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 :: Royaume-Uni :: Avalon :: Les fiefs Sang-pur
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Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Dim 3 Sep - 12:57
Eoin & Abbey


La chambre d’Aileen aurait pu donner servir de modèle à de nombreux magasins de jouets et coincée au milieu de ce nid rose duveteux, assise sur la seule chaise disponible auprès du lit de l’enfant endormie, Abbey se fit l’impression d’être une simple poupée parmi ces autres porcelaines, aux yeux vitreux, aux bouches bien peintes, aux tenues magnifiques. D’apparence, elle était belle mais intérieurement, elle était vide. Comme si tout ce que Dieu avait mis en elle, d’âme et d’organes, s’étaient finalement changés en lambeaux de peluches. Mais comme tout au sein du monde sorcier, les poupées d’Aileen n’étaient pas de simples poupées. Artifices gonflés de magiques, leurs yeux veillaient, surveillaient, rapportaient, chantonnaient, appelaient « Maman maman ! », lançaient même de menus sortilèges pour changer les couleurs des cheveux et surtout, comme les cadres présents dans la chambre de l’enfant, murmuraient entre elles.

Abbey les détestait. Elle aurait pu y mettre le feu pour les entendre hurler. Ou saisir un pied de table pour s’armer et toutes les fracasser. Au lieu de cela il fallait rester passible, charmante, doucereuse, éloquente mais polie et ces mots, comme un mantra, tournoyaient dans sa tête comme d’immenses oiseaux noirs.

Elle n’en pouvait plus. Elle était fatiguée. Fatiguée non pas de vivre mais de ne pouvoir combattre. Fatiguée de ne pas être libre, fatiguée de ces pinces affreuses dans ses cheveux, d’être belle, d’être fertile, d’être obéissante, fatiguée de ne pas prendre le couteau que Stan lui avait donné et de tous leur découper la face à ces –

« La sorcière vit alors le troll qui s’approchait et ordonnant au sang-pur de trancher de sa baguette magique le lierre qui commençait à grimper sur sa tour, supplia son bien-aimé de faire attention avant d’aller combattre. Accrochant un de ses foulards à sa nuque d’un sortilège, elle lui demanda

« Magdar, quand tu auras vaincu le troll, lance une lumière verte dans le ciel que je sache que tu es toujours en vie et que ton frère, l’horrible phénix, n’a pas usé de polynectar pour nous tromper encore ».

Hélas, leur ennemi, caché sous la branche, ayant repris son apparence animagus de merle, entendit tout cela et attendant que Magdar aille au combat, profita de son dos tourné pour lui lancer un oubliette… »


Sous ses mains, les pages du livre de contes se tissèrent d’images représentant la bataille mais la respiration d’Aileen, profonde et lente, lui assura de son sommeil le plus inébranlable. Etait-ce le comportement de son père qui éreintait l’enfant au point de ne plus trainer le soir, la suppliant pour une autre et encore une autre et une énième histoire ? Etait-ce d’ailleurs ces humeurs sombres malmenant le manchot qui avait poussé, ce soir-là, la maitresse à sortir ?

Abbey se faisait l’impression d’assister, témoin comblée, à l’ébréchage d’un miroir autrefois parfait. Quelque chose avait implosé au sein de l’âme d’Eoin McKay et se répercutait aujourd’hui aux autres membres de la famille. C’était presque à la consoler qu’il ne soit pas mort, ce foutu lombric au grand pif, cet enfant du diable – et où se trouvait-il tiens en cet instant ? Encore dans son atelier à concevoir des potions reniant Dieu pour mieux assurer les renforts de leur armée de démons ? Certainement.

Son regard tomba à nouveau sur les lignes du texte et marmonnant pour elle-même plus que pour son entourage, Abbey siffla :

« Un sortilège d’oubliettes – évidemment que le troll allait se détourner de ton frère pour te ratatiner la face, Agard. Tu croyais quand même pas avoir une chance dans ton complot juste pour gagner le cœur de la belle Melissandre hein ? »

Texte de naïfs. A 17 ans, presque 18 ans, Abbey était cruellement consciente des réalités se cachant derrière les histoires d’amour, surtout entre les sorciers. Aileen épouserait un sang-pur bien comme il faut pour faire des bébés dignes d’être honorés par la société. Elle ne serait ni libre ni consentante mais ferait semblant, pour répondre aux exigences de sa famille et même, qui sait, à ses propres privilèges ? Elle concevrait une armée de petits sorciers prêts à tuer et soumettre les moldus comme elle-même. Et crèverait au terme de centaines d’années puisque le temps ne mordait pas à la même allure les sorciers et les gens normaux. Maudite magie. Maudites promesses du diable qui s’exprimaient par la beauté et la sorcellerie, par cette pédance abjecte et ces rangs stricts. Comme elle les haïssait.

