Ça déménage !

ce message a été posté Lun 30 Juil - 2:01

Cela fait un mois, désormais, qu’elle est veuve.

Le temps passe rapidement, pour Salomé, et surtout, il est fort occupé. Elle ne savait pas que la vie d’une veuve pouvait être aussi remplie - plus que celle de jeune mariée. On désire la recevoir dans tous les salons d’Avalon, afin de la consoler, de lui rappeler que son mari était brave, qu’elle est heureusement encore jeune et sans enfant, qu’elle trouvera bientôt une nouvelle chaussure à son pied. Eileen Blackburn l’a invitée à manger, quelques fois ; Heather également. Puis, il y a tout à nettoyer, astiquer, redécorer, vider. Tant d’effets qui ne lui appartiennent pas à trier, afin de donner à Caem ce qui est sien, désormais. Elle lui a d’ores et déjà cédé Matthew. Il reste maintenant… tout le reste.

Litha est dans une semaine à peine et elle s’est promise que pour ce jour, le bureau de Murphy serait nettoyé, ainsi que le boudoir d’Alexianne. Deux pièces où elle a à peine mis les pieds, depuis leur mariage, et qui ont encore à ses yeux un statut de sanctuaires pratiquement sacrés. Petit à petit, Salomé s’est familiarisée avec les pièces, a déplacé quelques livres, quelques coussins, avant de tout à fait se mettre à vider ces endroits des objets qui les peuplent et portent la marque de cet homme qu’elle ne connaissait somme toute que très peu. Bien des meubles se sont montrés récalcitrants, cela dit, refusant catégoriquement d’être déplacés à l’aide de sortilège. « Vous allez m’éclater contre le mur ! », a protesté un vaisselier avec une voix de professeur outré, « Vous n’avez certainement pas l’adresse du maître ! », a grincé un secrétaire au ton pincé de vieille sorcière aigrie. Salomé les a cajolé, supplié, menacé, mais rien n’y a fait : sa baguette est inutile, contre les meubles du petit boudoir d’Alexianne (même dépourvu de son tableau, celui-ci relégué au bureau de feu son époux, elle est incapable d’associer le boudoir à autre chose), ainsi que dans le bureau de Murphy. Il n’y a qu’à la force physique, qu’il est possible de faire quoi que ce soit, et pour la délicate Yaxley au frêle physique, c’est d’un embêtement maximal.

Heureusement, Salomé a plus d’un tour dans son sac, et plus d’un service à réclamer auprès d’un ami.
Sheitan ne se garde pas tout à fait uniquement en échange d’amitié et de reconnaissance éternelle. Pas cette fois.

Quelques coups à la porte du manoir la sortent de son nettoyage de tapis, sur lequel elle a malencontreusement renversé le thé glacé préparé à l’intention de son invité. Les cheveux remontés en tresses, ses jambes nues salies de poussière, elle ouvre la porte en grand sur le chasseur de dragons ; le soleil qui décroît transforme sa chevelure blonde en couronne en flammes et flatte avantageusement la carrure d’épaules qui justifie la présence de Lux Salamander au pas de sa porte. Un mince sourire au jeune homme, qu’elle invite à entrer dans sa demeure d’un geste de la main. Le manoir O’Ryan. Le manoir de Salomé Yaxley. « J’espère que tu es prêt à rendre ces muscles utiles, Salamander. » Un regard en coin, taquin.

Re: Ça déménage !

ce message a été posté Mar 16 Oct - 20:28

« Mais tout à fait … c’est bien ici qu’on a demandé un gigolo ? »

Impossible.
Cet homme est impossible.

La brune roule lourdement des yeux et pousse un soupir théâtral, sans toutefois s’écarter lorsque le Salamander vient plaquer un baiser sur son front, une fois son éclat de rire terminé et que seuls ses échos résonnent encore dans le hall. Elle répond à la marque d’affection en piquant un bisou sur le bas de la mâchoire de l’homme, hissée sur la pointe des pieds pour l’atteindre. Lux a toujours été ainsi ; le contraire serait inquiétant, même. La seule chose inhabituelle est de le recevoir ici, dans ce manoir où les visiteurs ont toujours été trop rares, pour une demoiselle qui a grandi dans les rires et la joie, perpétuellement entourée. La solitude ne fait pas à Salomé Yaxley, alors qu’elle allait très bien à Murphy O’Ryan.

