A dire vrai, en entrant dans la boutique Elizabeth ne fit pas attention à sa devanture, elle qui, habituellement, vérifiait la présence de l’affichette indiquant si oui ou non, le magasin était exclusivement réservé aux sang-purs. Une distraction à mettre en compte sur plusieurs points de cette journée passablement exécrable. Au Conseil, Ferrer n’avait eu de cesse de rabattre chacune de ses questions par une de ses habituelles piques infantilisantes ou condescendantes. Elle était tombée sur un article de Sorcière Hebdo signé d’un nom qu’elle aurait aimé ne jamais recroiser. On lui avait clairement fait comprendre que sa présence à ce nouveau jeu en vogue, le moldu’go, serait passablement bénéfique pour sa famille – à savoir donc qu’il lui fallait une tenue moins sobre et sombre que ce qu’elle portait habituellement. Et Félicia, l’ayant évidemment accompagnée dans ses promenades quotidiennes pour mieux porter ses sacs et répondre à chacune de ses demandes, demeurait en retrait, visage baissé sur mains croisées, insipide.
Une attitude à mettre en compte sur un « deuil » quelconque concernant la disparition de Byron – quoique son décès remonta à plus de deux ans désormais et qu’il était même surprenant que Félicia, dans sa stupidité torve d’esclave, puisse s’en souvenir et le regretter. En somme, ces pleurnicheries et son silence étaient des indices suffisants pour mieux comprendre sa relation avec le moldu sacrifié lors de l’événement qui lui coûta deux frères, mais peu désireuse d’en avoir le cœur net, et encore moins de s’en soucier, Elizabeth se refusait à lui poser ce genre d'interrogations superflues et malvenues. Ce qui lui importait prioritairement concernait seulement les apparences. Et celle de Félicia la décontenançait.
La tristesse ne l’épargnait pas, l’âge non plus maintenant que la femme approchait les – quoi ? – quarante, cinquante ans ? Félicia était ride, grise, terne et peu agréable à regarder. Des qualités qui, de manière assez récurrente, n’entraient pas en ligne de compte dans l’achat d’un moldu mais la jeunesse sang-pure aimait à se pavaner avec quelques beaux spécimens, un peu comme on choisissait un hibou – mais en moins respectables et moins intelligents bien sûr.
Et pour redonner à son nom toutes ses lettres de noblesse il lui fallait immanquablement faire des efforts, sur tous les plans.
Elle en était donc là, à se faufiler entre les rayonnages d’une énième boutique de prêt à porter tout en décidant de manière assez anecdotique du futur d’un être vivant quand la bousculade arriva.
Pourtant, Merlin sait qu’Elizabeth aurait pu largement l’éviter. En prenant garde à la devanture, bien évidemment. En levant les yeux de ses tracas pour remarquer la piètre qualité des tissus l’entourant. En s’évitant les labyrinthiques rayonnages de ce magasin. En faisant tout simplement attention à là où elle mettait les pieds, plutôt que de flâner comme une idiote, la tête pleine de pensées plutôt que de faits. Elle qui, pour tout avouer, n’aimait pas réellement les achats compulsifs et se contentait de suivre placidement les préjugés que l’on attendait de son sexe, de son âge comme de son rang.
Sous son nez, un costume d’homme. Contre son épaule, le bras d’un autre. Plus grand que son pauvre mètre 65, quoique les talons l’aidaient à tricher. Une vague odeur de musc un peu pauvre. Un battement de cils surpris. Elizabeth murmura « Oh, pardonnez-moi » par réflexe. Avant de lever ses yeux ciel sur le visage qui lui faisait face – garçonnet plus que viril, assez fin, plutôt passable.
Fronçant les sourcils, elle ne reconnut pas un membre d’une quelconque lignée sang-pure – Schmidt ? Blackburn ? Ou alors un Lancaster ? Et observa plus longuement le parfait inconnu, responsable selon elle, du léger incident.
« Bonjour. » Placarda-t-elle de sa voix ferme, sans une note de tendresse ni un sourire. Un basique ? Rang 4 ? Et le marchand, derrière son comptoir, parut rentrer la tête dans les épaules – gueule en biais, un peu gnome, quelques clients l’observant du coin de l’œil. Félicia, mise à la porte pour l'occasion, n'avait pas relevé la tête. Elle était seule. Elle était face à
Quoi ? Quelque chose lui échappait certainement. Elle ne venait quand même pas de percuter un –
Oh.
Selon les yeux
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Mar 18 Avr - 18:07
Matt attendit d'avoir tourné à deux coins de rues avant de ralentir le pas. Elle doutait que Mulciber l'ait suivie, ne serait-ce que sur 10 mètres, mais mieux valait être prudente. Loin du regard de son maître et de la pression qui allait avec, Mathilda relâcha les épaules et releva fièrement la tête. Elle n'avait pas l'intention de faire milles détours, principalement parce qu'il y avait trop de risques que quelqu'un ne la grille et rapporte tout au vieux schnock, mais elle pouvait au moins se permettre de marcher normalement ! Ce n'était pas tous les jours qu'elle avait l'opportunité d'être en ville sans Papy Svengali !
Les mains enfoncés dans les poches du veston qu'on la forçait à porter, elle longea le canal qui ramenait au quartier Auguror, où se trouvait la fameuse boutique de prêt-à-porter. Elle aurait sans doute pu prendre le bus réservé aux moldus mais outre le soleil éclatant qui narguait les travailleurs, le trajet n'en aurait probablement été que plus long : la plupart des sorciers accordaient leur repos à leurs domestiques en début de semaine quand ils étaient au travail, à leurs associations de coincés de cul, bref hors de leurs domiciles et qu'ils avaient le moins besoin d'eux. Le bus qui leur était réservé était alors pris d'assaut. Mulciber quant à lui s'entêtait à la libérer à des heures moins populaires, probablement pour la priver du plaisir de retrouver les Sans-pouvoirs dont elle était proche. Ha ! Si seulement il savait que la sociabilité n'avait jamais été sa grande qualité... en fait, il s'en doutait sûrement. Humph !
