Raccompagnée par Ludovic au centre communautaire moldu, cela avait été avec un sourire un peu rêveur aux lèvres qu’Abbey était revenue au manoir des McKay, bénéficiant ainsi de la sécurité de sa couverture sans se faire attraper par les éventuels soupçons de Jezabel. Les jours suivants le mariage, sa bonne humeur ne s’était pas effacée, planant au-dessus de sa petite tête blonde dansante, esquissant parfois quelques pas dans les couloirs, le regard brillant d’une bonne humeur. Aileen l’avait évidemment remarqué et curieuse comme chaque enfant, qu’ils soient sang-purs ou non, la harcelaient de question, finissant par intriguer sa mère qui mit cela sur le compte d’une rencontre avec un autre moldu. Et après tout, cela aurait-il été aussi surprenant ? Ne fréquentait-elle justement pas ces cercles réservés aux sans-magie pour pouvoir améliorer les statistiques de nativité au sein des esclaves, et ainsi fonder une nouvelle lignée de domestiques pré-destinés ?
Abbey laissait courir – qu’ils croient bien ce qu’ils veulent. Elle n’avait aucune vérité à leur expliquer que le simple bonheur d’avoir réussi sa première mission, aux côtés de Matt, un mentor respectable. D’avoir assisté à l’union sincère entre deux domestiques que tout aurait dû séparer. D’avoir pû contribuer à sa manière à la survie de l’espoir.
Si Jane Callaghan demeurait la chef des phénix, cette dernière avait réussi, par le biais de cette mission, à lui redonner un tant soit peu de confiance à ce que les sorciers pouvaient leur apporter quand leurs intentions étaient sincères. Mais taisant ce presque remerciement à l’encontre d’un groupe dont la NI devait encore se méfier, étouffant en son cœur la gratitude et l’espoir qu’elle ressentait, Abbey se contenta de sourire.
Hors de question d’en parler à Alice, encore moins à Shéhérazade. Avec elles, la blonde se devait de continuer de cracher allégrement sur les sorciers et les sorcières et ainsi ne pas être accusée de traitrise. C’eût été signer l’arrêt de mort d’une amitié qui lui était nécessaire et importante. Voir la déception dans les yeux de Matt ou pire, dans ceux d’Alice, aurait brisé bien plus que son cœur. Elle ne voulait pas les perdre.
Pourtant, l’espoir était là, planté en elle comme une fleur vivace. Et l’arrosant chaque jour, Abbey se résolut à la protéger.
« Abbey, tu rêves ! » Lança Aileen en voyant sa moldue encore perdue dans ses songes souriant. « Et je sais à qui tu rêves. » « Ah bon ? » « Oui, tu rêves à un garçon ! » « Un garçon ?! »
La petite se trémoussa, comme ravie de l’avoir pincé.
« C’est maman qui le dit que t’es comme dans les contes, t’es a-mou-reuse. »
Les mains refermées sur le livre d’histoire qu’elle était entrain de lui lire, Abbey ouvrit de grands yeux faussement surpris avant de détourner le visage pour rire.
« Pas du tout ! » « Si si Abbey est amoureuse ! » Chantonna Aileen avant de tendre les doigts pour la chatouiller. Le geste, enfantin et innocent, ne fut pas repoussé – après tout, ces instants n’appartenaient qu’à elle, et tant pis si cet acte aurait dû normalement être réprimé. « Pas du tout du tout ! » « Alors pourquoi tu ris ! » « Je me raconte une blague ! » « C’est même pas vrai ! » « Si si ! Tenez ! C’est un sorcier qui rentre dans un café. Et plouf ! »
Son hilarité redoubla et Aileen, le regard rongé par la perplexité, n’ayant évidemment pas compris le rapport, cessa peu à peu de la chatouiller. L’éclat de voix allait forcément finir par attirer des témoins mais Abbey ne pouvait pas se contrôler. Aussi quand la porte s’ouvrit, ce fut avec peine qu’elle se redressa, les joues rouges, les yeux larmoyants.
C’est un sorcier qui rentre dans un café, et plouf !
Sa bouche pouffa inexplicablement.
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Re: Laugh and life
ce message a été posté Sam 24 Fév - 12:33
Laugh and life
25 janvier 2047
L'éclat de rire raisonna entre les murs tapissés du manoir, accrochant son oreille comme une note décalée et inextricablement attirante. Faisant naître un léger sourire sur les lèvres trop fines du McKay.
