façon plus réfléchie. Par que là, comme ça, elle avait l’impression de ne pas faire suffisamment. Avec du recul, elle aurait sûrement attendu de pouvoir apporter plus à sa famille. Et sa faction. Parce qu’au fond, malgré ses nobles idées, Kiara savait pertinemment que c’était plus pour sa famille que pour des idéaux qu’elle était venue se fourrer dans la merde jusqu’au cou. « C’est épuisant de devoir rester sur mes gardes sans arrêt, de devoir faire semblant, de regarder sans cesse par-dessus mon épaule. Et, en même temps… Il faut bien qu’on s’assure de rester libres pour pouvoir aider ceux qui ne le sont plus. Comment ils s’en sortiraient si on décidait de prendre des risques inconsidérés ? Comment pourrait-il encore se cacher si on se dévoilait à notre tour ? » La survie des fugitifs dépendait aussi en partie de ceux qui se fondaient dans la masse. Même si cela signifiait de devoir côtoyer au quotidien des gens avec lesquels ils étaient en total désaccord.

Finalement, c’était quelque chose qu’elle acceptait plus facilement que ce qu’elle aurait cru : faire semblant, se conduire comme une brebis docile. Elle savait pourquoi elle faisait et elle aimait aussi son confort. Kiara n’était pas certaine d’être capable de vivre comme une fugitive. Enfin, ici, peut-être. Mais pas chez elle, pas au Pérou, en mettant en danger toute sa communauté.
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Dim 22 Oct - 12:30
Balkiss observait Kiara et la voyait contracter son visage au moindre mouvement. Merde, son amie semblait s’être fait sacrément mal. Son cerveau se mit en ébullition pour rechercher au quatre coins de sa mémoire si elle avait un moyen de lui donner quelque chose en plus, quelque chose qui arrêterait vraiment douleur pour de bon. En attendant de trouver, elle versa du thé bien chaud dans deux tasses. Rien de mieux que la chaleur pour apaiser le corps. Balkiss écouta Kiara raconter ses inquiétudes. Elle comprenait ses questionnements. Partir du Pérou pour venir s’installer dans un pays si rongé par la gangrène… C’était bien plus que dépaysant. Probablement même un choc. Kiara était Callaghan. Elle avait dans le sang la révolte et la fougue de sa mère, évidemment elle avait été bercée par cette envie de changer les choses… Seigneur, Balkiss comprenait tellement. Elle regarda son amie dans les yeux et s’assit en face d’elle. « J’imagine que c’est dur. Très dur. Comme si un train t’arrivait en pleine gueule, pas vrai ? Les temps qui courent sont effrayants, je sais, jamilati, mais tu sais pourquoi on est là. Évidemment, ça n’enlève rien à la difficulté de vivre ici. La terreur, la violence... »

Balkiss suspendit sa phrase. À ce moment, elle n’avait jamais été dans le feu de l’action. Elle n’avait vu personne mourir, n’avait jamais eu l’occasion d’affronter de façon meurtrière un ennemi. Mais cette violence était partout. Tout autour d’eux, comme un lourd nuage d’orage. Il est palpable dans l’air. Ca se ressent dans les rues, dans les bars, les restaurants… La violence est partout. Kiara a du mal à supporter cela car c’est une personne pûre. Balkiss ressent pour son amie une profonde empathie. Elle est plus jeune, certes, mais tellement forte.

Kiara regardait de temps en temps furtivement l’encadrement de la porte ou les fenêtres. Angoisse. C’était leur quotidien. La peur d’être repéré était bien sûr moins forte que pour les fugitifs, mais si qui que ce soit apprenait leur appartenance aux Phénix… Balkiss savait tout ça. Qu’il fallait se cacher, se taire, faire bonne figure. Mais de plus en plus, elle avait du mal à contenir la boule de révolte qui lui tenait au ventre partout où elle allait. Prudence est mère de sûreté. Mais les impulsivités de la Kirke lui jouent des tours. Jusqu’où tout cela ira ? Kiara rappelle le pourquoi. Il faut rester libre pour aider ceux qui ne le sont plus. À cet instant, Balkiss pense à William, à Victoria. Elle sait que son amie a raison. Mais comment contenir la rage ?