Haussant les épaules, elle retourna à la contemplation du canal étincelant jusqu'au moment où elle fut contraint de s'introduire dans les ruelles. Elle reconnut instantanément la devanture du Prêt-à-porter qui, s'il n'était pas réservé aux Sang-Purs, avait le mérite d'avoir un large choix de vêtements venant d'un peu partout dans le monde. Y compris pour les vieillards bedonnant. Elle poussa la porte du magasin et s'insinua entre les rayonnages pour accéder directement au comptoir et récupérer la commande de son maître. Du moins est-ce ainsi que cela aurait dû se passer sans l'imbécile qui jaillit d'on ne sait où ! Elle n'eut rien le temps de voir à vrai dire ; juste de percuter la demoiselle et de tendre instinctivement le bras pour lui éviter une chute, un choc, un bleu ou n'importe quel autre malheur dont on aurait pu l'accuser ultérieurement. Grâce à ses réflexes de combattantes, elle parvint à attraper l'épaule de la jeune femme d'une main. La scène s'immobilisa. Puis, elle analysa...
Elle avait donc la main posée sur l'épaule d'une personne qui était très certainement une sorcière, probablement de haut-rang au vu de sa tenue, et qu'elle avait faillit envoyer valdinguer dans une étagère. A moins que ce ne soit le contraire ? Merde, merde, merde ! Quelle con ! Elle et elle !
Matt retira sa main sans laisser transparaître le moindre sentiment. Heureusement qu'elle avait été bien entraînée à ça par le vieux schnock. En face, la jeune femme semblait être une petite chose douce et fragile, prête à s'excuser.
« Bonjour. »
Ou pas.... Sang-pur, définitivement sang-pur. Ou basique 4. Assez névrosée pour s'excuser puis pour péter plus haut que son gros cul en moins d'une minute. Conclusion : elle ferait mieux de s'écraser.
« Bonjour my Lady. C'est à moi de vous adresser mes plus humbles excuses pour cette maladresse. Si je vous ai causé le moindre tort ou le moindre mal je vous prie de croire que j'en suis sincèrement désolé. », récita-t-elle la tête baisse. « Puis-je faire amende de quelque manière que ce soit ? » ,
Elle avait bien sûr débité son laïus de la même voix grave et masculine qu'elle avait l'habitude d'utiliser à l'extérieur – pour ne pas dire qu'on la forçait à utiliser.... elle avait toutefois ajouté une bonne grosse couche d'humilité, histoire que le numéro du parfait moldu fonctionne et qu'on lui foute la paix !
Comme piquée sous le sein par la main invisible de son frère, Elizabeth se redressa, carrant les épaules, les muscles crispés et la mâchoire fermée, une attitude aussi défensive que possible, sa main effleurant le holster en cuir de sa baguette. Elle sentait encore sur son épaule la prise désagréable de cette main d’homme ayant cherché à la retenir et frissonna désagréablement, retenant le geste de s’épousseter comme pour un chasser la pestilence d’une affreuse maladie.
En plus d’être homme, l’autre était bien trop grand pour que ses nerfs demeurent de marbre et essayant de contrebalancer sa stature par sa simple présence, s’obligeant à ne pas trembler – cela aurait été l’humiliation suprême, Elizabeth se tint absolument immobile dans une attitude écœurée, les commissures affreusement plissées vers le bas, s’enlaidissant d’une œillade aussi déterminée qu’elle était brutale.
Si son coup d’œil avait pu le lapider sur place, nul doute que ce serviteur serait déjà entrain de hurler à terre mais l’attitude qu’il prit alors, révérencieuse et polie sans en faire trop, lui fit tiquer du sourcil une énième fois.
La comparaison avec Félicia se fit aussitôt dans sa cervelle déjà bien ébouillantée.
Là où la bonne femme se serait mise à geindre voire à tomber au sol de manière proprement dramatique, l’autre pliait simplement le buste et ne se confrontait pas à ses yeux bleus.
Un moldu dressé, comprenant sans peine où était sa place sans qu’on ait à le lui réexpliquer.
Presque aussitôt, son visage se détendit, se mouchant de quelques rides quand elle sourit, non pas tendre mais satisfaite de ces excuses.
« En signe de clémence, et puisque vous êtes bien éduqué, je ne demanderais aucune réparation. » Le pouvoir lui revenait, ils étaient en public et leur proximité n’était plus de l’ordre d’une odieuse promiscuité de contact. Il ne la menaçait pas – ou en tout cas, pas directement et malgré les échos douloureux des histoires racontées par Brett, il était bien trop jeune pour avoir connu autre chose que l’esclavage. Aucune raison de paniquer, aussi tâcha-t-elle de calmer les battements épars de son cœur – ce n’était pas à elle à se sentir en danger.
« Mais vous prêterez attention à ralentir votre pas quand vous entrez en boutique ou ce genre d’incident se reproduira et avec des sorciers bien moins à l’écoute que moi. » Fièrement consciente de son acte magnanime, Elizabeth opina du chef comme pour assentir à ses propres mots et refermant plus sèchement ses mains sur son petit sac en cuir, fit virevolter sa cape pour passer à sa droite. Se retrouvant aussitôt bloquée. Tenta sa gauche, pour se retrouver prise à défaut de même, dans un entrechat un peu stupide qui l’impatienta malheureusement d’avantage.
« Allons ! » S’exclama-t-elle avec humeur en évitant de se laisser empoigner de nouveau et mener cette drôle de danse ridicule dans les allées stupidement étroites de ce magasin. « N’avez-vous pas de maître à retrouver ? »
A son costume, à ses cheveux bien peignés comme à son ton, il était impossible que celui-ci n’appartienne pas à une bonne maison – détail tristement dommage. Dans sa manière d’être, il lui rappelait un peu Félix – en moins grand bien sûr et bien moins costaud. Le cracmol avait su se montrer digne du service qu’on exigeait de sa présence lorsqu’il travaillait encore pour la famille Carrow, et malgré son témoignage accablant envers Johan puis sa soudaine disparition, demeurait un manque certain au manoir.
Peut-être pourrait-elle récupérer celui-ci, au moins pour le service médicomagique de son père. Un moldu discret, bienveillant, strict et soumis leur serait bien plus utile que l’absence qui leur imposait à tous de surveiller la chambre close.
C’est suivant donc le fil de ses pensées, et proprement inconsciente des notions de « pause » « repos » « liberté » « propriété » incombant à ce moldu qu’Elizabeth leva sa main gantée pour le rappeler à son attention.
« Quel est le nom de votre propriétaire, à ce sujet ? » Il n’y avait qu’une identité qui lui importait et ce n’était certainement pas celle du moldu.
Selon les yeux
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Jeu 20 Avr - 19:40
« Je vous en suis très reconnaissant my Lady. »
Encore et toujours ce même discours prémâché, prédigéré. A se demander comment les sorciers pouvaient y croire. Les dragons étaient-ils reconnaissants quand on les enchaînait et les maltraitait dans des parcs zoologiques sorciers ? Non pas que la comparaison avec cette abominable créature lui plaise vraiment mais c'était la première qui lui était venue à l'esprit. Et sans doute la plus parlante. La seule différence était que les humains avaient la capacité de dissimuler leurs émotions. Comme elle le faisait actuellement avec brio.