Agard avait perdu son temps d’essayer d’être aimé. Agard aurait du mener son combat plus dignement et tous les faire crever. Mais Agard avait succombé aux yeux d’une belle et finalement Agard s’était vu donner un baiser. Par un détraqueur cette fois.

Niant la Bible, Abbey s’offusqua – quand même, qu’est ce qu’on ne faisait pas lire aux enfants !

Elle soupira.

« Tiens toi droite et sois gentille ! » Protesta une poupée avant de rire – un son de crécelle semblable à un serpent. Et se tournant vers la commode pour lui dire de fermer sa gueule, Abbey fit ainsi face à la porte.

A l’ombre, dans l’entrebaillement, le souvenir étiolé d’un ex Eoin McKay.

Son dos se redressa si vite qu’il y eut un craquement.

Prise sur le fait de lambiner. Ah bravo Abbey.
© Crimson Day
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Sam 9 Sep - 23:06
Spectre d'amertume
28 Juillet 2046



Que penser, que dire, que faire ? Injonctions silencieuses et sournoises qui faisaient le monde, tournaient les têtes, agrippaient les âmes. Les trois étaient-ils si primordiales que cela? Forcément liées? Tous maudits autant qu'ils étaient ? Existait-on encore si refusait de s'y plier, de rester dans le vide, dans l'ailleurs?

Son regard plongé dans la petite pièce aux ombres douceâtres, Eoin Mckay observait, silencieux, les traits tirés et le regard vide. Il observait les deux silhouettes qui s'y mouvaient, parlaient, interagissaient. Le son de la voix de la moldue l'horripilait, l'emmenant dans un autre monde à la fois si semblable et si faux. La voix de la moldue l'apaisait, le déracinant de ce monde qu'il n'était plus sur de supporter.

Le plus dur était passé, il le savait. Du moins c'était ce qu'on lui disait. Et lui-même se haïssait parfois, souvent, épisodiquement, de s'engoncer à ce point dans sa mélancolie, incapable de nager dans les sables mouvants qui l'engloutissaient si souvent. Pourtant c'était facile à dire pour les autres, les eux, ceux qui vivaient toujours pareil, respiraient sans se souvenir à chaque instant de ce qu'il avait vu, de ce qu'il avait ressenti, ce n'étaient pas eux qui sentaient l'air frôler ce bras qu'il n'avait plus. Membre fantôme. Le médicomage l'avait prévenu. Rien à faire. Ça passerait. Peut-être.

En attendant il vacillait. De corps comme d'âme. C'était toujours comme ça, quand on vous enlevait quelque chose, que vous vous rendiez compte que finalement, vous l'appréciez plutôt bien.

De la chance. Vous avez eu de la chance. Le regard noir que le potionniste avait lancé au dernier être qui lui avait dit ces mots avait suffit à l’abattre au silence. Quelle chance? De ne pas mourir? De ne perdre qu'un bras et pas une jambe? Que le sort du fucking ministre ne lui avait arraché qu'un bras non directeur? Que les douleurs qu'il ressentait encore ne disparaîtraient probablement jamais? De ne plus servir à rien?

La rancœur, la peur, la haine, la tristesse, l'amertume et le néant avaient alpagué l'esprit, le corps et l'âme du mangemort en même temps que son être avait crié de douleur, remontant les flots de sang qui quittaient son membre.

Coulant sur la fin d'une phrase de la petite blonde aux cheveux si lisses, trop lisses, trop longs, de paille, le McKay reposa ses yeux sur la forme endormie dans le lit de soie.

Sa fille.

Un soupir silencieux, vague à l'âme alors que des larmes sèchent lui montaient aux yeux.