« Comment tu y arrives, toi ? À rester stoïque. À supporter tout ce qu’il a autour de nous tout le temps ? Kiara, ça me fait peur. Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir encore tenir. » Elle avait prononcé ces mots sur un ton calme, mais presque implorant. Le monde était fou, fou messieurs.
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Lun 23 Oct - 10:18
Les mains enroulées autour de sa tasse, Kiara regardait Balkiss. La fumée s’échappant de son thé brûlant ne pouvait masquer le feu qui brûlait dans le regard de son amie. Si les Callaghan étaient connus pour leur problème d’impulsivité, leur côté trop tête-brûlée, Balkiss avaient de quoi les surpasser. En théorie du moins. Après tout, la Kirke avait toujours vécu libre, comme Kiara. L’impulsivité était plus facile à assumer quand elle n’avait pas de conséquences irréversibles. Et ça, c’était la première leçon qu’avait retenu la Birú : prendre des risques devait se faire en toute connaissance de cause.

Et si Balkiss explosait un jour ? Serait-elle prête à vivre cette vie de fugitifs ?  Supporterait-elle de vivre loin de ses siens, de ne plus avoir de contact avec eux pour les protéger ? Accepterait-elle sa condition de paria ? Kiara savait que c’était ça qui la faisait tenir, elle : ne pas vouloir vivre cette vie et, surtout, imposer tout ça à son père, sa tante, son village. Parce qu’elle le savait : le Ministère anglais serait prêt à traverser l’océan pour leur faire payer à eux ses erreurs à elle.

« C’est très simple : je pense à tout ce qui découlerait de mes erreurs. » Kiara détourna le regard. Rien que d’imaginer la situation, elle se sentait troublée. « Si le gouvernement découvre qui était ma mère, c’est mon père qui le paiera. » Les mots sonnaient comme une sentence. « Si je suis recherchée pour trahison, c’est mon village qui paiera. » Un océan ne représentait rien face à la folie des hommes. « Le Pérou n’est pas un allié des Îles Britanniques mais il fonctionne sous le même régime. Si je suis traquée ici, je le serai là-bas. Mes proches aussi. Mon village, les anciens, les jeunes, les enfants… Tous. Ils seront tous tenus pour responsables de mes actes parce qu’on fonctionne en communauté là-bas, parce que je viens d’un petit clan qui vit presque hors du système. » Une petite communauté qui vivait avec son pays mais qui instaurait son propre mode de vie, qui choisissait de mettre en avant de vraies valeurs plutôt que celles de son gouvernement. « Mon village est déjà mal vu par le gouvernement péruvien. S’ils apprenaient qui je suis réellement et pourquoi je suis là… » Kiara se tut. C’était la première fois qu’elle mettait des mots sur ses craintes, à voix haute. Et cela la glaça.

Il lui avait fallu tant de temps pour comprendre dans quel pétrin elle s’était mise… Urcos avait tenté de la prévenir mais elle n’en avait fait qu’à sa tête. Comme sa mère… « Pour tenir, je pense à toutes les conséquences de mes actes. Et, crois-moi, c’est amplement suffisant. Tout ça me permet de rester sur mes gardes, de ne pas agir sans réfléchir. Enfin, j’essaie du moins. » Elle ne supporterait pas de faire tomber le courroux vengeur des hautes têtes des deux pays sur sa famille. Elle attrapa la main de Balkiss et la serra dans la sienne. « Il est plus simple de supporter tout ça quand tu prends conscience que tes actes n’engagent pas que toi. »
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Mer 25 Oct - 12:12
Balkiss écouta Kiara les yeux plantés dans les siens. Attentive, elle buvait ses paroles en espérant qu’elle s’en imprégnerait, qu’elles se déverseraient dans la totalité de son corps. Balkiss voulait imprimer sa ailleurs que dans son crâne. Car sa tête savait tout cela, que c’étaient les proches qui payaient pour les traîtres.Mais son coeur, lui, était révolté. Et la raison n’arrivait pas à faire taire la folie. Balkiss se sentait en perpétuelle contradiction. Une seconde elle se disait : je me calme, je pars en sucette. Puis, la seconde d’après : Il faut tout faire péter. C’était vraiment à rendre fou.
Pour avoir fréquenté des malades mentaux lors de ses nombreux stages, elle savait que c’était de la société qu’était partie la dégénérescence. Rien d’autre que le peuple dans son intégralité.
Un monde fou rend fou.

