Apposer des runes pour protéger l’emplacement où l’on gardait Wilfric Mulciber prisonnier était le gist de la mission. La magie gardant l’endroit blindé et caché subissait la tentative répétée d’une intrusion. Sandringham, résidence des Mulciber et d’où les attaques émanaient, sera sa destination. Les coordonnées à sa disposition donnaient aux abords de la forêt. La tâche à accomplir ne sera pas facile, délicate, à compléter. Il sera seul, un phénix, sur un territoire mangemort à mettre en place un système de défense contre eux. Il se contentera de rester dans la forêt et de dormir sur une haute branche, dissimulé. Le plus éloigné du village et des gens il restera, le mieux se portera sa mission.

Avant même de penser à se rendre à Sandringham, Isaac devait récupérer les glyphes préparés à cet usage. Il devait rencontrer Laura Mercer. La spécialiste vivait à Londres et à Londres le sang-mêlé se dirigea. Le risque de la rencontre, relativement moyen, valait le coup. Cognant à la porte et gardant une contenance décontractée bien que sérieuse, il se fait ouvrir la porte par une rousse aux yeux bleu acier. Laura Mercer, 38 années d’existence, experte dans son domaine et alliée phénix. “Oui?” La saluant professionnellement, il prononce la raison de sa visite en utilisant le mot-clé entendu. “Bonjour, pour Vesper.” la spécialiste des runes répond alors en signalant sa compréhension par un mouvement de tête presque'imperceptible. “Entre.” Isaac suivi Laura qui lui indiqua la chaise à côté du bureau. “Assieds-toi, ça va être long.” Suivant la demande, le phénix va s’asseoir et observe la rousse relever ses manches et sortir sa baguette avant de se tourner vers Isaac sérieusement. “Laura, btw.” “Taliesin.” Même entre alliés, il était plus sauf que les noms restent secrets, pour les deux. “La méthode que je vais utiliser est peu orthodoxe disons. C’est mieux pour la tâche qui t’attend. Je vais graver les glyphes sur ton avant-bras et tu les transféreras là-bas. Si tu es well capturé ou que tu meures, ils s’effacent. Il te suffit que de penser à l’action que tu veux faire et les glyphes couleront pour s’ancrer à leurs positions. Ça prend de l’énergie et du temps, 2 pour 24h, le rythme proposé, cependant ça va être dur. La quatrième est celle d’activation, lorsque tu l’auras mise, repose ta main au centre et prononce brecan. Notre art sera alors complété. Comprendo?” Isaac incline légèrement la tête, il a retenu ce que Laura avait dit. “Relève ta manche et qu’on le fasse hey. La sensation ressentie sera le froid je te préviens.” Enlevant son manteau, il présente son bras gauche à la spécialiste. Elle le prend de ses mains calleuses et lui dit de ne pas l’interrompre avant de poser sa baguette sur son avant-bras et de murmurer une formule mélodieuse. Un jet d’encre, seule façon de représenter la chose, émerge de l'instrument et commence à se mouvoir élégamment sur sa peau. La sensation authentique aux propos précédents est glaciale, inconfortable. La tâche prend près de 37 minutes, cependant son bras est à présent un tableau de magie et d’art. Bougeant ses doigts et son coude pour s’essayer au mouvement, Isaac est satisfait mais engourdi et fatigué par la processus. “Merci beaucoup Laura.” “Bonne chance.” La rousse le salue et Isaac repart avec un sac renfermant des runes ordinaires, histoire d'être plus légitime si l'on doutait sa visite chez la spécialiste.  

Subséquemment, il va ramasser son équipement et rencontre un Phénix ayant été à Sandringham pour transplaner directement près de sa destination, sur une route abandonnée. Isaac remercia son guide avant de s’enfoncer dans les profondeurs de la forêt. Sur sa route, il repéra deux trois planques de secours s’il devait s’enfuir et se cacher. Se guidant entre les arbres et s’assurant d’être seul, il trouve relativement près des coordonnées un arbre où s’installer. Il avait le couvert des branches et des conifères en plus d’être assez haut. Il profite du calme pour se reposer un peu avant de se diriger vers l’épicentre des assauts. L’après-midi tirait à sa fin. Après sa pause, il descend de son perchoir pour se rapprocher des coordonnées furtivement. Personne à signaler. Sur ses gardes, il approche et analyse du mieux qu'il peut ce qu'il peut observer de la souche du problème. Inévitablement, les coordonnées donnaient sur cet emplacement. Dans l’obscurité croissante, il marche 30 mètres plus à la gauche et s’assure d’être invisible pour commencer à ancrer une rune. Il ne devait pas être interrompu. Posant la main aux racines d’un arbre centenaire, il commence le processus. Le sang-mêlé ressent la magie couler sur son bras pour former, après un long moment et beaucoup de concentration, un glyphe d’ombres avant de s’enfoncer dans le sol. Soupirant, Isaac était mort après cet effort. Toujours sneaky sneaky, il retourne un peu plus près de la source de sa mission pour monter dans un arbre bien caché, pour observer. Il n’allait pas bouger de son spot. Il était confortable, juste fatigué et la noirceur  aidera son invisibilité.