Cela faisait quelques temps que la petite Moldue semblait d'humeur aussi légère, joyeuse, communiquant involontairement sa joie de vivre aux autres habitants de la maisonnée. Même Elliade l'autre servante semblait moins stressée, moins discrète bien que toujours aussi impeccablement serviable. Oh, Eoin savait assez parfaitement pourquoi la jeune femme était aussi enjouée en ce moment, une réalité à la fois bien loin et pas tant que ça de l'idée que s'en était faite Jezabel.
Il était évident que la compagnie d'autres moldu·e·s, de cette idiotie de mariage à ses yeux, pesait dans la balance. Et finalement, même lui n'avait pu s'empêcher un petit sourire amusé lorsqu'elle avait absolument souhaité lui en parler. Décrire l'ambiance si unique et romantique de l'évènement, la présence divine indéniable. Et pour une fois, il l'avait juste laissée parler, sans y ajouter trop de touches de cynismes récurrents. Voir cette enfant presque apaisée malgré la situation de leurs mondes était un baume à l'âme, un îlot de sérénité.
Alors lorsque Jézabel avait parlé d'amour, il avait pouffé. Arrachant un sourire incertain et surprit à sa femme, qui en avait profité pour lancer sérieusement le sujet, appréciant de trouver son mari d'assez bonne humeur pour discuter sérieusement. Dans le petit salon, une douce musique d'ambiance, chacun un livre en main, une tasse fumante à portée, ils avaient parlé de la fécondité des moldu·e·s et plus particulièrement de celle d'Abbey. Pour préserver cet instant avec elle, pour se glisser un peu plus dans ce rôle qui n'était plus le sien, le Maître potionniste avait joué le jeu.
"En soit, pourquoi pas. Mais cela ne risque t-il pas de perturber Aileen?"
"Autant que de voir son boursouffle ou son flereur gestant. Cela induira des discussions évidemment, mais Aileen est une enfant aussi curieuse qu'intelligente. Ce qui me dérange davantage.."
"Oui?" Il doutait grandement qu'Abbey souhaite se faire engrosser, mais il ne se pensait pas assez proche d'elle, ni assez connaisseur du système de pensées moldu pour en être parfaitement sûr. Les McKay n'étaient pas du genre à forcer leurs serviteurs à la reproduction comme certains sorciers, la nature ferait tout simplement les choses.
"Nous en discutons avec d'autres mères sang-pur...Mais avoir une domestique gestante entraîne malgré tout quelques modifications organisationnelles, avant comme...après. Elle passera forcément moins de temps avec Aileen..Peut-être même celle-ci risque de devenir jalouse du petit? C'est déja arrivé."
Et à la mine fermée de sa femme, cela devait s'être très mal terminé. Un infime instant Eoin avait été traversé par cette image du·de la jeune sorcier·e décidant dans son enfantin jugement, que le bébé moldu était de trop. Il avait soupiré, allant jusqu'à se lever de son fauteuil pour poser une main réconfortante sur l'épaule de son épouse. Un bref instant de partage entre eux.
Pour revenir à ce couloir. Au rire de la servante rebelle et aux paroles indistinctes de sa fille.
Et puis pourquoi pas? Il avait passé quelques heures de la matinée dans le laboratoire du manoir - celui de Potionnis lui paraissait encore trop lugubre- et était assez satisfait de son travail actuel. Il pouvait bien aller étancher sa curiosité et passer un peu de temps avec les deux filles.
Bien.
La porte grinça à peine à son passage -un son que n'importe quel sorcier de la maisonnée pouvait étouffer par simple volonté- le visage de sa fille s'illumina.
"Papa!!"
Un câlin plus tard, Eoin se posa dans son fauteuil habituel, enjoignant silencieusement les deux filles à vaquer à leurs occupations bien qu'Aileen ait tenu à s’asseoir avec lui, à moitié sur ses genoux, à moitié sur l'accoudoir.
Posant un regard bienveillant sur cette dernière, le sorcier se fit apparaître une tasse de café bien noire et odorante à la fumée pleine d'arabesques.
Sous les grands yeux ronds de la petite sang-pure qui ne dit mots quelques instants, son regard passant de la tasse à Abbey, d'Abbey à Eoin, pour revenir à la tasse.
"Tu veux dire quelque chose, Aileen?" s'enquit le Serdaigle.
"Je..Comment un sorcier peut entrer là-dedans? Je ne comprend pas.."