La tête toujours baissée, elle répondit un « Oui my Lady » complaisant à sa dernière recommandation avant de s'écarter sur la gauche pour laisser passer la sorcière. Manque de bol : elle avait choisit le même côté. Matt se décala alors sur la droite et se trouva à nouveau en face de la brune. Doux Jésus ! Elle commençait à être persuadée que la collision était autant de sa faute que celle de cette gourde maladroite. Voir uniquement de la faute de cette gourde. Elle avait beau avoir été dans ses pensées, elle avait une bonne oreille interne et de très bons réflexes. En toute modestie bien sûr. Elle, en revanche, semblait être infiniment moins vive de corps et d'esprit. En toute méchanceté, bien sûr.
Mathilda finit donc par se plaquer contre le rayonnage pour lui laisser le champs libre, serrant les lèvres et les dents pour retenir le sourire moqueur et méprisant qui menaçait de la trahir. Heureusement, la pensée du sort qu'on lui réserverait était d'une très grande aide dans le maintien de son sérieux.
« Dès que j'aurais remplis la mission qu'il m'a confiée, my Lady. »
Et pour laquelle elle allait être à la bourre à cause de ces conneries. Un dernier signe de tête respectueux plus tard, elle s'éloigna rapidement en direction du comptoir... mais n'eut pas le temps de l'atteindre. Et MERDE ! Est-ce que ses lèvres avaient frémis ? Son regard trahit son mépris ? Si la sorcière émettait la moindre plainte à son encontre auprès du vieux elle pouvait dire adieu à ses prochaines heures de repos. Et bonjour à un châtiment inoubliable. Alors quoi ? Mentir ? Trop risqué.... Non, en réalité elle n'avait qu'un seul espoir : celui que le nom de jeune fille de la première dame anglaise inspire crainte ou respect à la sorcière maladroite.
Cette fois-ci, c'est la tête levée et le regard planté dans le sien qu'elle avoua :
« Il s'agit de Mulciber, my Lady. Wilfric Mulciber. »
Sainte-Marie mère de Dieu qui veillez sur nous pauvres pêcheurs, pitié portez-moi secours ! , supplia Matt sans lâcher la jeune femme des yeux.
« Dois-je lui demander de venir ? »
Peut-être qu'avec un peu de chance elle connaissait sa réputation de vieillard intraitable et choisirait de la laisser tranquille ? A moins qu'au contraire elle n'y trouve une raison supplémentaire pour l'emmerder. Il était impossible de prédire quoique ce soit avec les sorciers et leurs jeux de manipulations à la con.
Dissimuler ses émotions était pourtant l’un de ses rares talents, habituellement. Etre une tige droite et sèche, implacable et silencieuse, aussi serviable que bien élevée. Cacher la moindre parcelle de personnalité aux dépends du profit de la société, de l’image qu’elle devait renvoyer : celle d’une bonne sang-pure, d’une excellente sorcière, de quelqu’un de stable. De parfaitement équilibré, comme un chaudron sur ses patins, comme une baguette dans son écrin, comme un balai attendant le geste de son cavalier.
Digne, rigide, immuable, imperturbable. A Poudlard il n’y avait guère eu que Sofia, pour la sortir de ses gonds, pour gratter chaque parcelle de vernis pour en dénuder chaque ride d’expression. Ou Abel, et sa musique - oh Abel...
En famille ce loisir revenait à Johan. Mais aujourd’hui elle était seule. Elle n’avait pas à craindre de perdre – la tête – la face. Et là la tourmentait sa plus détestable faiblesse : le fait de ne jamais pouvoir se contenir, quand elle était prise par surprise.
Wilfric Mulciber avait toujours eu le talent de la mordre au moment où elle s’y attendait le moins.
Et l’écho de ce nom, dans cette boutique d’apparence miteuse peu à peu désertée par une clientèle peu à-même de gérer ce genre de tensions, résonna comme le sifflement de quelques serpents pernicieux.
Le choc nerveux, au regard de chacun, fut parfaitement saisissable dans l’éclat soudain glacé des yeux d’Elizabeth. Une incartade, un « o » sans bruit, formé par ses lèvres peintes. Un mouvement brusque de repli, puis de violence, aussi instinctif qu’ignoble au vu des circonstances. Sa main se fit serre, pour mieux le frapper à la gorge – ce moldu là – tenter de l’étrangler d’une force si soudaine qu’elle transformait ses muscles en métal sous ressort, sous tension. Une empoignade qui dura à peine quelques secondes, juste le temps de reprendre ce contact, d’en sursauter et de reculer à nouveau d’un pas en extirpant sa baguette.
D’un geste presque élégant.
« La plaisanterie fut-elle à votre goût ? J’imagine qu’obéir aux ordres de votre maître, malgré votre somptueuse révérence, a été du plus affriolant pour un esprit aussi étriqué, basique et piteux que le vôtre. »
Wilfric Mulciber ou l’art du très bon goût. Des missives en menaces dissimulées en doléances. Des regards appuyés, des sourires aussi hypocrites que la sale trogne à tarter de son serviteur en costume. De ses compliments comme de ses misérables coups de pression pour qu’on le paye pour son silence. Wilfric Mulciber, ou la dignité en pisse, impardonnable comportement pour un membre de l’élite qui en profitait soigneusement. Frère d’une idole, d’une figure même pour leur gouvernement. Beau-frère de l’un des sorciers les plus méritants et les plus respectables en ce monde après le Lord lui-même.
Wilfric Mulciber qui, par jeu ou par simple ennui, c’était donc donné le goût de la faire suivre en pleine après-midi pour se rappeler à son esprit et ne pas lui laisser une seule seconde de répit dans son quotidien déjà implacable.
Le sortilège lui brûla la gorge mais à défaut de la colère, saine et troublante colère la rendant presque à bout de souffle, ce fut la méfiance qui se distilla à ses pensées, lui faisant froncer les sourcils, piquer la moue, et lui indiquer d’un coup de baguette de rejoindre le plus proche rayon tranquille, loin de la devanture.
« Auriez vous quelque chose à redire à cela ? » Questionna-t-elle le gérant derrière son comptoir, sans véritablement attendre de réponse. Et de manière intelligente, ce dernier se contenta de baisser les yeux, de saluer les derniers clients qui s’empressèrent vers la sortie.