« Bon, donc c’est un show privé, si je comprends bien. » Heureusement qu’elle est trop occupée à refermer la porte derrière lui pour regarder ses fesses, ça aurait fait bien trop plaisir à cet imbécile de Salamander. Elle capte uniquement son clin d’oeil, auquel elle ne répond pas encore. « Par où tu veux qu’on commence les festivités ? Ta paye généreuse te donne droit à l’intégralité de ma personne pour toute la soirée. Imbécile », répond-elle seulement, sans toutefois faire mine de jeter le chasseur de dragons hors de sa demeure. Une petite tape sur son bras, joueuse, faussement offusquée, afin de l’encourager à cesser sa révérence. « Je nous ai préparé des gâteaux et du thé glacé. J’ai du gin, si tu veux t’amuser davantage. Tant que ça ne te ramollit pas. » C’est à elle de jouer de sous-entendus, l’oeil brillant. Son index vient toucher un des biceps de Lux, comme pour tâter une marchandise dûment acquise, ou un animal en bonne santé, puis la brune se ravise, un peu gênée. Évidemment. Elle ne sait pas jouer longtemps, à ce petit jeu. Elle préfère diriger son ami vers la première pièce où elle espère user de sa personne.

Les doubles portes de bois, finement gravées, s’ouvrent d’un geste de sa baguette. « Commençons par le boudoir. » Une odeur un peu vieillotte, dans un petit salon décoré avec charme, bien que sensiblement passé de mode. Les tableaux ne sont plus sur les murs, la vaisselle rangée dans des boîtes et les rideaux de lin laissent filtrer les rayons du soleil, soulignant la poussière qui persiste sur les quelques meubles. Sur la table basse, le plateau où repose une théière pleine de thé glacé aux effluves de citron, deux verres, quelques gâteaux légers. Elle se souvient de la première fois qu’elle y est entrée, avec ses amies, et tout ceci lui semble affreusement loin. La tapisserie est décolorée, là où l’immense tableau d’Alexianne était accroché, mais elle le voit comme s’il y était toujours. « Le vaisselier, le récamier, la table basse et ces deux fauteuils ont catégoriquement refusé de bouger. Même sous la menace. » Elle ne devait pas être des plus convaincantes, surtout.

Re: Ça déménage !

ce message a été posté Ven 7 Déc - 22:05

Infernal.
Un homme n’aura jamais été aussi bien nommé que Lucifer Salamander.

Il vaut encore mieux pour la jeune femme de ne rien dire et de laisser simplement son regard sévère et ses joues roses parler pour elle. Plus elle réplique, plus elle alimente le feu roulant de taquineries du Salamander, et Sally sait que ça n’est pas en sa faveur. Ce qu’il dit est encore presque innocent : elle le sait capable de bien pire.
Finalement, le gin n’est peut-être pas une très bonne idée.

« La menace ? Quelle idée, de menacer du si beau mobilier. » Elle le voit s’avancer jusqu’au récamier et l’effleurer du bout des doigts, et elle a reniflement d’assentiment. La menace, oui ! De briser des tiroirs, de filer un motif délicat, de jeter son chat sur eux (le plus cruel châtiment, vu le caractère de Satan) ou même de carrément mettre le feu, selon l’état de sa patience. Rien n’a fonctionné. « La maîtresse de ces lieux aurait-elle été trop brusque avec des beautés de votre acabit ? » Un gloussement attire son attention, vers l’une des deux fauteuils. Oh, mais vraiment. Sally met sa main devant sa bouche, pour contenir son propre gloussement, non pas charmé, mais amusé. Elle fait un signe de tête à Lux, confirmant qu’ils ont tous les deux entendu le même bruit, et l’observe se déplacer jusqu’au meuble en question. Un de moins. « Où veux-tu que je les m…transporte avec toute la délicatesse et le respect du monde ? Prière de les déplacer dans le hall, mon cher. Un antiquaire viendra demain évaluer leur valeur… sans aucun doute inestimable », ajoute-t-elle avec un coup d’oeil vers les divers meubles, afin de poursuivre sur la même lancée charmeuse que Lux (même s’ils ont résisté à cette tactique, précédemment ; meubles ingrats). Elle a déjà engagé un représentant de la boutique Hunter, afin de ce faire, et autant elle a uniquement envie de lancer ces meubles à l’extérieur de chez elle, de sa maison, et de les laisser pourrir sous la pluie et le soleil, autant elle sait que ce n’est pas raisonnable. Si Caem n’en veut pas, de beaux Gallions pourront être échangés, à tout le moins. La brune s’appuie contre le chambranle des portes et observe le blond soulever le fauteuil comme s’il ne pesait rien, générant un second gloussement de la part de celui-ci.