L'homme hausse un sourcil d'incompréhension.
"C'est Abbey, elle a dit ça puis rigolé très fort."
Le mystère semblait tout entier pour l'enfant, et très morcelé pour le McKay. Un sorcier disparaissant dans une tasse? Etait-ce là un truc de moldu·e?
"Peux-tu nous éclairer, Abbey?" S'enquit Eoin doucement, appréciant l'ambiance qui se dégageait d'eux dans le petit salon. Faisant apparaître une tasse de chocolat chaud à sa fille et une autre similaire, bien qu'à la tasse plus simple, pour la blonde.
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Re: Laugh and life
ce message a été posté Dim 4 Mar - 16:56
« Laugh and life »
Avec Eoin
Pour sa chance, ce fut la silhouette d’Eoin et non de Jezabel qui apparut à la porte de la bibliothèque, l’aidant néanmoins à calmer son hilarité, bien que ce fut le regard pétillant de joie et l’esquisse d’un sourire aux lèvres qu’elle s’empressa de le saluer, pour donner le change aux yeux d’Aileen. Si cela n’avait tenu qu’à elle, Abbey aurait profité de leur proximité complice pour le saluer comme à son habitude, en le nommant par son prénom mais l’enfant, bien que sympathique et attachant, n’en avait pas moins la langue trop bien pendue. Une parole malheureuse, une question à sa mère, et tout pourrait de fait s’avérer catastrophique tant pour elle que pour lui.
Aussi se rassit-elle immédiatement, laissant le sorcier s’installer, reprenant un énième livre de contes – Aileen, à ses six ans, commençait déjà les cours avec un professeur particulier et Abbey ne tenait pas à l’abrutir de leçons quelconques pendant leurs heures de pause. Elle tenait pourtant à lui faire des lectures bien plus utiles à son tempérament, choisissant des œuvres de sorcières plus indépendantes, hors des carcans du mariage qu’on ne tarderait pas à lui imposer après son adolescence. Une manière pour elle de la préparer à accomplir un destin plus honorable que celui des mangemorts – si elle en avait la force ou même la simple possibilité. Une rêverie plus qu’un projet concret – car elle doutait d’être encore à ce service aux 14 ans de la jeune demoiselle. Mais une manière de rendre son service plus agréable.
Que cela serait bon, d’une certaine manière, d’avoir père et fille chez les phénix, alliés plus tard dans le même combat de liberté. Que c’était punitif, pourtant, d’avoir à leur endosser une telle responsabilité. Eoin, assurément, ne se remettrait pas de voir sa fille au combat, encore moins blessée et fugitive en danger de mort. Mais être libre, finalement, valait bien mieux qu’épouser une ordure et de devenir une connasse sang-pure comme tant d’autres.
Ainsi Abbey se rassurait. Mais le retour à la blague marqua un nouveau fou rire soigneusement dissimulé derrière le livre remonté jusqu’à ses yeux. Hélas pour elle, Aileen n’allait pas se débarrasser de sa question aussi facilement et la demande d’explication d’Eoin se devait d’aboutir.
Aussi, le cœur léger et la bouche crispée de malice, osa-t-elle poser le livre pour déclamer :
« C’est un sorcier qui rentre dans un café, et puis plouf ! »
Tête de chaudron à l’intellect avéré allait sans doute avoir besoin de plus d’une explication pour comprendre ce qui n’était qu’un simple jeu de mot. Et s’amusant de son froncement de sourcil, Abbey précisa, détachant bien les mots.
« C’est un sorcier, qui rentre dans un café. Et puis « plouf » vous comprenez ? Le café. Il rentre dans un café ? »
« Moi j’ai rien compris… » Murmura Aileen, sagement. « C’est un portoloin ? » « Mais non ! Vous avez des cafés, dans le monde sorcier. Vous savez, des cafés. » « … La tasse à papa ? » « Non non, des cafés, des endroits où on va pour boire des cafés. Des endroits qui… oh la la. Comme des bars ! »
Aileen échangea un brusque regard perplexe avec son père.