Nul besoin de fermer pour qu’ils soient en paix, désormais. Nul besoin d’appeler la milice – qui viendrait défendre le cuir d’un sale moldu face à une Carrow ?
« Assis. » Claqua-t-elle fermement après un regard sur l’un des tabourets présents près des cabines d’essayage.
Tant pis si cela nourrissait les jargons sur l’instabilité de sa famille – et tant pis, oui tant pis ! Si Ferrer venait à lui sonner les cloches.
« Vous repartirez d’ici sans ennuis, voilà la promesse que je peux faire à votre semblant d’éducation, mais avant cela je veux connaitre le message de votre maître. Qu’attend-t-il encore de moi ? »
Selon les yeux
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Jeu 4 Mai - 23:29
Elle aurait pu crever. Comme tous ces enfants qui avaient eu froid, faim, peur et qui étaient morts, abandonnés par leurs parents et le reste du monde. Elle aurait pu être envoyée aux mines, aux champs, dans une ferme ou dans une autre famille. Et quand bien même tout se serait déroulé à l'identique, elle aurait pu ne pas être rachetée par Wilfric Mulciber. N'importe qui d'autre aurait fait l'affaire, même une sadique qui l'aurait fouettée tous les jours. Au moins elle aurait su à quoi s'attendre en se levant tous les matins. Mais non ! Non ! Il avait fallut qu'elle soit achetée par une famille de demeurés assez atteints du cerveau pour l'inscrire en tant qu'homme dans des combats illégaux et surtout, surtout, que Wilfric Mulciber la remarque ! Mais merde ! Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire à Dieu pour mériter de servir un vieux con qui en plus d'être totalement imprévisible était un aimant à merde ? Hein ?!
L'agression n'avait heureusement duré qu'une poignée de seconde. A peine le temps pour Matt de se demander ce qui lui arrivait et de lever le poing, avant de brusquement retrouver la raison et de le rabattre contre le rayon derrière elle. Bordel de merde !! Ses réflexes auraient pu lui coûter la vie ! Un geste, un signe, un seul soupçon de violence contre un sorcier et on la condamnerait à mort. Heureusement que la folle n'avait pas compris ! Matt supposa qu'elle avait prit son geste pour un simple mouvement de recul sous l'effet de la peur.... ou quelque chose dans ce goût là. Elle remercia silencieusement la Sainte-Vierge de l'avoir ramenée à la raison avant de commettre l'irréparable et serra le poing sur lequel apparaissait maintenant la preuve sanguinolente de sa rencontre avec le rayon. Dans d'autres circonstances, elle aurait peut-être ressentit une pointe de douleur mais pas là.
Les yeux fixés sur la sorcière, elle se concentra sur chacune de ses paroles dans l'espoir d'y donner un peu de sens. Qu'est-ce que l'enfoiré qui lui servait de maître avait bien pu foutre cette fois-ci ? Il y avait forcément des menaces en jeu, au vu de sa réaction, mais à quel sujet ? Et surtout qu'est-ce qu'elle était censé lui répondre putain ?!
Malgré sa détermination à garder les yeux rivés sur ceux de son adversaire - exactement comme Tadhg le lui avait apprit - Matt sentit son regard glisser sur l'arme pointée sur elle.
« Vous repartirez d’ici sans ennuis, voilà la promesse que je peux faire à votre semblant d’éducation... »
Mais oui, bien sûûûûr ! Et les petits sorciers naissaient avec une auréole au-dessus de la tête tiens ! Elle la croyait vraiment assez con pour y croire ? Oui, évidemment.... ils prenaient tous les Sans Magie pour des imbéciles. Et finalement c'était peut-être sa meilleure chance de s'en sortir. Son silence s'éternisait et elle allait devoir opter pour une tactique à l'aveugle rapidement. Sans offusquer l'hystérique enragée, sans mettre son maître dans une situation embarrassante et sans avoir l'air de mentir. Connards de sorciers.
« Je .... je ne comprends pas. » balbutia-t-elle d'une voix sotte. « Il.... il m'a juste dit de.... de venir chercher sa commande. »
Si les années d'expérience lui avaient appris à maîtriser ses émotions, elle se força cette fois-ci à trembler de tous ses membres. Montrer sa peur donnait souvent aux sorciers une impression de puissance qui suffisaient à les radoucir. Dans la plupart des cas.... évidemment si la personne en face était une dégénérée sadique cela pouvait avoir l'effet inverse mais au point où elle en était, Matt se devait de tout tenter pour éviter le pire.
« Il ne m'a laissé auc... aucun message, je vous en donne ma parole. Je ne sais rien mais je peux.... je peux lui transmettre un message ou aller le chercher. »
Elle doutait franchement qu'elle la laisse partir aussi facilement mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien proposer d'autre ? Inventer un message pour son maître lui coûterait bien plus qu'un maléfice et elle priait pour ne pas avoir à le faire. Pour ne pas avoir à sauver sa vie.
Voir un moldu crever de peur face à elle ne lui procurait aucun plaisir transcendant et c'est avec une certaine platitude qu'Elizabeth écouta les explications bredouillées de cet inconnu. De ce misérable. De ce moins que rien qui, avec son costume impeccable, semblait prétendre à plus que sa condition :
« C'est lui qui vous habille ainsi ? » Demanda-t-elle d'un ton nonchalant sans réellement écouter la réponse si tant est le moldu lui répondait.
« La prétention de Wilfric Mulciber n'a d'égale que la réputation de son nom de famille. Je sais qu'il est dangereux de s'attaquer à ce sorcier et je ne suis pas assez stupide pour le faire en plein centre-ville alors cessez de vous agiter aussi sottement. C'est ridicule. Vous êtes ridicule. »
Avait-elle tremblé elle, sous la baguette de Brett ? S'était-elle affaiblie sous ses menaces ?
Évidemment.
Elle avait même exagéré chacune de ses réactions pour le plaisir sordide de son aîné. Et voir le moldu réagir avec autant de terreur la mettait effroyablement mal à l'aise. Comme de constater un reflet, une tâche de vin à l'endroit le plus incongru de son corps, lui renvoyant non pas son propre visage en lieu et place de celui de l'esclave mais bien celui de Brett en masque sur sa trogne de jouvencelle bien formée.
Pas difficile de penser que son frère ainé aurait été extatique d'établir un tel rapport de force de manière aussi gratuite et surprenante. Pas difficile d'imaginer son rire de gorge profond, cette hilarité proprement malaisante qui lui mettait le noeud au coeur et au ventre, cherchant un coin de la pièce pour fuir son attention.