Charmant crépuscule. Éphémère après-midi d'hiver.

Jalousie. De la jalousie partout au manoir. Pourquoi la petite Theresa ? Pourquoi pas un autre ? Que peut bien faire cette gamine qui n’avait comme seule préoccupation il y a de cela quelques mois qu’un éventuel mariage ? Ah oui, ils ont intérêt à l’aider. La préparer, faire tout de son pouvoir pour qu’elle réussisse. Pour clan, pour la Cause. Pourtant…pourquoi elle, hein ?

Quant à ladite Theresa, ça fait plusieurs semaines qu’elle travaille sur cette mission. Les Mulciber reconnaissent sa mine sérieuse quand elle se prépare à pratiquer son art. Tant de pression, tant d’honneur…

Elle ouvre le portail du manoir. L’albinos porte sa robe noire de la nuit avec son capuchon sombre de la magie qu’elle pratique. Encore une fois, elle traverse le village de Sandrigham puis les champs dominés par ces arbres bas et solitaires. La marche rituelle avant de jouer avec les forces du mal. Se rafraichir les idées, prendre sur soi… ne surtout pas penser à la déception des pairs en cas d’échec.

Elle pose quelques bougies ça et là et les allume d’un coup de baguette. Des fragrances aromatiques s’en échappent. On lui a dit que ça l’aidera à se détendre pour ce sortilège. Depuis, elle ne s’en passe plus lorsqu’il est temps d’entrer en contact avec l’ancêtre Mulciber. Elle s’assoit ensuite sur une souche. Sa souche. Des runes violettes couvrent le cadavre d’arbre de toute part.

Theresa sort de sa poche une chevalière. Artefact de magie noire puissant et probablement convoité si les amateurs avaient connaissance de son existence. D’abord porté par Wilfric pour l’aider pour ses propres sortilèges, il l’a légué à Elena Kark pour qu’elle en fasse de même. Petit bijou de doloris et de legilimancie. Maintenant, cette bague au reflet argenté se retrouve entre les doigts d’une jouvencelle de dix-neuf ans sortie du nid épineux de Poudlard. La vie et ses ironies mais surtout, il s’agit d’un objet précieux, d’un héritage familial qu’on doit éviter de souiller – dû moins faut-il le faire de la bonne manière.

La petite met la chevalière à la main gauche. Elle appuie le bout de sa baguette sur sa main droite où sa peau de neige s’ouvre telle une fleur au printemps. Theresa couine de douleur à chaque fois. Après, elle verse quelques gouttes dans une ouverture prévue à cet effet. Souillure magique. La cavité a goûté au sang de Wilfric, d’Elena et dorénavant celui de l’albinos. Un mélange consanguin mais puissant. Avec une telle description, on croirait à un mariage sang-pur.

- Sub tergum de Wilfric Aldebert Mulciber !

Elle pointe sa baguette vers le ciel. L’envoie de la fusée psychique en direction du vieux s’envole. Elle ramène son bras vers soi alors qu’elle commence à se sentir pâteuse. Confuse. Décontenancée. Ses paupières deviennent lourdes, sa tête chancelante… Une chance que des coussins sont déposés un peu partout pour l’amortir si elle tombe à la renverse ! Elle voit des étoiles surfant sur les derniers rayons du soleil avant de fermer les yeux. Envoyer son âme. Loin. Très loin. Sentir les barrières l’empêcher d’avancer. Glisser sous elles. Glisser sous la peau de Wilfric…

Elle rouvre ses yeux en ce qu’elle surnomme le vide. Un monde noir, presque sans sons. Theresa a exploré ce monde trois fois sur ses douze tentatives. Cette fois… jamais n’a-t-elle vécue les choses aussi réellement. Elle vit les sensations de son grand-père… La douleur. L’aurait-on malmené ? Battu ? Possible… ou les conditions de détention finissent par affecter son corps vieillissant. À ce propos… La Mulciber a toujours affirmé que son grand-père gardait une forme admirable pour un homme de son âge. Elle l’affirmait car il semblait toujours vif mais un peu à cause de son attitude partisane à son égard : une attitude que partage beaucoup de membres de son clan d’ailleurs. Maintenant qu’elle le vit… La ténacité de l’aïeul devient plus qu’une flatterie.