« On a ça nous ? » « Les bars, c’est pour boire de l’alcool, les cafés, c’est pour boire du café » « Moi je préfère le lait… » « Ou le lait, ou le thé, enfin des boissons ! Et on lit le journal, et parfois y’a des chambres d’hôtel – enfin bref ! Le sorcier, il rentre dans un café, comme pour boire un café. Mais comme c’est le même mot, on dit « et puis plouf ! » comme s’il était rentré dans une tasse à café ! »
Le regard d’Aileen se troubla, puis s’illumina, puis se fronça. Et embêtée de ne rien comprendre à toutes ces élucubrations moldus, s’accrocha à la jambe de son père, d’une frayeur toute enfantine de sang-pure, à la crainte de voir s’échapper quelque chose qui semblait bien naturel pour plus simple, plus moindre que soit.
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Re: Laugh and life
ce message a été posté Dim 17 Juin - 22:30
Laugh and life
25 janvier 2047
Sourcil haussé, croisant tour à tour le regard d'incompréhension de sa fille et celui pétillant de la moldue, Eoin ne pipa mot. Essayant autant que possible de comprendre, d'imaginer cette histoire sous un autre angle, comprenant aisément qu'il cherchait trop compliqué mais..mais qu'il ne trouvait pas. Du tout. Et que cela semblait presque faire davantage plaisir à Abbey. Sans que son sourire soit forcément supérieur non, juste comme l'on se moquait gentiment d'un enfant qui ne pouvait comprendre, n'ayant pas toutes les cartes à sa portée. Parlant comme à un enfant.
Sa fille semblant aussi perdue que lui d'ailleurs. Le portoloin était une bonne idée pourtant? Mais même avec cette version, c'était compréhensible mais pas..de quoi créer un tel fou rire non plus. Etrange.
"Moi non plus je ne comprend pas, Aileen." précisa t-il d'un ton doux, même si c'était clairement visible sur sa face. Mais il lui semblait important de le dire à haute voix, que sa fille sache qu'il n'y avait aucun mal à ne pas tout savoir tout le temps.
Laissant la blonde réexpliquer de nouvelles fois cette histoire purement abracadabrante, le potionniste attrapa enfin la ficelle directive de cette..métaphore? Transposition? Jeu d'esprit parfaitement...terre à terre en tout cas. Etrangement simple et tordu à la fois.
Passant une main dans les cheveux de sa fille, il lui sourit doucement.
"Je suis désolé, ce n'est pas vraiment ma tasse..de café.. ce genre de jeux de mot à vrai dire." Il croisa le regard d'Abbey à sa petite tentative de jouer le jeu. "Mais tu as bien compris. Il arrive que dans notre langue, un seul mot définisse plusieurs choses différentes. En générale, on comprend ce dont il s'agit grâce au contexte, aux autres mots, à la personne qui nous parle. Ce genre de plaisanterie s'amuse en utilisant ce genre de mot et en jouant sur le fait qu'au final, il définisse autre chose, créant une conséquence absurde." Si l'enfant semblait avoir vaguement comprit, les explications de son père eurent tôt fait de la reperdre un peu, ce dont il se rendit compte de lui-même, en riant. Pas étonnant que certains le trouvent trop alambiqué s'il n'arrivait même pas à s'adapter à sa fille! " Par exemple, tu vois les dragons? Ils volent très bien n'est-ce pas? Et bien je pourrais faire une blague en disant qu'un Magyar à pointes a volé la nuit dernière non loin d'ici et que depuis, il fait jour. Enfin, qu'il ne fera plus jamais nuit.." Sa fille ne semblait pas tout à fait comprendre. "Hum..Parce que le mot voler peut signifier le dragon qui vole avec ses ailes, ou celui qui vole comme un voleur..Là, il est reparti en chapardant le nuit. Donc il fait jour. Tu vois?"
"Euh..je crois."
"Abbey?"
Pourvu qu'au moins elle, comprenne.
Peut-être son exemple n'était-il pas si pertinent. Ou trop compliqué. Ou juste pas drôle en fait. Aurait-il rit si quelqu'un le lui avait conté? Pas sur. Mais peut-être était-ce parce qu'il manquait d'humour? Cette histoire était complexe. Au moins la moldue avait comprit elle, cela le rassurait. Un peu. Elle ne semblait pas parfaitement convaincue non plus d'ailleurs. Plutôt que de se vexer, Eoin se contenta d'hausser les épaules en souriant doucement.
"J'aurais tenté.. En as-tu d'autres en réserve, Abbey? Je pense que nous avons tous besoin de rire un peu...Si en plus cela nous apprend à travailler nos méninges différemment, cela ne peut qu'être positif évidemment."