Dans quel monde vivrait-elle? Quel monde créait-il pour elle? Comment la petite sorcière pouvait encore poser son regard sur son père sans voir l'épave qu'il était devenu? L'inutile. Monstre de lunatisme et de découragement. Ombre de lui-même.
Plus encore que sa femme, Aileen lui gardait la tête à flot, et la lui coulait tout à la fois.

Fermant brièvement les paupières, il les rouvrit, chassant un temps les ombres grises qui s'effilochaient en lui pour observer la réalité comme elle l'était. Sûrement.

Les paroles d'Abbey lui arrachèrent le spectre d'un sourire. Il ne se souvenait déja plus vraiment de l'histoire contée, mais l'entendre commenter cette dernière dans un murmure, pour elle-même, semblait si...réel. C'était fou comme on pouvait voir les choses autrement lorsqu'on s'effaçait sois-même. Il se souvenait avoir apprécié la gamine moldue qui avait grandit avec Aileen avant de regretter sa perte. S'en sentir lésé. Et blessé. Mais le refoulant dans un coin.

Elle avait été remplacée. Un joli meuble, un jouet savant, par un autre. Si semblable et différente à la fois.

Il se souvenait avoir prit plus de temps pour apprendre à la connaître, pour l'aider à se sentir bien ici, chez ses nouveaux maîtres, souhaitant éviter à nouveau cette blessure. Comme on accueille un doux animal que l'on souhaite voir ronronner sous ses gestes mais obéir docilement et ne pas faire trop de bruit. Ou était la limite? Le milieu?

Mais finalement, la connaissait-il vraiment?

Qu'étaient leurs cosses extérieures? Tout ou rien? Peut-être autre chose?

Son regard avait croisé celui de la sang-magie, grimaçant involontairement sous la violence de sa réaction. Comportement automatique, durement apprit, durablement. A quel prix? Etait-ce si différent de celui qu'on lui avait inculqué? Qu'ils infusaient à Aileen.

S'humidifiant légèrement les lèvres, Eoin hésita. Il n'avait pas prévu d'être vu. Encore moins d'avoir une quelconque interaction, même avec une moldue. Il pourrait tout simplement partir, non? Il ne lui devait rien. Et pourtant, elle semblait attendre. De qui? Lui? Il eu envie de rire, avant de se forcer à parler. Il paraissait qu'il devait faire l'effort. Autant que ce soit avec elle, non?

Il ouvrit la bouche pour la refermer aussi sec. Froncer les sourcils, se détester un peu plus. Se morigéner intérieurement.

"Tu as une jolie voix." whouhou, dialogue du siècle. Heureusement que ce n'était qu'une moldue, hein...

"Viens avec moi." Parler était difficile. Et pourquoi s'attacher la présence de la jeune femme? Ne voulait-il pas être seul? Trop tard pour changer d'avis...

Silencieux, sans vérifier qu'elle le suivait, le sorcier serpenta dans les couloirs, sans prendre la peine d'allumer les cierges d'un coup de baguette. Dès qu'il en avait été capable, il y a un peu plus d'un mois, il avait exigé que ces derniers ne réagissent plus à sa présence, exécrant la source lumineuse qui se reflétait sur lui, autour de lui.

Pour rejoindre le petit salon, celui où l'on ne laissait pas les invités, du moins pas n'importe lesquels, venir. Intimiste surement. Plein de souvenirs surtout. Mais rassurant malgré tout. Et il avait besoin de ça au moins.

"Connais-tu des histoires? Non, pas celles de notre bibliothèque, d'autres histoires..." questionna t-il, la voix traînante, entre agacement et lassitude.

Pourquoi déja n'avait-il pas cédé à ce désir de solitude une fois de plus? Très bonne question qui sembla raisonner dans son esprit.

Il s'affala dans son canapé, soulagé d'échapper au moins à une partie du poids de son corps. Pourtant toujours étrangement mal à l'aise avec ce vide qu'il ressentait même ici, dans ce siège qu'il avait tant usé les fois où il passait des nuits blanches au manoir, les fois où il ne pouvait plus dormir ou qu'il rentrait trop tard pour rejoindre la couche maritale. Ou juste pour se reposer.

"Pas des contes pour sorciers, ni de sorciers pour les sans-magie. Une fable moldue, pour les moldus."