Et ce malaise, causé par ce maudit moldu, vint renforcer cette frayeur toute naturelle qu'Elizabeth avait envers ceux de son espèce.
Dans sa tête de noix persistait l'impression des paroles de Brett : une immense lumière comme un Lumos lancé par la main d'un mage éternel. Assapor.
Ils détraquaient la magie mais s'aplatissaient aussi facilement ? Cela ne pouvait être qu’une ruse – les moldus étaient foncièrement mauvais, détraqués. Ils pourrissaient le monde, ils le déconstruisaient avec acharnement, le morcelaient de leur salive gangrenée, ils puaient et salissaient et insultaient le monde de leur propre existence. Il n’y avait que dressés qu’ils constituaient un socle solide de serviteurs affables et craintifs mais pour combien de temps ?
Hélas, les elfes coûtaient chers et la main d’œuvre moldue demeurait efficace.
Il leur fallait donc faire cet effort. Et c’est de cet effort qu’elle se rengorgea, comme piquée par l’idée ultime de la négociation. Ce moldu persistait dans son excuse ? Soit, il n’avait qu’à lui en faire la démonstration.
« Prouvez donc vos paroles. Je n'ai aucune envie de croiser votre maitre et je n'ai aucune envie de lui confier un quelconque message. Je connais ma place. Vous rapporterez ces faits et vous répéterez seulement ceci. »
Mais son sourire se fit plus froid.
« Allez donc chercher la commande de votre maître. »
Selon les yeux
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Lun 12 Juin - 17:37
« Oui. », c'était lui qui l'habillait comme ça. Mathilda aurait aussi pu lui expliquer que son maître considérait qu'elle représentait le standard Mulciber et que, par conséquent, elle devait soigner son apparence et être digne de sa famille sorcière en toutes circonstances mais elle n'était pas sûre que ça intéresse franchement la sorcière. Sauf peut-être pour abîmer son veston et provoquer par extension le vieux schnock ? Sur ce point au moins elle fut rapidement rassurée ; non, son interlocutrice n'était pas assez folle pour s'en prendre à Wilfric Mulciber en plein centre ville. A la tournure de sa phrase, Matt comprit surtout que ça n'excluait pas de le défier dans une ruelle sombre ou dans son vieux manoir mais là, c'était plus son problème ! Pourvu qu'on la laisse en dehors de tout ça et qu'on lui foute la paix.
Matt ne broncha pas à l'accusation de la sorcière. Oui elle était ridicule. La faute à qui ?! C'était cette société qui lui avait apprit à pleurnicher pour survivre et elle n'avait ni honte, ni remord. Sa fierté elle la puisait dans ses actions pour la NI et sa consolation serait le jour où elle lui collerait une jolie balle en plomb entre les deux yeux. Quel doux plaisir elle y prendrait... En attendant, elle continuerait à se taire, à baisser la tête et à chouiner si c'était nécessaire. Et ça l'était. La preuve : sa méthode fonctionnait.
« Oui my Lady. Je lui rapporterai ces faits et uniquement ces faits. », répéta-t-elle docilement.
Voilà, retour à la case départ, au rôle de bon domestique soumis et obéissant. Matt baissa la tête puis lui offrit un nouveau « Oui my Lady. » excessivement doucereux avant de se diriger vers le comptoir.
A vrai dire, elle n'arrivait pas encore complètement à croire que la sorcière la laissait repartir aussi facilement avec sa commande sous le bras. D'un côté elle avait l'air lunatique, violente et assez remontée contre son maître. De l'autre, elle était quand même assez lucide pour ne rien intenter contre un représentant du vieux croulant qui lui servait de propriétaire. Pas siiii folle donc.
Matt toussota et tendit le parchemin au gérant qui avait eu le bon goût de se faire tout petit derrière son comptoir pendant leur échange musclé.
« Je viens chercher la commande spéciale de Sir Wilfric Mulciber. », précisa-t-elle inutilement.
Sa main blessée orna le comptoir d'une petite tâche écarlate qui fit froncer les sourcils au gérant. Sainte Marie mère de Dieu ! Elle se força à s'excuser platement et essuya la souillure avec sa manche. D'ailleurs, maintenant qu'elle y pensait, elle n'avait pas intérêt à en laisser une goutte sur les vêtements de son maître. Tandis que le propriétaire du magasin allait fouiner en arrière boutique, elle tira sur la manche de sa chemise et l'enroula autour de l'entaille. Quelques mailles du tissu virèrent au rouge, un détail que Mulciber ne manquerait sûrement pas de remarquer, mais tout valait mieux que de tâcher son nouveau costume. Sentant le regard de la sorcière sur son dos, Matt se retourna et croisa son regard. Quelques secondes gênantes de silence s'écoulèrent, Mathilda ne réussissant ni à trouver quelque chose d'intelligent à dire ni à détourner les yeux, puis le propriétaire vint y mettre un terme.
« Merci monsieur. Par contre, il manque le veston », protesta-t-elle en inspectant le contenu du sac en velours. Une mauvaise surprise lui avait apprit à vérifier toutes les commandes par correspondance. Sérieusement, avec toute leur magie et leurs sortilèges, ils n'étaient même pas fichus de faire leur travail correctement ! C'étaient à se demander comment ils avaient réussit leur coup... Cela dit, elle n'avait aucune envie de s'attarder encore ici. Elle jeta un coup d'oeil nerveux à la sorcière derrière elle puis rétorqua rapidement au commerçant :
« Je passerai le récupérer plus tard. » Genre après s'être pris un ou deux sorts cuisants pour n'avoir pas tout ramené. Elle prit soin d'attraper le sac de sa main intacte puis osa recroiser le regard d'Elisabeth Carrow.
« Puis-je me retirer ? My Lady. »
Ou est-ce qu'elle avait encore l'intention de lui faire payer l'identité du vieux fou qui l'avait rachetée ?
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Dim 16 Juil - 18:15
L’obéissance, toujours. L’affabilité tranquille d’un innocent, voilà le théâtre que ce moldu lui offrait et, presque sensible à sa voix appliquée à paraître serviable, Elizabeth suivit des yeux la carrure droite et sèche de cette grande tige implacable en costume cintré. En le voyant s’approcher du comptoir, et en témoignant ainsi de la fiabilité de ses propos, elle pinça les lèvres, presque agacée de cette preuve qu’elle lui avait pourtant demandé d’apporter. Sa main vint caresser l’étui de sa baguette machinalement et rejetant un soupir désavoué, elle attendit son tour presque patiemment, cillant pour observer le vendeur qui s’effaça au profit de sa quête, les laissant seuls un court instant. Leurs regards se croisèrent et dans ce fourmillement un étrange, Elizabeth haussa un sourcil, comme pour le défier de toute réflexion, un rien de panique dans le regard.