Il est fort. Il tient bon. Il les déteste… La haine, le mépris… La fierté. Oui, sa fierté contre des impurs, des…

Lien rompu. Theresa rouvre ses yeux gris sur un ciel sans soleil. De la cire coule le long des racines de son sanctuaire… Elle reconnaît les flammes. Grande inspiration. Elle se palpe le corps. Les jambes, le ventre, la tête… Oui, il s’agit bien d’elle. Soupire de soulagement. Malgré la fin de la connexion, il s’agit probablement de la tentative la mieux réussie jusqu’à maintenant. Elle sourit. La prochaine fois, ça ira mieux… Je le sens... Je sens quelqu'un ?

Son regard se fixe sur une ombre. Un buisson, des arbres... le vent qui provoque la tremblotte à ces pauvres armes. Elle se masse la nuque en clignant délibérément des yeux. C'est le sortilège. Tu n'es pas encore lucide. Ce n'était rien... Rien du tout.

La figure encapuchonnée d’une jeune femme neige s’avança lentement d’entre les arbres, silencieusement dans les ombres du crépuscule descendant. L’albinos s’installa sur ladite souche et se coupa pour activer le rituel. Même de sa planque, il pouvait sentir émaner le sortilège, sombre et puissant. Restant tranquille, il observe la petite compléter sa manœuvre et, dans la confusion subséquente, le regarder directement avant de secouer l’idée de sa tête et de détourner les yeux. Isaac souffle imperceptiblement lorsque l’albinos disparaît dans la forêt. Si elle l’avait perçu, ses habiletés en sorts n’auraient pas gagné contre ça. Il devait, absolument, éviter un affrontement. Ne bougeant pas, il attend  avant de descendre de son spot et de se diriger vers son bivouac. Éreinté, il s’étale de tout son long sur une branche pour s’endormir dans son sac de couchage -20°C. Fermant les yeux, il restait cependant aux aguets, habitude d'une existence itinérante.

Après avoir dormi de façon relativement acceptable pour réparer l’énergie déployée lors du processus de tatouage et l'apposition du premier glyphe, Isaac se réveille tôt le matin, aux alentours de 6 heures. Il s’étire, croque une pomme et boit goulûment de l’eau pour se donner un peu plus de forces. Le jour était gris, nuageux. Le chant solitaire d’un oiseau hivernal résonnait dans les cimes et un vent soufflait entre les arbres, créant une symphonie complexe, magnifique. Gardant son dos confortablement accoté sur le tronc de l’arbre, il profite du silence et de la nature avant de descendre élégamment de son perchoir. Il atterrit avec un minimum de son sur le tapis de feuilles mortes avant de se déplacer, toujours sans bruits, vers le lieu de rituel. La forêt est calme et personne n'est présent. Pour le mieux donc. Mettant la paume au sol, Isaac procède à apposer le second glyphe, 30 mètres à la droite de la souche. À la lueur du jour, il peut clairement voir les runes glisser élégamment sur son avant-bras. Ça prend le temps que ça prend et Isaac se relève, déjà  exténué. Il roule les épaules et retourne à son bivouac pour reprendre des forces s'il voulait répéter le processus dans la journée. Il ne pouvait ignorer l'énergie que requérait la tâche qu'il exécutait.

Il dort, se réveille, dort en succession. Le son de feuilles froissées est ce qui le sort de sa torpeur, sur le qui-vive. L’adrénaline coulant dans ses veines, il prend en compte son environnement avant de réaliser que c’était seulement une jeune biche se promenant entre les arbres, paisiblement. Isaac relaxe perceptiblement. Fausse alerte. L'après-midi touchait à son terme et les couleurs rougeoyantes de l'astre du jour mourant irradiaient le ciel. Il avait plus dormi qu’il pensait, cependant il allait mieux. Il descend de son arbre et va répéter le processus non orthodoxe, restant sur ses gardes, un peu plus en face de la souche, à 20 mètres, à droite. Le sang-mêlé ferme les yeux et reste dans sa position une seconde, vidé. Cette  mission l'exténuait.