"Oui c'est vrai." confirma la petite fille d'un air un peu moins perdu, persuadée de pouvoir y arriver la fois suivante. Elle avait toujours confiance en Abbey malgré son infériorité naturelle. En grande partie par habitude, mais aussi grâce à son père qui semblait lui aussi avoir confiance en la servante. Ce soir en particulier en sa capacité à lui expliquer cette histoire de blague.
"Moi aussi ze veux rire. Après je ferai rire Papa. Et Maman. Et Maïssan aussi."
"Assurément." Involontairement, la petite McKay avait rappelé au sorcier l'épisode encore très frais avec Altaïr Kirke...et ce qu'il devrait en faire. De manière très simple, avoir découvert ces...affinités avec le basique faisait clairement partie de sa bonne humeur récente, de ses amélioration. Ne plus se savoir seul dans ce monde, pas juste accompagné d'une moldue comme guide et confidente, était rassurant. Mais d'une autre part...Cela ouvrait d'autres portes, d'autres doutes..
Heureusement, la voix de l'inquisitrice coupa momentanément court à ces pensées. Mieux valait se concentrer sur l'instant présent, le reste arriverait bien assez tôt.
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Re: Laugh and life
ce message a été posté Dim 1 Juil - 21:43
« Laugh and life »
Avec Eoin
Non, effectivement, ce n’était pas drôle mais les explications rajoutées d’un Eoin s’essayant au bon mot, tout en calmant son hilarité, parvinrent à la faire sourire. Et le regard qu’ils échangèrent alors, sans doute bien involontaire de la part du sorcier, fut emplit de confiance et de gratitude. Plus le temps passait, plus l’empathie d’Abbey à l’égard de ce sinistre individu grandissait et fleurissait paisiblement dans son cœur. Il en naissait une volonté bien inhabituelle de vouloir lui montrer tout autre chose que son monde si triste. Et hochant la tête avec entrain, pour lui prouver son appui – et non sa soumission – Abbey assentit :
« Oui j’ai compris. Mais ce n’est pas vraiment une blague… Plutôt un bon mot, un peu comme dans les poésies. Vous pourriez peut-être en écrire ? Le Magyar a volé la nuit dernière dans mes pensées, et depuis je souris dans la lumière toute la journée. » Une petite rime, même si elle n’était pas très douée en tout ce qui était littérature – la Bible n’étant pas très connue pour être un modèle d’écriture en soit.
Aileen en tout cas ne sembla pas passablement convaincue et baissant la tête, la tête toute crispée d’une réflexion qui semblait presque la contrarier, il fut temps de ramener la bonne humeur des blagues, sous l’invitation d’Eoin. Abbey renversa alors la tête en arrière, en cherchant une bonne, une de Joe.
Qui comprenait généralement la mort des sorciers. Le contexte dans lequel ils vivaient et souffraient ne laissait que peu de place à l’humour, et il n’était généralement pas en faveur des maitres, bien au contraire. Il faudrait donc trouver autre chose et du plus profond de ses souvenirs, elle parvint à tirer une ficelle toute dorée.
« C’est une maman qui dit à son petit garçon : n’oublie pas que nous sommes ici sur terre pour travailler. Et le petit garçon la regarde et répond : Alors plus tard je serais marin. »
Le rire revint, pendant peut-être quelques secondes. Puis stupide, n’entendant pas l’écho dans la voix d’Aileen, Abbey baissa les yeux sur la fillette et comprit à son regard l’odieux double sens de ses propos.
« … Enfin, c’est très bien, de travailler. » « C’est quoi un marin ? » « ... C’est... » Abbey s’humecta les lèvres. « C’est quelqu’un qui va sur la mer. Qui travaille sur la mère et » « Ah ! » Aileen battit aussitôt des mains. « Il veut pas travailler sur la terre alors il va aller sur la mer ! J’ai compris ! Il va sur la mer ! » « Oui voilà ! » Encouragea aussitôt sa suivante, tout en soufflant intérieurement du manque de compréhension de la fillette. Pour le père par contre, c’était une autre affaire. Et se rattrapant aux branches bon gré mal gré, Abbey murmura : « Enfin, on peut travailler sur la mer alors, elle n’est sans doute pas très bonne ma plaisanterie. Vous en connaissez vous… maître ? »
Maître, la petite plissure à ses commissures aurait bien eu besoin d’être plus soigneusement camouflée mais Abbey retourna à son livre, lissant les pages d’un geste presque mécanique.