Puis l’instant se brisa comme une bulle de savon et le sorcier revint, portant entre ses mains un colis que le moldu s’empressa de vérifier, constatant avec déception l’absence de l’un des vêtements. Le sourire d’Elizabeth vint fleurir ses commissures à l’idée même que Wulfric Mulciber puisse s’en retrouver contrarié – rien ne valait mieux que de savoir son antipathique ennemi aussi froissé qu’un drap abandonné au pied du lit, à ne pas être contenté à l’instant même où il le demandait.
Ce jeune homme devait être un bon acteur pour supporter les caprices de son maître, songea-t-elle, presque inconsciente de son élan d’empathie à l’égard de cette créature dépourvue de magie – pauvre âme. Matt revint vers elle, et carrant les épaules, Elizabeth pencha la tête de côté, constatant simplement d’une voix lasse :
« Soit, vous n’avez pas menti. » Sa présence en ces lieux n’était due qu’au hasard, impossible que Mulciber, même dans sa grande intelligence, ait pu calculer les choses aussi loin la concernant. Ses iris s’abaissèrent pourtant à un détail abject dans le maintien pourtant impeccable du serviteur.
« Vous saignez. » Ce fut presque si elle manqua de faire un pas en arrière, pour éviter tout contact avec cette pandémie. Il était peut-être contagieux, ce moldu. Et pas seulement de non-magie.
Le fermoir de l’étui claqua et d’un geste sec, habituée aux multiples écorchures de ses jeunes frères intrépides comme des chutes de son père lors de ses crises, elle lança un premier sortilège, effaçant le sang de la chemise, le second cicatrisant les blessures pour les empêcher de saigner. Ce n’était certes pas un travail de médicomage mais elle ne disposait pas, à cet instant, de potion ou de pommade pouvant retirer toute trace de ses écorchures.
« Voilà. » Lança-t-elle, sans engouement, presque inexpressive. « Vous aurez bien assez à faire avec sa déception pour ne pas rajouter autre chose, de toute façon… » A la formulation, on aurait pu croire que là s’était trouvée son idée première.
« Je vais vous accompagner, un rien de chemin. A vous voir aussi appliqué, je fourmille de questions. Oh je sais que vous ne trahirez pas la fidélité de votre maître, et je n’attends pas de vous des cancans qui signeraient votre arrêt de mort autant qu’une profonde déception de ma part à votre égard. Il se pourrait même que votre langue affûtée ait été ensorcelée pour mieux lui convenir mais tant pis… »
La porte s’ouvrit sur ses pas et sans prendre le temps de saluer le vendeur inutile derrière son comptoir, Elizabeth retrouva l’air frais du dehors avec un rien de délice. Se faisant aussitôt suivre par la pénible présence de Félicia, toujours placée, tête baissée, près de la porte de la boutique. A aucun instant la domestique ne se permit de regarder Matt, d’échanger avec lui un regard suppliant ou un simple signe distinctif de salue voire de respect. Puisque la demoiselle discutait avec ce moldu, alors à cet instant ce moldu valait mieux qu’elle, ainsi était la règle.
Une règle instaurée par le père d’Elizabeth lui-même mais du haut de 22 ans, c’était à peine si la jeune sorcière pouvait concevoir autre chose qu’un simple naturel, allant de bon sens, de la part de celle qu’elle avait connu enfant.
« Mais tout de même, il se pourrait bien que je vous plaigne de servir ce vieux malin… » Ses talons claquèrent sur les pavés de la ruelle et d’un geste presque gracieux, elle se redressa à peine, tournant la tête pour le regarder tout en avançant. Il était bien plus grand qu’elle – autre détail détestable.
« Depuis combien de temps êtes-vous au service de monsieur Mulciber ? Pour combien de famille avant lui avez-vous travaillé ? Et si la possibilité de le quitter vous était possible… le regretteriez-vous ? »
Nul doute que Matt réfléchirait à cent fois avant de répondre à la dernière question.
L’ÉQUIPE DE FILET DU DIABLE
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Mer 19 Juil - 16:43
Effectivement, elle saignait. Est-ce que c'était le moment où elle lui rappelait avec un grand sourire cynique que c'était plus ou moins sa faute ? L'idée aurait été tentante si elle n'avait pas été pas accompagnée de perspectives moins réjouissantes..... du genre maléfices cuisants et autres sorts déplaisants dont les sorciers gratifiaient les moldus un peu trop présomptueux.
Elle demeura donc silencieuse et impassible. Du moins jusqu'à ce l'autre folle attrape sa baguette. Matt eu un mouvement de recul incontrôlé, craignant... quoi exactement ? Elle-même ne le savait pas mais tout semblait possible avec cette magicienne lunatique. Enfin, tout sauf ça. Pas une seconde Mathilda ne s'imagina qu'elle avait l'intention de la soigner. Ce qui, en toute honnêteté, était presque pire que le reste. Elle supportait déjà très mal les soins prodigués par les Phénix après leurs attaques conjointes alors ceux d'une sorcière lambda.... Entre l'idée d'avoir un corps altéré par la magie et celle d'être "guérie" par un serviteur de Satan, elle en avait presque la nausée. Et cette fois, aucun masque ne serait assez efficace pour dissimuler complètement sa répulsion.
Tout ce qu'elle put faire, c'était rester immobile en serrant les dents à s'en faire mal à la mâchoire. Les yeux fixés loin derrière la sorcière dont elle ne voulait pas croiser le regard.
« Merci. » se força-t-elle à prononcer d'une voix grave lorsqu'elle eut enfin terminé.
Parce que c'était ce qu'on attendait d'elle mais certainement pas parce qu'elle le pensait. Surtout que la magicienne avait déjà prouvé à plusieurs reprises qu'elle s'inquiétait plus de ne pas laisser de traces sur le domestique de son ennemi que de son état de santé. Et quand bien même elle aurait le moindre remords, Mathilda n'en avait rien à foutre ! Plus vite elle se débarrasserait d'elle, mieux elle se porterait.