Elle fait son rapport à Lodrick comme à chaque soir où elle essaie de contacter Wilfric. Quant à lui, il prend des notes et se permet de lui donner des conseils. Les oreillers, ça vient de lui. Ensuite, elle retourne dans sa chambre de princesse, enfile son pyjama de licorne ultra confortable et dort. Ce sortilège l’a vidé.

Elle rêve à des temps lointains. Bien que Wilfric et la menace terroriste occupe de nombreux rêves, jamais n’a-t-elle vue son grand-père avec autant de précision. Elle était toute petite, lui beaucoup plus grand. Son visage possédait moins de rides. Sa vision s’embrouille pour laisser un insidieux cauchemars prendre place… Elle se réveille. Elle tente d’invoquer son patronus pour se rassurer, en pensant très fort à comment toute la famille et les Mangemorts seront fiers d’elle quand elle l’aura retrouvé. Theresa n’y arrive pas : je n’ai pas essayé assez fort, pense-t-elle en concevant le sortilège de demain soir. Elle retourne chez Morphée, sans troubles cette fois-ci.

À la même heure, elle sort à nouveau du domaine de Sandrigham. Le crépuscule accueille ses pas sur le chemin mort d’hiver à nouveau. Elle retrouve son lieu de rituel en… parfait état ? Sans pouvoir y mettre des mots sur ce sentiment qui l’envahie, elle a la vague impression qu'un… qu’un être humain est passé par ici. Une intuition, une sensation viscérale et aucunement rationnelle. Après tout, les bougies n’ont pas bougé, la souche encore moins… Je m’inquiète pour rien. Elle prend néanmoins le temps de scruter la forêt, de la dévisager comme si elle lui cachait quelque chose…

Elle finit par s’asseoir en tailleur au milieu de ses bougies. Elle s’inflige une énième coupure. Elle répète la formule mais cette fois, elle tombe immédiatement dans les pommes. Son corps tombe à la renverse sur la pille d’oreillers. Elle ignore qu’ils sont deux à dormir dans le coin.

Retour au vide. À une vitesse sournoise, elle se glisse à nouveau sous la peau de Wilfric mais cette fois… c’est différent. Au lieu d’expérimenter son état d’esprit… elle vit des sensations. Elle croit entendre… une vague qui s’affaisse sur une plage. Une seule. L’air est… maritime, sans aucun doute. Très humide. Ça lui rappelle un voyage sur les côtes irlandaises avec papa, maman et ses frères. Elle touche… du bois. Très solide. Elle sent des marques de griffures sur des parois mais instinctivement, elle comprend que c’est perdu d’avance. Theresa (ou plutôt Wilfric) touche… pas de la terre non mais du sable. Des grains fins. Salés. Du sel.

Il est tout près. Ton ennemi est là…

Elle se réveille, couché par terre. Le ciel a viré à l’ébène. Son cœur bat la chamade. Sans prendre le temps d’organiser toutes ces sensations, elle se lève et pointe sa baguette fumante de maléfice vers une cible imaginaire. « Où te caches-tu… », murmure-t-elle d’une voix de spectre. Elle change d’angles quatre fois avant de tirer un Avada Kedavra aussi précis que dévastateur à une ombre bougeant dans les bois. Theresa sent un infime tremblement d'excitation de sa chevalière. Elle s’approche de sa victime qui n’est nulle autre qu’un… bah qu’un oiseau tombé raide de mort de son perchoir. En contemplant le cadavre inerte, le bon sens revient timidement. Ce n’était rien Theresa… C'est le sortilège qui fait cet effet. Tu en as assez fait pour ce soir. Elle sourit. Elle sent encore les grains de sable sur ses doigts.

“Comment ça marche?”

“Les glyphes émettent des interférences, coupant le lien mental entre la personne performant la manœuvre et le récepteur. Invisibles, ils sont très difficiles à tracer et à inhiber. Tu finis le processus, on a gagné.”

Un seul glyphe et la mission serait complétée. Étant retourné sans flâner à son bivouac, n’ayant pas l’intention de risquer se faire détecter par une albinos se promenant dans la forêt, Isaac s’allonge sur sa branche et reste là sans bouger. Il ferme les yeux et écoute la nature. Il se sentait une tension fantôme dans ses muscles. Un signal d'alarme. Éventuellement, le sang-mêlé s’endort, juste fatigué par les efforts demandés par sa tâche.