Elle ressenti au creux de son ventre de la culpabilité quand Kiara lui parla de son village, au Pérou. Balkiss ignorait tout cela. La vie de Kiara devait être profondément compliquée. Elle ne voulait pas être ici, mais il le fallait.
C’était tout le contraire pour la Kirke, elle voulait être ici, mais il ne le fallait pas. Peut-être pas. Ses pulsions de révolte devenaient incontrôlée. Mais elle comprenait parfaitement Kiara qui se devait de faire bonne figure pour protéger les siens.
Mais Balkiss, qui avait-elle à protéger ? Sa famille biologique était un cafouillage monstre. Sa mère, de qui elle avait été si proche s’acharnait encore et encore à lui trouver un mari pour qu’elle fasse naître un sang-pûr. À gerber. Son père se taisait constamment. Et Altair… Altair étair marié à une mangemort. À l’Ennemi. Il avait déjà vendu son âme au Diable.

Le meilleur ami de la Kirke était fugitif. Victoria aussi. Ils lui manquaient. Elle accueilli avec plaisir la main de Kiara, qu’elle serra quelque peu. « Je suis admirative de ton combat, Kiara. Tu tiens pour une vraie raison, quelque chose de concret. »

Balkiss déglutit. Après avoir avalé une gorgé de thé, elle murmura plus pour elle-même que pour son amie : « J’aimerais avoir une raison de rester... »
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Lun 6 Nov - 13:39
Kiara se sentait mal pour Balkiss. N’avoir aucune raison de rester libre, qu’est-ce que ça signifiait ? La Péruvienne n’en avait aucune idée. Elle ne le concevait même pas. Balkiss devait vraiment être au fond du trou pour en arriver à espérer vivre comme une fugitive. Que se passait-il dans la tête de son amie ? Au fond, Kiara ne la connaissait pas tant que ça. Elles ne se côtoyaient que depuis trois à quatre mois et même si leurs convictions et les épreuves les avaient rapprochées, même si elles se considéraient comme amies, elles ne se connaissaient pas entièrement.

À quel moment pouvait-on basculer vers l’envie de troquer sa liberté de mouvement pour une vie d’errance et de fuite ? Certes, la liberté de ce pays n’était pas réelle mais être citoyen permettait de vivre tout en luttant dans l’ombre. Être fugitif ne permettait que de vivre et lutter dans l’ombre.
Kiara se doutait que le problème venait sûrement de la famille Kirke. Elle ne les connaissait pas mais si Balkiss pensait sérieusement à tout plaquer, en n’ayant aucune raison de rester… Kiara avait bien remarqué que les Phénix représentaient une nouvelle famille, choisie, pour beaucoup des activistes du groupe. Elle avait compris cela en voyant les interactions entre les gens mais aussi en observant la relation qui unissait Lizzie à Nero : ils étaient frère et sœur sans avoir besoin de partager le même sang. Comme Jane, Eireann et Scarlett avant eux. Est-ce que Balkiss voyait chez les Phénix cette famille tant rêvée que les Kirke ne lui apportaient pas ? Elle ne poserait pas cette question. C’était trop intime, trop dur aussi. Kiara était là pour sa famille de sang. Elle ne pourrait jamais comprendre.