Elle se contenterait donc de répondre à ses questions et.... et en fait non. Non, non, non ! Hors de question ! Et pas parce qu'elle était soumise à un putain d'enchantement de langue ! .... même si elle savait que Wilfric l'avait pratiqué sur les premiers moldus qu'il avait achetés. Heureusement, la docilité des esclaves et la sénilité aidant, il avait finit par se contenter d'une "formation" pour leur apprendre à répondre aux étrangers. Elle était donc parfaitement apte à répliquer qu'elle pouvait fourrer ses questions très profondément dans son gros cul, si l'envie lui en prenait. Mais la sorcière avait éveillée sa propre curiosité : était-elle vraiment une espèce de folle assez timbrée pour croire qu'elle lui répondrait ou bien.... ou bien était-elle en réalité une sympathisante de la cause moldue qui essayait de l'aider ? Parce qu'entre ça et son sortilège de guérison un peu plus tôt, il y avait de quoi se poser la question. On pouvait parfaitement être Phénix et névrosé. Surtout quand on était un ennemi de Mulciber. Dans le doute, elle allait devoir peser chaque mot....
« Je travaille pour lui depuis aussi longtemps qu'il l'affirme. » répondit-elle prudemment en s'autorisant un sourire poli et un regard malicieux.
Elle ne répondit pas à la seconde question, estimant que son sous-entendu était déjà beaucoup trop évident. " Vous n'avez pas de passé. " ; c'était la règle numéro un lorsqu'on entrait au service de Wilfric Mulciber. Jamais ils ne devaient faire mention de leurs précédentes vies ou familles. Quant à sa dernière question.... Le sourire de Matt disparut au moment où elle se résolut à jouer au jeu dangereux des devinettes :
« Je n'ai pas la possibilité de répondre à votre dernière question. C'est que, je vous demande pardon mais, j'ai du mal à concevoir dans quelles circonstances je pourrais être amené à le quitter. »
A part sa mort cela allait sans dire mais elle ne prendrait pas le risque de pousser jusqu'à là. Elle préférait laisser la sorcière exprimer les pensées qui se cachaient derrière toutes ces interrogations. Et s'il s'agissait bien de la racheter, elle n'était même pas sûre que l'idée lui plaise vraiment...
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Dim 30 Juil - 13:23
Comme il avait eu l’air crispé, de se faire soigner par une sorcière. Comme il avait eu l’air d’avoir – peur, oui, bel et bien peur d’elle, songeait Elizabeth tout en continuant d’avancée, appréciant cette émotion qu’elle avait cru distinguer chez le moldu comme un zeste de cocktail subtilement dosé. La peur, chez cet être inférieur, était bien la seule chose qu’elle souhaitait lui évoquer – cela et le respect, bien évidemment. Et Matt, tout en répondant, droit et toujours digne, presque trop même, la satisfaisait grandement.
Cela sans compter la lueur malicieuse dans son regard quand l’esclave se fit un plaisir de jouer aux entrechats par le biais de ses formulations. Rien de son avant, rien de son futur, l’esclave était ainsi enclavé dans un présent sans failles, soumis à plus forte pression. Si Mulciber avait réussi à ce point à l’entraver elle, sorcière sang-pure, membre honorable de leur société, qu’en était-il au secret de son manoir, dans l’obscurité des portes à demi-closes, quand ces deux-là étaient en tête à tête. Wilfric le torturait-il ? Lui susurrait-il longuement des phrases abjectes et délicieuses sur son statut. Le rabaissait-il à lui faire gémir des suppliques de pitié ou pire encore, le dédaignait-il avec la même absence de considération que certains daignaient donner aux fantômes comme aux vieux souvenirs détestables ?
C’était presque à contempler, pour le sport. Pour la leçon, mais Wilfric n’était du genre à être le mentor que qui que ce soit. Le vieux fou était un égoïste, un être vicieux et mauvais, entièrement tourné vers lui-même. D’une certaine manière, il était l’évolution suprême de Brett. Ne lui manquait que les femmes, pour l’entourer.
« La mort, Matt. La mort, car nous mourrons tous. Même les sorciers. Oh, à la fin d’une très longue existence et il est même certain qu’il vous enterrera avec succès. Je ne suis pas certaine que Wilfric Mulciber soit très porté sur l’argent – après tout, il n’en manque pas – alors vous racheter est une possibilité réellement… peu probable. »
Du coin de l’œil elle guetta sa réaction. Puis avisant un énième soupir de Félicia, pinça les lèvres, chagrinée de ce comportement troublant sa propre fête, lui faisant tourner la tête sur les vitrines environnantes. Les contemplant, eux-deux, elle dans sa robe noire et lui toujours parfait dans sa servitude, avançant de même. D’un pas, d’un rien, elle le distança. Et souffla sur cette poussière imaginaire.
« Je vous aurais bien pris à mon service, mais je n’aurais pas les moyens. Et au fond, il est même plus pratique que vous demeuriez à son service. Le satisfaire le rendra peut-être même plus aimable mais… » Elle cilla jusqu’au paquet. « Pas aujourd’hui, n’est ce pas Matt ? »
Un autre sourire.
« Vous n’avez pas répondu à mon avant-dernière question. Les cancans. Les murmures entre les couloirs. Les mots que l’on se donne, que l’on prend, les missives que l’on reçoit… Mulciber est j’imagine, un sorcier fort occupé ? Et vous ne devez pas être au courant de grand-chose dans votre état mais dites-moi, en ce moment, se tracasse-t-il pour quelque chose ? Par pure curiosité. Je n’aimerais pas croiser sa route s’il est mal luné… comprenez-vous ? La baguette d’un sorcier doit être bien à sa place dans son étui et ne pas chavirer, comme dit l’adage. »
Mais dans la tête du vieux crapaud, un million de frelons tournaient sans fin dans le but de piquer. Là était le seul but à l’existence de Wilfric Mulciber. Et il était vain d’espérer un peu de paix.
L’ÉQUIPE DE FILET DU DIABLE
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Dim 27 Aoû - 19:45
Sérieusement, qu'est-ce qu'elle avait cru ? Que la sorcière allait soudain lui avouer qu'elle avait eu un gros coup de coeur pour elle et qu'elle souhaitait la racheter à n'importe quel prix ? Ou bien qu'elle allait l'entraîner dans une ruelle sombre pour lui révéler qu'elle était en réalité une Phénix passionnée de moldus qui était là pour l'aider ? Et pourquoi pas lui offrir une chambre dans son manoir aussi pendant qu'elle y était ? Quelle con ! Furieuse contre elle-même, Matt pinça les lèvres et rentra les épaules.