« Tu sais, avant de les menacer, j’ai essayé de les charmer. À peu près dans les mêmes mots. Ses sourcils se froncent légèrement. Elle les a aussi supplié, mais ça, elle ne le dira pas. Qu’elle a supplié des meubles, par Helga ! Je crois qu’ils n’aiment que les hommes, en fait. Après toutes ces années uniquement avec Murphy, Caem et Matthew… ils ont probablement pris goût à être manipulés par des hommes. » Quoique Lux est certainement le plus musclé qui ait mis la main sur ceux-ci. Ce n’est pas ton potionniste d’ex-mari, ton délicat beau-fils, ou l’ombrageux moldu, qui auraient pu soulever ceux-ci uniquement par la force de leurs bras… à croire aussi qu’ils acceptaient d’être déplacés magiquement, jadis. Ingrats, définitivement.

Re: Ça déménage !

ce message a été posté Mar 12 Mar - 22:42

Voir Lux sortir les meubles avec aisance - enfin, une aisance relative, de par le poids des meubles, mais au moins sans récriminations de leur part - est quelque peu insultant pour la sorcière qui s’est acharnée pendant des heures sur eux… mais au final, les meubles sont sortis, et le boudoir prêt à être nettoyé pour de vrai. Pour de bon.
Et si possible avec un Lux entièrement vêtu, pour la suite des choses.

« Tu as combien d’autres pièces, comme ça ? Il va vraiment me le falloir, ce gin. Avec plaisir, mon cher. » Un coup de baguette et sur la table basse, seul meuble rescapé de leur déménagement, la théière leur verse à chacun un verre de thé glacé où glaçons ensorcelés s’entrechoquent ; puis, une petite bouteille s’occupe de parfumer chaque breuvage d’une rasade d’un gin aussi frais que le thé. Elle amène aussi deux chaises, pour que son ami puisse se reposer un peu, après tous ces efforts. Un coup d’oeil de biais, une pointe de soulagement. Le démon se rhabille. Helga soit louée. « Tu ne m’as pas dit … c’est pour faire de la place pour du neuf ? Ou pour faire du vide ? » La question est franche, dans la tradition du Rosier-Salamander, et offre à Salomé deux options. Deux options auxquelles elle a longuement réfléchi, suite à l’exécution du testament de Murphy, chacune étant alléchante à sa façon. « Pour du neuf. » Réponse décidée, ferme, malgré le ton lent. Elle sait qu’elle devra s’expliquer au jeune homme, dont elle devine certainement la préférence. « Je n’ai pas envie de retourner vivre chez mes parents et je ne peux pas habiter à mi-temps chez Scylla toute ma vie. Même si l’option est tentante. Même si Hélios y habite. Même si tout ceci lui donne certainement une réputation de jeune (ex) épouse délurée. Elle ne peut pas toujours fuir. J’ai plus de liberté, comme veuve, bien plus qu’auparavant, et je désire la prendre. Murphy m’a légué ce manoir et presque tout ce qu’il contient, et… il me semble que je le connaissais encore moins que je le pensais, mais suffisamment pour savoir qu’il ne décidait rien à la légère. » Très Serpentard de la part du O’Ryan, sans aucun doute. Aucun acte non prémédité, aucune décision infondée, irrationnelle. Sauf peut-être celle de se jeter corps, coeur et âme dans une mort certaine, suite au trépas brutal d’Ian. Et encore… elle se demande, parfois, dans ses nuits d’insomnie, celles où elle se réveille en sueurs et en pleurs, si tout ceci n’était pas voulu.

La Poufsouffle s’assit en tailleur sur sa chaise, son verre de thé glacé entre les mains. Quelques gorgées, pour soulager sa gorge irritée par la poussière, tandis que ses yeux sombres se posent sur la pièce vide. Les meubles sont dans le hall jusqu’au lendemain et ensuite, ils disparaîtront tout à fait. Elle aura des Gallions en échange, pour redécorer, arracher la tapisserie et faire rentrer plus de lumière… partout. Absolument partout. « C’est l’occasion de repartir à neuf, ne crois-tu pas ? Un espoir de lumière, dans sa vie. La mort de son époux est affreuse, mais inutile de se leurrer. Elle doit s’échapper de ce qu’elle a laissé l’emprisonner. Si tout avait été autrement... Je vais avoir besoin de toi au laboratoire. Pas de meubles, cette fois, mais quelques boîtes d’ingrédients et de matériel, et suffisamment de chaudrons pour avoir mon propre magasin. Ensuite, tu seras libre. » Il y a encore des documents qu’elle doit trier, entreposés entre des nids d’hyménoptères séchés et les toiles d’araignées, mais ça, elle s’en occupera seule.