Il est tôt le matin, 5h au premier abord. Isaac se lève et range diligemment son matériel dans son sac. La complétion de sa mission approchait. Il est impatient de finir, mauvais pressentiment. S’étirant comme il le faut rapidement, Isaac se prépare rapidement et descend de son arbre avec son sac sur le dos. Gardant le profil bas entre les arbres et la luminosité encore basse de l’aurore, il se déplace sans bruits aux coordonnées. Il s’agenouille aux racines d'un vieux et majestueux pin, plus à gauche de la souche, à 20 mètre, et commence à laisser l’énergie couler de son bras pour former le dernier glyphe au sol. Il était déjà exténué. Le sang-mêlé savait pertinemment qu’il était à ses limites, cependant il ne pouvait pas se permettre d’attendre. Penché sur lui-même, il a les yeux fermé et supporte le rituel silencieusement, concentré. Un bruit de branche qui craque le met en alerte et Isaac scanne les alentours de ses yeux, de sa cachette – L’albinos. Redoublant d'effort et n'émettant aucun son, il ne peut que compléter sa mission au plus vite. La présence de la petite compliquait la chose. Rester invisible et finir le processus d'apposition.

Quelque chose cloche. Rien ne semble pouvoir enlever ce sentiment de Theresa. Pourtant, elle a réussi un formidable exploit aujourd’hui : d’ailleurs, elle se sent particulièrement fière à lister les ses sensations à Lodrick. Trop fier même : sa posture… son comportement… Un petit quelque chose de cette tête haute de Wilfric. Peut-être est-ce pour ça qu’elle rumine, seule, dans sa chambre à des heures pas possibles. Elle réfléchit, cogite, élabore des plans, des théories… Puis elle y pense, plus elle doute que les silhouettes suite à ses rituels proviennent de son imagination. Non, elle se sentait véritablement observée. Épiée. À minuit, elle se rend au salon du manoir pour y allumer une pipe – première fois qu’elle fume – et ce d’un naturel qui la déconcerte elle-même. Il s’agit de la pipe de Mortimer, qu’il laisse volontiers ici. Au lieu de tousser comme n’importe quel novice du tabac, elle attrape une dernière édition de la Gazette du Sorcier, se pose sur une chaise confortable et allume le foyer d’un coup de baguette. Scène absurde pour quiconque connaît la petite mais à cet instant… ce morceau de routine lui semble si… naturel. Agréable. « Peste… », s’exclame-t-elle en lisant un article sur un vaste complot de tricherie aux examens à Poudlard, impliquant trois jeunes gens. La jeunesse de nos jours… Si seulement ils pouvaient investir autrement leur énergie… Des pensées ridicules pour une jeune femme de dix-neuf ans. Pourtant, elle se sent bien plus vieille…

Des vêtements convenables. Theresa abandonne son pyjama rose pour un complet – certes toujours féminin – mais plus prestigieux, avec un collet. Bleu marine. Elle se regarde dans le miroir, mi-étonnée d’être autant femme et mi-satisfaite de posséder une telle prestance. Elle a passé la nuit à vivre cette phase. Elle ne pouvait fermer l’œil et tandis que le matin se lève, elle reste assez lucide pour quitter le manoir. Puis je devrai parler à Mortimer… Aussi pense-t-elle qu’il vaudrait mieux qu’elle retourne vers le lieu du rituel, en-dehors de toutes ses habitudes. D’abord, cette histoire de silhouette l’inquiète mais aussi, elle cultive l’impression qu’elle pourrait donner un peu plus d’elle-même. Les pauses, c’est pour les faibles. Bon, la fatigue affectera sa magie mais la chevalière – qu’elle a oublié de retirer de son doigt comme par hasard – compensera. Elle caresse Mr. Hamilton et lui offre une petite croquette avant de quitter le manoir.

De retour au lieu du rituel, Theresa prend une grande respiration. Prendre un peu d’air pur fait du bien. Elle scrute les environs, à la recherche du moindre indice qui confirmerait ses suspicions… « Petit enfoiré... », marmonne-t-elle, d'un cru qu'elle ne s'imaginait jamais avoir. La Mulciber le voit et d'instinct, elle comprend qu'il ne s'agit pas que d'un amoureux de la nature. Surtout... que sa silhouette lui paraît familière. Elle marche à toute vitesse vers Isaac, déplaçant chaque obstacle sur son chemin d'un coup de baguette. Theresa sait qu'il la voit et pourtant... il ne bouge pas. Aucune attaque non plus. Idiot. Des fins éclairs verts traversent sa baguette, généreusement chargée de magie noire.