« Il existe des tas de raisons de rester Balkiss. Des tas. » Sans le vouloir, la Péruvienne avait durci sa voix, ses traits. « Ta boutique, ton métier que tu adores, ceux qui ont besoin de gens intégrés dans le système pour pouvoir continuer à survivre. Ta famille. Celle de sang ou celle que tu t’es choisie, peu importe. » Elle essayait de capter le regard de Balkiss. Elle se savait dure mais elle sentait aussi que son amie avait besoin d’un bon coup de pied au cul pour se réveiller. « Tu crois qu’ils se battent pour quoi, les autres ? Pour retrouver cette vie libre que nous avons ! S’ils devaient choisir, je suis certaine qu’ils préfèreraient avoir un appartement comme nous plutôt que de se terrer dans une grotte. S’il pouvait avoir des loisirs autres que la fuite, je suis certaine qu’ils signeraient de suite. » Lizzie et Nero auraient sûrement une boutique spécialisée dans les différentes manières de faire exploser tous types d’objets. Scarlett retrouverait le plaisir de l’Histoire, Jane la joie de travailler dans les relations internationales. « Si vraiment tu ne supportes plus de vivre ici, si vraiment sourire aux dégénérés du bulbe te rend malade… Pars Balkiss. Mais demande-toi si faire semblant ici n’est pas plus facile que de faire semblant d’aller bien une fois en cavale. Pose-toi cette question. »

Kiara les voyait, les regards des gens enfermés depuis bien trop longtemps. Elle sentait la méfiance naturelle de chaque personne vivant en cavale. Elle voyait qu’il leur était compliqué de s’ouvrir, et à raison. Toute leur vie n’était que paranoïa pour survivre : mais cette vigilance constante les bouffait. Elle les dévorait de l’intérieur. Elle s’insinuait dans leurs veines, sous leur peau et les brûlait à petit feu. Beaucoup avait viré fous parce qu’ils vivaient reclus. « Ne crois pas qu’il existe une grotte où tout le monde vit en harmonie. Parents et enfants sont même souvent obligés de se séparer pour survivre… Et ne se retrouvent jamais. Pose-leur la question avant de prendre ta décision morenita. Demande-leur de te dire vraiment comment ils se sentent. » Parce qu’ils cachaient tous la vérité. Fugitifs comme libres : pour rassurer les autres.
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Mer 15 Nov - 13:39
Peut-être que Balkiss avait prononcé la phrase de trop, celle que Kiara ne pouvait se résoudre à entendre… Les deux Phénix s’entendaient merveilleusement bien et avaient eu bien souvent de très longues conversations sans le moindre accrochage. Mais elles étaient cependant profondément différentes, tant en caractère qu’en vie. Kiara était très attachée à sa famille et malheureuse de vivre si loin d’eux. Elle se battait pour cela. Pour qu’un jour le monde puisse être en harmonie, pour qu’elle puisse les retrouver en toute liberté. Plus de peur du lendemain. Plus d’angoisses d’être repérée. Balkiss comprenait tout ça, mais sa vie jusqu’ici avait été totalement différente. Elle avait été élevée dans une famille qui adhérait intégralement au système établi par les mangemorts. Ses parents étaient bien rangés, son frère suivait un chemin droit. Le problème, c’était que Balkiss était le vilain petit canard. Elle avait choisi la route tortueuse… Celle de la révolte. L’envie de tout balancer avait grandi, grandi et encore grandi. Jamais elle ne s’est arrêtée de grandir. Alors aujourd’hui, la Kirke déviante a la bougeotte.