Décidément, ces moments de libertés illusoires ne lui faisaient aucun bien. Au contraire elle devenait trop confiante, presque présomptueuse. Et complètement idiote. Comment avait-elle pu espérer une seule seconde qu'une sorcière qui l'avait agressée en entendant le nom de son maître veuille négocier avec ce même sorcier qu'elle haïssait pour la prendre à son service ? Elle n'était rien et n'avait aucune valeur particulière. Du moins pas pour Miss Carrow qui n'avait aucune idée de son véritable genre ou de ses capacités au combat... qui n'auraient d'intérêt que si elle fréquentait le Boutefeu Chinois.
Mais le pire dans tout ça, c'était justement cette pointe de déception qui lui picotait le coeur. Et qui n'avait aucune raison d'être. Car si elle n'était rien pour Elisabeth, le contraire était tout aussi vrai. A part un nom de famille et la réputation qui y était associée, elle ne savait rien de cette folle qui l'avait attrapée par le cou avant de devenir soudain si aimable. Peut-être qu'au contraire c'était une chance qu'elle n'ait pas souhaité l'adopter ? Même s'il était plus probable que cela ne change rien... Entre folie ou cruauté, les sorciers demeuraient dans tous les cas des tortionnaires.
Elle se força donc à relever la tête et à ravaler - au sens propre - son amertume. Plus pratique hein.... plus pratique pour qui ? Pour elle qui saurait désormais reconnaître le serviteur de son ennemi à distance et agir en conséquence ? Quant à le rendre plus aimable... c'était à se demander si elle le connaissait vraiment. Ou si elle se foutait de sa gueule. Probablement la deuxième option. Connasse.
« Non My Lady mais j'en prendrai la responsabilité. »
Puisqu'après tout c'était elle qui n'avait pas voulu attendre. En fait, tout ce dont elle avait envie à présent c'était rentrer au manoir et oublier cette rencontre aussi désagréable que bizarre. Mais la sorcière ne semblait pas en avoir terminé et, malgré toutes les précédentes péripéties, Matt s'oublia lorsqu'elle entendit ses dernières questions. La bouche légèrement entrouverte, elle la dévisagea avant de se reprendre et de baisser les yeux, se mordant les joues pour ne pas laisser ses lèvres trahir ses pensées. Elle avait très envie de lui rire au nez. De lui demander si elle avait vraiment cru qu'elle pourrait la convaincre aussi facilement de trahir son maître sans le moindre profit ou garantie. Et en la menaçant en plus ! L'allusion à la baguette ne pouvait être qu'un avertissement. C'était ridicule ! Mais cette fois-ci, elle ne pouvait plus se dérober.
« Une seule. » finit par avouer Matt. Après tout, Miss Carrow pouvait très bien avoir connu sa précédente famille ou trouvé cette information dans un registre. Ce n'était pas une information classifiée. Et soudain, l'inspiration la saisit : « Je m'occupais des fil... » Elle se ressaisit de justesse : «... fils de la famille que je servais, m'occupant de leurs tenues et de toutes les commissions dont on me chargeait. Je suis au regret de devoir vous donner raison my Lady : je ne suis qu'un coursier et je ne suis au courant de rien dans mon état. »
Elle avait déballé tout son argumentaire en continuant de fixer ses pieds. Comme le moldu obéissant, stupide et inutile qu'elle était.
« Puis-je me retirer s'il vous plaît ? »
Invité
Invité
Re: Ad oculos [PV Mathilda]
ce message a été posté Dim 27 Aoû - 20:22
« Non My Lady mais j'en prendrai la responsabilité. » « C’est bien. Voilà un comportement digne de votre race Matt, digne de votre travail auprès de monsieur Mulciber. Cela vous honore. »
Pourtant, le serpent pouvait aussi se dissimuler derrière de belles écailles. Sifflant les chansons à la mode pour ne pas se faire prendre et mordre, au moment le plus opportun. Mais par manque d’instinct, ou par arrogance ignare, Elizabeth le crut. Le crut dans sa bassesse servile. Le crut dans sa soumission et se remit à lui sourire, le regard toujours aussi attentif, le pas toujours le devançant. Ils parvinrent finalement à la fin de leur route, de ce chemin de traverse bien plus riche, bien plus ordonné que l’original et lorgnant les dernières boutiques, la main mise sur son portefeuille et ignorant plus que volontairement la présence de Félicia, se rapprocha un rien du jeune moldu.
« Vous n’êtes pas qu’un coursier. » Soit la modestie l’étouffait, soit Wilfric Mulciber gardait les rênes bien serrées. Mais son regard le détailla avec plus de soin et de ses lèvres rougeâtres, son rictus implacable susurra. « Votre maître n’est du genre à ne s’entourer que de hiboux bipèdes à la langue trop bavarde. Votre discrétion, là encore, redore votre image. Il est certes dommage que vous avez eu à quitter votre ancienne famille mais j’imagine que cela ne dépendait pas de vous. »
L’avait-il croisé à une soirée, appréciant son allure autant que sa discrétion et l’achetant le lendemain au triple de sa valeur pour assouvir sa nécessité d’avoir tout à portée de main sans même crier un caprice ? L’avait-il simplement récupéré après la fin dramatique de sa précédente maison ? En ces tant troubles et avec les derniers incidents qui secouaient encore la communauté sorcière aux hasards des actions de quelques indépendantistes ou malmenés de l’esprit, tout était encore possible. Son propre frère avait failli à son honneur en agissant avec perversité et indépendance, manquant à toutes les règles et tous les devoirs de son nom.
En matière de folie, oui, Elizabeth en connaissait un rayon. Et sa main se tendit, pour glisser dans la poche de sa veste une carte en papier. Deux balais s’y envolaient, à la recherche d’un vif d’or farceur et le nom de Carrow apparaissait par intermittence, savamment publicitaire.
Elle savait que Mulciber la trouverait. Cela lui fit encore plus plaisir.
« Si un jour il se lasse, prévenez-moi de l’enchère. Au plaisir de vous revoir, Matt. » Le nom claqua comme un baiser dans l’air puis déjà indifférente, Elizabeth s’en retourna sur le chemin des commodes emplettes, de celles qui vous donnent l’image d’une femme quelconque, plus apprêtée qu’intellectuelle. Un masque – non, plutôt une signature, plutôt une lassitude habituelle, un rituel même.
Félicia croisa le regard de Matt. Son regard s’embua inexplicablement. Puis s’inclinant comme face à un sorcier, entreprit de suivre sa maitresse.
Spoiler:
je crois que nous arrivons à la fin de notre rp à moins que sous une idée subite, matt ne la rattrape ! j'ai clairement apprécié ce jeu tout en nuance. j'espère que pour toi aussi ça a été une partie de plaisir *sourit* à très vite en mp ?