Delirium message

Balkiss se trouvait à Londres dans son cabinet de guérisseuse, le nez dans ses plantes. Elle leur parlait doucement, les caressait, évidemment qu’il fallait donner de l’amour à ces petits êtres aussi, pour qu’ils grandissent. Soudain, sa poche s’emballa : quelque chose à l’intérieur semblait mécontent. Il s’agissait en fait de son rapppeltout. Cette petite sphère toute simple lui était d’une grande aide, Balkiss avait du mal à ce souvenir de quoi que ce soit lorsqu’elle se trouvait au milieu de ses plantes. La brume rouge épaisse ondulait à l’intérieur de la sphère. Balkiss fit la moue, non d’un botruk, qu’avait elle bien pu oublier ? Oh merde. Evidemment : LE truc qu’il ne fallait pas oublier. Quelle idiote. D’un coup, d’un seul, elle ôta son tablier de travail et sorti en trombe dans la rue, sur le chemin de Traverse. Le rendez-vous avait été posé à Pré-au Lard par l’Ordre. En effet, deux jours plus tôt, les sorciers de l’opposition avait appris qu’un transfert de nourriture serait effectué par une grande industrie. Ils avaient le lieu. Ils avaient l’heure. On avait alors confié à Balkiss la tâche de transmettre l’information à la Nouvelle Inquisition. De son côté, la NI avait sélectionné un membre pour recevoir la nouvelle. En gros, sur le papier c’était ça. La vérité c’était que Balkiss avait un peu d’autre chat à fouetter. Récupérer de la bouffe pour ceux qui en ont pas, ok. Faire un peu chier les Mangemort, ok. Mais bordel c’est toujours pas assez ! Quand est ce que ça déménage et qu’on fait éclater la tempête là dedans.

Peu importe. Il fallait se rendre à ce rendez-vous. Le balai était loin d’être un plaisir pour Balkiss. Elle n’avait jamais été à l’aise, alors cette voie était inenvisageable. Le plus d’être un sorcier, il faut quand même l’avouer, c’est le transplanage. Beaucoup trop cool.
En l’espace d’un instant, Balkiss s’était retrouvée devant la Taverne recherchée, la Taverne du Sanglier. Rien de tel qu’un bar miteux et reculé, froid et sombre pour un rendez vous caché. Balkiss ne comptait pas trop s’attarder, Pré-au-Lard, c’était plus trop sa tassa de thé. Elle n’avait aucune envie de croiser son frère, ou pire, sa belle sœur.
La brunette entra d’un pied assuré dans la Tarverne, et balaya la pièce du regard. Le patron était derrière son journal et buvait ce qui ne semblait pas être du jus de citrouille. Il y avait par-ci par là un sorcier à la mine renfrogné. Elle aperçu alors son contact, l’Homme à la Bière-au-beurre. Reconnaissable, dans ce genre d’endroit – tous les autres clients boivent du whisky pur feu. Balkiss a quelques minutes de retard, elle espère que son interlocuteur n’est pas trop pointilleux. Elle s’avance et s’assoit en face de lui tout en lançant « Un whisky pur feu ! » au barman. Quoi ? Elle aussi elle a le droit.
Elle s’assoit devant l’homme, grand, blond, un peu bizarre même et sent sa tension.

« Bonjour, excusez mon retard, j’ai fait au plus vite. »

Elle décroche son plus beau sourire, après tout, c’est pas si grave, le plus important, c’est ce qu’elle a à dire, c’est faire le boulot.

« Vous avez trouvé facilement? »

Un peu de politesse, ça fait pas de mal.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Eh bien, ça s’annonçait corcé. Balkiss n’avait pas trop apprécié le poupée, mais elle n’allait pas faire éclater un scandale pour si peu. Son truc à elle, c’était plutôt de s’amuser de ce genre d’énergumène. Pas mal le type, beau gosse, mais carrément misogyne sur les bords. En tout cas, ça se sentait. Qu’importe, elle était là pour l’Ordre, elle savait ce qu’elle avait à faire.

" T'es qui ? T'as une preuve que t'es pas une couillonne de Mangemort ? "

Alors ça c’était la meilleure. Balkiss aurait pu éclater de rire si le but n’était pas d’être discret. Toutefois, elle ne pu s’empêcher de laisser échapper un petit rire cristallin. Elle ? Mangemort ? Pas Merlin, c’était une insulte, ou bien une parole très comique.

«  Il faut le prouver ? »

Dit-elle avec un demi sourire un peu charmeur. Qu’est ce qu’elle pouvait dire ? C’était si évident dans sa tête : les Mangemort, c’est l’extrême opposé. Elle avala une gorgée de son whisky et le liquide lui brûla la gorge et l’œsophage.  