Il avait soufflé ces mots d'une voix éreintée et ferme à la fois, le visage porté vers le plafond, notant la présence rassurante des symboles habituels de la tapisserie.

"Tu es douée pour narrer les histoires, j'aimerais en écouter une."
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Dim 10 Sep - 20:31
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Plus que la haine, désormais, Eoin lui foutait une trouille bleue. Une espèce de mort-vivant délavé, au regard vide un peu larmoyant. Une silhouette de détraqueur un rien plus humanisé – illuminé. Planqué là dans l’encadrement de la porte comme une espèce de pervers comme seuls ces démons pouvaient en créer. Abbey sentit ses mains commencer à trembler mais plutôt que de soutenir son regard – et montrer ainsi une imparfaite dose d’ego, de quoi le foutre en colère – elle calcula le battement de ses cils, pinça un peu les lèvres en mine de chatte peinée et s’assouvit en un rien de détresse affectée, politesse exquise et laiteuse. Sempiternel parfum d’hypocrisie affectée.

« Monsieur… » Dit-elle d’une voix douce tout en pensant « Connard. » Et lorsqu’il la complimenta, ses épaules tressaillirent un rien et elle le remercia à mi-voix tout en songeant « Si seulement j’pouvais en dire autant de ta sale gueule. »

Il ne fallait jamais trop compter sur ces espèces de miettes de bonté que les sorciers pouvaient vous dispenser. Une marque de gentillesse pouvait être hypocrite ou parfaitement maitrisée pour essayer de la faire faillir dans l’erreur, comme on peut pousser un enfant dans la boue. Les sorciers étaient des as pour vous prendre sur le fait et vous mordre, vous reprocher tout et n’importe quoi. Dans ses derniers instants, l’ignorance de sa dernière maîtresse avait fini par une espèce de cache-cache un rien sadique. « Tu es belle Abbey » Surtout ne pas répondre, car un simple sourire la faisait aussitôt répliquer « Donc tu te penses belle Abbey ? Tu es sûre de l’être ? L’es-tu plus que moi ? » Et les reproches se faisaient aussitôt tempête de sable.

"Viens avec moi." Venir ? La surprise lui raidit les traits subtilement, mais Eoin ne sembla avoir rien remarqué. Trop étouffé par sa propre pénombre et maladroitement, Abbey tenta de détourner son regard de son bras manquant – si seulement cela avait pu être ta gueule plutôt que mon Joe, pensa-t-elle encore, une millième fois. Le regret lui broyant le cœur.

« Bien monsieur. » Aileen dormait encore lorsqu’elle quitta la pièce à pas légers, évitant les commentaires des poupées qui se mirent à chuchoter entre elles, la lumière faiblissant aussitôt sur son départ pour ne laisser qu’une simple fumerolle de veilleuse à l’enfant.

La nervosité se fit un nid douillet dans son ventre et mâchonnant sa langue, Abbey se demanda ce qu’Eoin McKay attendait d’elle.

Jamais il ne l’avait invité à la suivre, passant parfois dans son sillage comme un entrechat, un simple accident. N’échangeant jamais plus de quelques phrases, toujours fourré dans son labo, la tête dans le chaudron et ses potions. Eoin lui dispensait parfois quelques marques d’amabilité qu’Abbey considérait toujours comme des souches plastifiées de bienveillance formelle, jamais sincère et jamais appliquée. Une manière comme une autre de se donner bonne conscience d’être un parfait salopard esclavagiste. Mais puisque pour eux c’était la norme, il devait sans doute sentir les ailes pousser à son petit cul maigre, et se dire en soirée huppée que lui au moins prenait le temps de leur accorder un rien de bien-être, par empathie, par décence, ou tous ces termes en piteuses excuses qui ne changeaient d’ailleurs rien à leur situation déplorable.

Evidemment, elle craignait une crise. Même si Eoin n’était pas taillé dans un morceau trop nerveux ou colérique comme Stan. Mais il avait ses petites poussées et parfois le fracas des potions qu’il explosait contre le mur parvenait à leurs oreilles.