Re: Ça déménage !

ce message a été posté Ven 3 Mai - 23:12

La grimace de Lux est équivoque, comme elle l’avait prédit, et ses explications en gomment à peine l’allure, alors qu’elle tente de lui expliquer les raisons de ce choix. Sally n’a pas besoin de son approbation, dans cette affaire. On parle tout de même de ses possessions, de sa vie ! De cette première réelle opportunité d’en faire ce qu’elle désire vraiment. « Donc je suppose que tu risques aussi se réclamer mes services pour de l’aménagement d’espace, peut-être de la tapisserie et des déplacements de meubles qui flatteront beaucoup moins mon ego que ceux-ci ? Un petit sourire d’une parfaite innocence étire ses lèvres. Elle n’a rien dit, rien sous-entendu, ô jamais ! Rien demandé clairement non plus. Tout est fait de sa propre initiative, qu’il le reconnaisse. Si tu te proposes comme volontaire, ma foi… j’accepte. Vous avez de la chance, Miss Yaxley, d’être une de ces personnes auxquelles je ne peux rien refuser. »
Qu’il la soutienne, qu’importe son choix, qu’importe qu’il soit en accord ou non avec celui-ci, est ce qui compte réellement, et Salomé en est bien heureuse.

« Tu es vraiment une esclavagiste. » Elle termine également son verre, regrette aussitôt la morsure piquante du gin froid, se console en enfournant une pointe de gâteau aux épices. Pour se donner de l’énergie, afin d’affronter cette dernière étape. Une fois que Lux sera parti, le travail ne sera pas terminé, pour elle. Elle a un délai à respecter, avec elle-même. Pour sa propre santé mentale. « Et pour ce qui est de la lapdance que tu as payée en avance, tu la préfères maintenant ou après, quand je serai encore plus couvert de sueur ? A moins que ce ne soit pour le laboratoire ? Après tout, qui suis-je pour discuter de fantasmes étranges ? Tu es ridicule », répond-elle sans balbutier, les joues empourprées. Il a parlé d’esclavagisme et son esprit s’est aussitôt dirigé (bien malgré elle et tous ses efforts pour oublier ce souvenir) vers la vision d’Ajay Shafiq, nu comme la main, couché à ses côtés. Vers son bas-ventre qui la tiraille, soudainement, sensation malaisante qui la fait tourner les talons et se diriger jusqu’au laboratoire de Murphy, qui occupe pratiquement l’intégralité du niveau inférieur du manoir, montrant la voie à Lux. Lui tournant le dos, afin qu’il ne voit pas tout à fait le trouble dans ses yeux, qu’il ne puisse rien y lire.

Si le reste du manoir est quelque peu démodé, le laboratoire, lui, est impeccable. La seule poussière imputable est celle relative à son abandon, depuis le décès de son maître, et même celle-ci est mince, comme si elle n’osait pas tout à fait se déposer sur les instruments, tables et chaudrons rangés à la perfection. Murphy était un potionniste chevronné, amoureux de son art. Il fait mal, à Salomé, de se départir de ce qui semble être la véritable âme de feu son époux, mais jamais elle n’aura usage de tout cela. « Tu es autorisée à utiliser ta baguette, ici, et à garder ton chandail. S’il vous plaît. Elle a eu suffisamment chaud pour aujourd’hui. Alors… ces boîtes-là, mouvement vers pas moins d’une vingtaine de caisses en bois, soigneusement triées et fermées, aux étiquettes calligraphiées par ses bons soins après des nuits d’identification des ingrédients et du matériel, et ces chaudrons-là. » Mouvement vers l’autre coin de la pièce, où une trentaine - au bas mot - de chaudrons sont rangés. Matériaux différents, tailles assorties, engravures diverses… Sally a certes une facilité en potions, et même un certain goût pour la chose, mais pas au point de se servir de trente chaudrons aux propriétés et avantages variés. « À mettre également dans le hall, j’ai des acheteurs intéressés. Pour les caisses d’ingrédients, il est préférable de ne pas utiliser de magie pour les déplacer. » Trop de risques de mélanges accidentels et hasardeux, au détour d’un accident magique.

Quelques sorts d’allègement leur facilitent tout de même la tâche et en un rien de temps, le Salamander et la Yaxley ont fini de tout déplacer. Son hall est plus encombré que jamais, mais ce n’est que temporaire, et le thé glacé bien alcoolisé qui vient récompenser les deux sorciers est une parfaite récompense. « Merci beaucoup d’être venu m’aider, Lux. »

Re: Ça déménage !

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