« Les couillons de Mangemort, je veux les tuer de mes mains. Un par un. Est que cela suffit ? »

Elle ne pouvait pas être plus claire. Elle s’était déplacée jusqu’ici pour une mission, elle n’allait pas non plus sortir ses papiers d’identité. Le gars devant lui avait l’air suspicieux, ça se voyait directement qu’il avait un immense nuage de haine au plus profond de lui. Une haine contre qui ? Les Mangemort ? Non, ça avait l’air bien plus profond. Elle remarqua qu’il n’avait pas touché à son verre. Elle même n’était pas très friante de la Bièreaubeurre, c’était ignoblement trop sucré, mais c’était facile à reconnaître.

«  Dégueulasse, n’est-ce pas ? Je vous commande autre chose ? Puis nous pourrons parler de notre affaire... »

Spoiler:

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Balkiss manqua de s’étrangler en se voyant réduire à une « première paire de fesses qui passe ». Alors toi coco, ça va pas le faire. Elle s’essuya lentement la bouche en enlevant les dernières gouttes d’alcool qui perlaient autour de ses lèvres, puis elle reposa la chope bruyamment. La Kirke releva les yeux et les planta dans ceux du gros bonhomme devant elle. Les hommes ne l’avaient jamais impressionné. Les moldus à l’esprit tueur de sorciers, elle pouvait les comprendre, tout au fond d’elle. Mais ça la révoltait, aussi. C’était complètement con en fait. Car rien à foutre des pouvoirs, il n’y avait que des êtres humains. Et en vrai, l’ennemi, c’était les mangemorts. Ils avaient un ennemi commun et il fallait encore que certains moldus veuillent aussi faire périr les Phénix. Ou les sorciers bons tout simplement, puisqu’ils sont sorciers. Complexe d’infériorité ou haine sans limites ?

« J’suis pas là pour faire la potiche alors on va poser les bases. Je ne suis pas un cul qui passe, je ne suis pas une femme là tout de suite, je suis Phénix. J’suis là pour le job et j’avais pas vraiment envie de bouger mon cul jusqu’ici tu vois. Et surtout, surtout j’ai pas peur de toi et de ta cavalerie. Donc on va partir sur une base de respect mutuel et après tu traces ta route je trace la mienne. »

Elle clôtura son paragraphe aux accents strictes par un sourire forcé et une phrase :

« Ça va comme ça ? »

Elle se doutait que ça ne suffirait pas à le faire descendre de ses grands cheveux alors la Kirke chercha l’idée d’un brevage qu’il lui ferait fermer sa bouche de chien de garde. L’hydromel aux épices était la boisson forte préférée de son grand-père. Et là pas d’histoire de magie, juste un truc qui arrache la gueule.

« Hydromel aux épices pour Mônsieur le connaisseur. »

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Très bien mesdames et messieurs, nous avons ici un joueur un peu trop sûr de lui. Balkiss ne se sent pas offensée de ses mots. Bien qu’elle doive admettre que certains piquent un peu, elle ne laisse rien transparaître et sourit en son fort intérieur : elle commence à préférer s’amuser du personnage. Parce que c’est un personnage, elle le sent, il y a un truc : un homme – ou une femme d’ailleurs, ne peut être comme ça sans raison. La brunette décide alors de rentrer dans son jeu, après tout pourquoi se priver de répondre ? Donner le change ?! Ah oui, le petit père ne fait pas dans la dentelle. Sans voix de velours, avec un ton connoté de défi, elle lui dit : « Oui, et puis on va s’enfermer dans les toilettes et on revient les cheveux décoiffés ? »

Eh, c’est bon, c’est relou de toujours devoir s’énerver, devoir se taire. C’est une expérience. Balkiss est curieuse de savoir jusqu’où peuvent aller ces mecs là, si ils tiennent leur cap insensé, ou si ils se raisonnent d’eux mêmes. Au moins ça allait donner un peu de fraîcheur à cette mission inutile.

« Après tout, j’ai bu, les femmes sont bonnes qu’à ce qu’on les baise quand elles ont picolées, hein ? Elles sont encore plus faciles comme ça, pas vrai ? »

Bon, elle n’a pas pu s’empêcher de placer quand même sa petite pique sous forme d’ironie. Ce n’est d’ailleurs pas de l’ironie subtile, le gars va forcément s’en rendre compte et s’énerver, enfin bref. Il semblait qu’elle avait fait capoter son jeu à cause de sa pulsion féministe.
La boisson que Balkiss a commandé pour son contact arrive, merde, elle en boirait bien un comme ça aussi en vrai. Etrangement, Balkiss a toujours bien tenu l’alcool sans savoir d’où ça lui venait. Mais bon, il fallait être raisonnable et le gars lui ramène très bien les pieds sur terre en la ramenant aux faits.

« Hmm, oui, l’information à faire passer à la Nouvelle Inquisition. (elle baissa la voix de façon subtile) Un transfert de nourriture va avoir lieu et nous avons pensé que vous auriez aimé être au courant. »