Bonjour et bienvenue dans votre émission préférée, thé ou jus de citrouille ! Ici Enora Faning et je suis ce matin en charmante compagnie puisque j’ai le plaisir, que dis-je, le privilège d’accueillir l’un des meilleurs partis de l’Angleterre. Avec nous ce matin, Lucifer Salamander. Oh je vous en prie Enora, il n’y a que ma mère qui m’appelle Lucifer. Mes amis m’appellent Lux. Parfaitement à l’aise, détendu dans sa veste en cuir qu’il n’a pas souhaitée quitter pour un costume étriqué – quoique parfaitement taillé, les Zabini savent comment vous mettre en valeur à défaut d’avoir des descendantes respectables. Et c’était mieux comme ça : il savait qu’il avait plus de succès dans son look parfaitement assumé de chasseur de dragons un peu négligé. Il n’y avait qu’à voir les yeux de la journaliste à laquelle il souriait. Toutes. Les. Mêmes. Ce n’était pas son idée mais devait bien avouer que c’était un coup de communication brillant et s’il pouvait aider … il le ferait, comme toujours. Et Mervyn avait beau être plus influent et un meilleur parti que lui, charmer la populace n’était pas dans ses habitudes. Il était là pour ça. La caution séduction du duo. Il lui en devrait une belle pour ce qu’il s’apprêtait à faire, mais comme son ami serait aussi de la partie … disons que le voir se prêter à l’exercice serait peut-être suffisant. Son demi-sourire charmeur aux lèvres, il attendait la suite des questions. En pensant très fort à la partie de chasse qui l’attendait après, une commande pour des ventricules de cœur de dragon. Et une grosse. Les gens savaient-ils combien de temps il fallait pour tuer ne seule bête ? Enfin, ce n’était pas le problème de l’acheteur, après tout. Caressant sa barbe de trois jours parfaitement maîtrisée (qui faisait hurler sa mère quand il se montrait en public avec), il dévisageait la demoiselle. Plus vieille que lui d’au moins dix ans, pas moche, bien habillée, une basique de rang quatre. Un joli petit lot. Mais il n’était pas là pour ça, même si elle n’aurait sans doute pas dit non – et en même temps, lui avait-on déjà dit « non » ? – et elle le savait, puisqu’elle frétillait plus qu’une sirène ayant trouvé un baigneur imprudent à se mettre sous la dent.

Très bien, Lux, roucoula-t-elle alors qu’il approuvait d’un clin d’œil coquin, parlez-nous un peu de vous, cela fait quelques temps que l’on ne vous voit plus dans les soirées d’Avalon. Pas vraiment surpris, l’héritier Salamander ne s’en cala que plus confortablement dans son fauteuil, écartant les mains d’un geste triste : Vous savez bien que je viendrais si je le pouvais, je ne voudrais manquer à personne, ce qui eut le mérite d’arracher un gloussement à la femme en face, mais j’ai des obligations. Que ce soit envers mon pays ou mon portefeuille. Un rire franc, pour lequel il est connu, tonitruant à souhait ponctue sa phrase alors qu’il tapote les poches de sa veste. Cinéma qui semble ravir la journaliste qui pourtant ne lui fait pas de  cadeau : D’aucuns ont déploré votre absence lors de plusieurs attaques terroristes sur notre sol. Son sourire ne faiblit pas, cependant sa posture changea légèrement alors qu’il se redressait. Evidemment. Il savait que Mervyn Jr et lui n’étaient pas toujours en odeur de sainteté parce qu’on ne les avait pas vus au combat depuis les mines. Mais ils avaient d’autres choses à faire et servaient le pays autrement. Il n’avait pas à en rougir et ne le ferait pas. Il existe plusieurs façons de gagner une guerre, Enora, lui dit-il sur le ton de la confidence, et ne doutez pas que le temps passé à forger des alliances soit du temps perdu. Il allait sans doute finir par épouser une Finlandaise, au rythme où allait les choses .En même temps, il n’allait pas s’en plaindre, elles avaient du caractère. Mais peut-être pas assez de feu, de piment à son goût. Il y avait d’autres moyens pour cela. Encore une fois, pas le sujet. Même si j’avoue avoir été déçu de manquer le dragon,  il avait l’air d’une bête splendide. Et laissez-moi vous dire que je ne me serais pas contenté d’agiter ma baguette en braillant des slogans éculés si j’avais été  là. Nouveau rire guttural. Gratuit ? Non, il se doutait bien d’où venaient ces questions  - et si ce n’est toi, c’est donc ton père ou quelqu’un des tiens - et il ne faisait que renvoyer la balle. Il n’avait pas peur de prendre position en public. Bien au contraire … qu’on se le dise. Mais ne vous en faites pas, je devrais passer plus de temps dans notre belle cité à présent. Quand je ne serai pas à la chasse, bien sûr. Il ne renoncerait jamais à son emploi. Plus que ça, une destinée. Que ça semble stupide ou non.