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Re: Laugh and life
ce message a été posté Jeu 15 Nov - 17:03
Laugh and life
25 janvier 2047
C'était tout de même assez fou d'entendre ainsi une moldue être capable d'avancer jeu de mot sur de jeu de mot avec une remarquable efficacité. Il y a un an encore, Eoin n'y aurait tout simplement pas porté d'attention, pas spécialement porté sur ce type de sociabilisation, mais à l'heure actuelle il se rendait compte à quel point malgré leurs différences encore évidente à ses yeux, les moldus n'était vraiment pas juste ces animaux apprivoisés et bien dressés, vaguement intelligents qu'on essayait de leur faire croire depuis si longtemps. Ils étaient des personnes à part entière avec leurs forces, leurs compétences, leur personnalité et surtout leur intelligence. Sans magie mais avec une force d'âme qui rattrapait très bien cette lacune.
"Tu es vraiment douée à ça, Abbey." commenta t-il d'une voix douce, juste après que sa fille ait enfin a peu prêt comprit la petite blague, un grand sourire sur le visage. Elle accueillit d'ailleurs la déclaration de son père dun grand hochement de tête, rajoutant qu'Abbey était la meilleure de toute les moldues du monde et la plus intelligente.
"Nous avons de la chance de l'avoir avec nous, oui." tempéra t'il tout en croisant le regard de la jeune femme, espérant lui transmettre par-là même le fond de sa pensée...Qui ne se résumait clairement pas qu'à ses bons services avec sa fille. Le petit sourire mi-fier mi-gêné de la servante le convainquit qu'elle avait bien comprit l'allusion. Même s'il n'était pas spécialement doué pour la communication, le potionniste se rendait de plus en plus compte de l'importance de pouvoir partager certains pensées, certains sentiments. D'autant plus quand tout pouvait basculer du jour au lendemain.
Combien de moldus avaient encore été abandonnés ou tout simplement arrêtés, tués ces derniers temps? La peur et la paranoïa était quelque chose auquel les sorciers n'avaient plus goûté depuis longtemps et cela leur laissait vraiment un mauvais goût dans la gorge...Et chacun essayait de remplacer ce goût par un autre en étant persuadé qu'il s'agissait de la seule façon viable de le faire. Et pourtant, l'arrière goût restait..forcément. Même pour lui. Surtout pour lui qui avait opté pour les mauvais actes.
Serait-il capable d'avancer vraiment?
Plongé dans ses pensées, son regard retomba sur les deux filles, embrassant leur silhouette avec douceur, avant de se rendre compte qu'il avait du louper quelque chose, Aileen lui parlait tout en fronçant les sourcils.
"Je..pardon, j'étais ailleurs. Que disais-tu ma chérie?" Le Serdaigle n'avait pas entendu l'apostrophe hiérarchique un peu faible de la servante, mais y aurait-il vraiment fait attention? Probablement pas, leur relation avait tellement changé ces derniers mois.
"Papaaaa! Abbey et moi on aimerait savoir si tu en connais d'autres? "
"De quoi?"
"Mais des jeux avec les mots!"
"Ah..je ne sais pas trop.."
"Parce que j'ai regardé dans le livre, et il y a pas de gens qui en font. Ni qui travaillent sur l'eau."
Arquant un sourcil un peu perdu, Eoin interrogea la moldue du regard qui lui répéta d'un murmure la blague qu'elle avait déclamé un peu plus tôt.
"Ah oui..Tu as peut-être déja entendu parler des Sabordage? Ce sont des sorciers qui travaillent sur la mer et l'océan. Peut-être pourrions-nous aller voir leurs bateaux prochainement?"
"Oh oui! Je veux voir les bateaux! Et leur demander si c'est à cause de leur maman qu'ils font ça."
"Humm..je pense que nous en reparlerons." Ah les enfants..
Acquiesçant sans trop savoir à quoi, l'enfant ferma son ouvrage de contes, s’intéressant dans l’immédiat aux nouvelles informations que lui avait donné son père: des sorciers et des bateaux. Malheureusement pour elle, et malgré le bon moment passé en leur compagnie, Eoin se sentait passablement vidé et fatiguée, n'ayant plus la motivation de prendre autant part à la curiosité de la petite sorcière. Préférant faire briller d'un sort les grimoires qui pourraient intéresser l'enfant et laisser Abbey prendre le relais, se contentant pour sa part de se renfoncer dans son fauteuil, une nouvelle tasse de café assaisonnée à sa potion préférée du moment, en mains.