CRD:

Le sable coulait et il n’avait plus de temps. Il devait compléter sa mission et l’albinos, de bon matin, se voulait un obstacle important. Se concentrant de toutes ses forces, il soutient le flot d’énergie, l’augmentant pour achever son rituel. Il pouvait sentir le processus toucher à complétion. Secondes, il avait besoins de secondes. Bien entendu, la petite le discerne d’entre les conifères. Ne bougeant pas d’un iota, il l’observe, respiration laborieuse sous l’effort soutenu. Il n’allait pas abandonner. L’albinos tempête vers sa position sans plus de cérémonies, évidemment.

Heureusement pour Isaac, le processus est complété aussitôt. Descendant son regard sur les ombres formant le glyphe d’activation et la paume au sol, au centre, il murmure “Game over – Brecan.” Incessamment, une vague de fatigue le submerge durement, cependant il ne peut pas se reposer. Elle est trop proche et la magie dégagée par la petite est sombre, redoutable. Temps de tirer sa révérence. Il se relève, baguette fermement empoignée, se supportant sur le vieux pin, avant qu'un puissant Sectumsempra lacère profondément le côté de sa cage thoracique et qu'il doive se supporter complètement sur le conifère, la douleur insoutenable. Sentant le sang couler abondamment, il transplane immédiatement avant de toucher sol et de s'écrouler aux limites de Vivecime et voir des pieds de gardes se diriger vers sa personne avant de sombrer dans l'inconscience. Il n'avait plus d'énergie à donner. Il avait mal.

Le sang-mêlé se réveille dans un lit et, par réflexe, se lève avant de retomber sur son dos, une douleur sourde émanant de ses côtes et de sa tête. Respirer faisait mal. Il tâte la blessure pansée soigneusement. Une autre cicatrice à ajouter à sa collection. Même utiliser son bras demande un effort et il le repose bien vite, épuisé. Il ferme les yeux et se rendort sans même essayer. Il avait mérité ce repos et en avait besoin.

Ouch:

Elle fonce à toute vitesse. Sans peur ni appréhension, elle fraye un chemin de destruction sur son passage. Je l’attraperai. Quand je l’aurai, je le traînerai au Ministère où il fera face à la justice. On l’interrogera. S’il est ce que je crois qu’il est, il passera un… bon séjour à Azkaban. Ou pire. Concentre-toi. Que fait-il ? Il joue avec des… runes ou… serait-ce un… rituel ? Je dois me dépêcher. Je dois l’en empêcher. Inutile d’avoir suivi une formation runique pour comprendre que ça sent le coup fourré. « Sectumsempra ! », invoque-t-elle d’une magie boostée aux hormones maléfiques. Elle touche l’homme, ce qui lui provoque un doux sourire sur son visage d’ange déchu. Avant qu’elle puisse finalement se trouver à bonne distance de lui pour le capturer, il transplane. Trop… tard. J’ai été trop lente. Idiote... Non ! Je refuse, je n’accepte pas ! Vas-y qu’elle lance un Avada Kedavra sur un arbre. Celui-ci flétrit et s’écroule pareil à une victime d’un feu de forêt. Elle en lance un deuxième, un troisième, un quatrième et continue à étancher sa soif de violence sur tous les végétaux qui l’entourent. Un trop plein de puissance l’envahie : elle doit l’évacuer, sinon ça pourrait se retourner contre des bonnes gens. Aussi enivré de sang qu’elle puisse être, une partie d’elle regretterait de s’en prendre à des innocents. Alors, en attendant, elle massacre la nature jusqu’à qu’il ne reste plus qu’un énorme trou à l’orée des bois de Sandrigham. Pauvres animaux qui hibernent, morts à même les arbres défoncés.

Sinon, en ce qui a trait le rituel… C’est fini. Pour de bon. Theresa n’arrive plus à entrer en contact avec son grand-père à partir d’ici. « Malédiction… », peste-t-elle en cherchant – en vain – toutes les composantes qu’Exander a installées pour mettre un terme à sa magie. Elle inspire et se calme. Au moins, j’ai récolté des informations conséquentes. Je ne suis pas une incompétente, d’accord ? J’ai réussi à faire souffrir le gêneur, aussi. J’ai fait quelque chose d’utile. Oui… j’ai été utile.