Balkiss savait les arguments de son amie complètement justifiés et raisonnables. C’était la voie indiquée, celle qu’il fallait emprunter, autant pour soi que pour les autres. Mais il n’était plus question de faire ce qui était bon. Elle n’avait que faire du confort, de la chaleur des foyers et de la douceur des draps. Balkiss avait besoin de se tirer. Et vite, très vite. Elle était comme une grenade. Un jour elle exploserait. Elle faisait trop de vagues, beaucoup le lui disaient. La Phénix ne parvenait plus à se contrôler, à cacher ses idées, à rester en place. Alors, quelle était la meilleure solution ? Se forcer ? Tout garder à l’intérieur, se taire, attendre. Mais tout fini par sortir par un endroit ou un autre.
Quelqu’un finirait par la dénoncer. Ou bien un soir on viendrait frapper à sa porte : Mademoiselle Kirke vous êtes arrêtée pour trahison. Elle ne pouvait pas juste attendre ce jour. Elle devait s’en aller avant, d’elle même. C’était ça qui la faisait tenir, pour le moment. De se dire qu’elle allait partir. Peut-être qu’elle courrait chaque jour sans pouvoir s’arrêter et se reposer. Ça ne lui faisait pas peur. N’importe où c’est mieux qu’ici.

Balkiss releva les yeux vers Kiara, regard plein de sincérité. Elle caressa doucement sa main de son pouce. « Kiara… J’admire ceux qui sont capables de rester. Je ne peux pas. Je ne peux pas…. »
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Re: Des maux et des mots
ce message a été posté Dim 17 Déc - 12:22
Kiara ne savais plus quoi dire. Elle ne comprenait pas, enfin, elle n’arrivait pas à se projeter à travers le regard de Balkiss si bien qu’elle était désormais à court d’arguments. Que pouvait-elle rajouter ? Elle avait déjà asséné les points les plus marquants, mis sur la table les arguments les plus intransigeants. Et, maintenant, maintenant… Elle restait silencieuse. Comme Balkiss. Et ce silence refroidissait doucement la pièce, leurs peaux, leurs sourires. Le temps sembla s’arrêter, à mesure que leurs respirations ralentissaient. Le point de non-retour pour Balkiss était là, tout proche, Kiara le comprenait. Son amie était à bout, épuisée. Mais se rendait-elle seulement compte que ce serait pire une fois fugitive ? Comprenait-elle bien qu’elle ne connaîtrait plus jamais le vrai repos une fois en cavale ? Sûrement oui, puisqu’elle avait l’air résigné.

La Péruvienne se laissait envahir par la mélancolie de son amie sans chercher à ajouter quoi que ce soit, parce que plus rien n’était à dire. Que la décision de Balkiss soit prise ou non, Kiara n’avait plus à en discuter avec elle, elle avait fait sa part et devait laisser le reste suivre son cours. Tout ce qu’elle pouvait faire désormais était d’être là et de soutenir son amie pour la suite, quelle que soit sa décision. Leurs mains toujours en contact refaisaient naître la chaleur au milieu du froid de cette ambiance, de cette situation, de cette vie.

« Alors tu feras au mieux pour toi. Et je te soutiendrai. Ici ou ailleurs. » Kiara et Balkiss ne se regardaient plus vraiment, elles n’en avaient pas besoin. « Et tu seras une personne de plus pour qui je dois, de mon côté, continuer à rester. Mon canapé sera toujours là au besoin. Comme moi. » Elle sourit. Même si elle avait plutôt envie de secouer Balkiss ou de la regarder comme une enfant prise en faute, Kiara sourit. Parce qu’elles étaient différentes, parce qu’elles n’avaient pas eu la même vie et que leurs enjeux personnels n’étaient pas les mêmes. Mais, surtout, Kiara sourit parce que Balkiss était son amie, une amie récente, mais une vraie amie qu’elle soutiendrait coûte que coûte et qui saurait s’en sortir, elle en était persuadée.

« Puis je trouverai le moyen de t’envoyer régulièrement des patacitrouilles : j’envoie déjà des chocogrenouilles à Lizzie alors je suis rodée. » Elle essayait d’adoucir la situation, à sa façon, avec les dernières ressources qu’il lui restait. Si Balkiss finissait vraiment par partir, elle allait sentir son petit monde se vider un peu plus au quotidien.
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