Parlons-en, justement, reprit-elle alors qu’ils s’éloignaient des sujets dangereux et des terrains glissants, votre héritage familial. Vous n’avez jamais envisagé de faire autre chose ? Un bruit court selon lequel on vous aurait proposé un poste d’Attrapeur dans une prestigieuse équipe galloise à la sortie de Poudlard. Croisant sa cheville sur son genou, il laissa passer quelques secondes pour qu’on l’imagine en tenue de Quidditch avant de prendre la parole. Rien de tout ceci n’était naturel pour lui et pourtant, il y était devenu particulièrement doué au fil des années. Pas à faire l’homme objet, le rôle était de composition, tout nouveau et complètement momentané pour le but qu’il poursuivait, fort heureusement. Je ne vais pas vous révéler tous mes secrets aujourd’hui, il faudra me réinviter, glisse-t-il non sans malice, mais quoi qu’il en soit je n’ai jamais eu d’autre ambition que de celle de reprendre le flambeau familial. Il n’y a rien au monde qui ne me rende plus heureux. Pas de demoiselle dans le cœur de l’héritier Salamander ? Ils y arrivaient. Oh, voyons, c’est très personnel comme question ! fit-il mine de s’offusquer avant de se redresser. Et non, toujours aussi solitaire. Enfin, si on voulait. Mais les détails de sa vie sexuelle étaient des secrets fort bien gardés et c’était tant mieux. Il n’avait pas l’intention de s’arrêter et de se poser avant que cela ne devienne complètement nécessaire. Pas avant encore quelques temps, du moins l’espérait-il. Mais cela pourrait changer très prochainement. Elle reprenait les commandes, et c’était parfait. Soudainement les joues roses, assez excitée, elle se redressa pour annoncer : Car c’est pour cette raison que vous êtes venus : pour nous parler d’un événement exceptionnel dont on vous doit l’organisation. Je n’en suis que l’humble porte-parole, précisa-t-il immédiatement, avant de poursuivre : Comme vous le savez déjà, nombre de concitoyens ont tragiquement perdu leur foyer, leur source de revenus … et nous souhaitons faire quelque chose pour les aider. Et c’est pourquoi à la fin du mois, les célibataires les plus en vue d’Avalon seront à vendre, mesdames ! Oh, comme vous y allez Enora ! Un rire. Avant des précisions plus sérieuses : Il s’agit d’un gala de charité au cours duquel des jeunes hommes tels que moi seront mis aux enchères, pour une soirée seulement. Et voilà, jouer les hommes-objets … pourquoi pas. C’était pour la bonne cause, ça faisait de la très bonne publicité pour Mervyn et pour Calliope au passage. Et il pouvait passer un bon moment également, enfin, s’il allait à la bonne personne. L’intégralité des fonds sera reversé à la fondation Elena Kark, gérée par nulle autre que l’élégante Calliope Kark, qui aura visée à procurer un logement au plus vite à ceux qui  en sont malheureusement encore dépourvus. Une noble cause et un très beau geste de la part de notre jeunesse la plus prometteuse. Prendre un air modeste et désintéressé, check. C’était bientôt fini, il allait pouvoir partir éviscérer un dragon. Ou elle. Tu pourrais, elle serait sans doute plus jolie avec les tripes à l’air … Il était effectivement temps que cela se termine. Rapidement. Et peut-être y trouverez-vous l’amour, qui sait ! Qui sait … Le sourire est moins naturel. Il faut qu’il sorte de là. Rapidement. Heureusement, l’émission se termine et il peut s’esquiver, grâce au producteur venu faire quelques observations à la journaliste. Sortant sa baguette, il n’attend pas pour transplaner. Il est l’heure de passer aux choses sérieuses.