Bataillant pour ne pas se casser la gueule – si môsieur n’avait pas besoin de lumière, elle si, merci bien – Abbey le suivit jusqu’au petit salon, fronçant les sourcils de manière éphémère, avisant souvenirs comme livres disposés là dans cet espèce de cocon où seuls les rares y étaient invités.

C’est alors qu’il s’installa, et sur son trône de dépression misérabiliste, lui offrir la possibilité de lui raconter

Une histoire.

Une histoire moldue qui plus est. Rien de mieux pour lui coller la baguette sur la tempe. Si elle obéissait il pouvait se fâcher et la punir d’avoir balancé autan d’inepties en un rien de temps, blasphématrices sans doute même pour leur société. Si elle n’obéissait pas, il allait prendre ça pour une marque de rébellion. Coincée comme dans une tenaille, Abbey fit le rappel des histoires de la Bible – non trop dangereux, quoique celui-ci aurait eu à en rapprendre.

Et illuminée d’un éclair de génie, elle se pencha, mains croisées devant elle, presque sincèrement désolée.

« Les contes pour moldus ne sont jamais exempts de présence magique, monsieur. Vous raconter une fable sorcière ou une fable moldue reviendrait au-même. » Gaffe à l’équivalence, se pinça-t-elle. Et la non-mage se cousu un sourire presque moqueur envers elle-même. « Bien évidemment les fables sorcières sont de bien meilleures qualités et le message dispensé bien plus intellectuel. »

Alors comment échapper à la demande. Comment s’épargner une fable et la présence malaisante de cet espèce de chouette ébouriffée au grand pif ? Vautour prêt pour l’abattoir. Charognard des mauvaises pensées et des larmes.

« Mes histoires sont pour les enfants, monsieur. Je ne sais pas raconter autre chose que des contes de demoiselle, de sorcière, de garçon tombé amoureux d’une poule noire ou toute autre sorte de boniments… »

C’est bon, elle pouvait aller se coucher maintenant ?


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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Ven 15 Sep - 23:57
Spectre d'amertume
28 Juillet 2046



"Quelle tristesse." Juste deux mots face au refus finement camouflé de la jeune fille. Deux mots au ton neutre qui auraient pu tout signifier. Deux mots face à sa peur, à ses doutes. Ceux d'Abbey ou les siens. Un peu des deux. Une pierre de plus dans ce mur qui l’oppressait et l'isolait, ce mur qu'il bâtissait autant qu'il le haïssait. Pouvait-il seulement imaginer à quelle point la gamine face à lui avait peur? A quel point cette dernière pouvait le redouter? Qu'ils avaient tous deux en cet instant ce douloureux point commun?
Non, elle était bien trop parfaite dans son petit rôle de poupée vide au remontoir bien huilé. Lui était bien trop engoncé dans ses propres marais pour apercevoir les feux follets qui passaient dans son dos.

Pourtant elle était là, silencieuse, attendant. Depuis combien de temps? Combien de souffles s'étaient échappés de leurs êtres depuis sa réponse?

Un instant il manqua l'envoyer se coucher. Disparaître. Son geste s'était mécaniquement armé. Avant de s'arrêter en plein vol, les lèvres serrées sur cet ordre.

"Ne me laisses pas..." Murmure à peine audible, aussitôt oublié. Comme tant d'autres.

Non, finalement, il ne voulait pas être seul. Mais cette pensée était aussitôt écartée, pathétique, commune, faible. Il se ressaisit légèrement.

"Quel age avais-tu quand.. Avant...?"

Il n'avait absolument aucune fichtre idée de l'âge de la servante. 15? 17? 20 ans? Il n'avait jamais été doué à ce genre de jeu. N'avait pas géré l'achat de la moldue. Jamais pensé à poser ce genre de question.

De quand datait le Filet du Diable? Trop d'années et bien trop peu à la fois, ça il s'en souvenait. Sentant le fiel le brûler, remontant de sombres souvenirs, des cris rendus muets du tréfonds du passé avec l'imposante et folle silhouette du Dolohov, Eoin secoua doucement la tête pour les faire taire. Avant de darder ses prunelles délavées sur l'autre être vivant de la pièce.

"Tu ne dois pas te souvenir. Peut-être est-ce pour le mieux."

Un soupire s'échappa de ses lèvres gercées, un silence s'éternisa pendant deux secondes ou deux minutes, le compte ne lui appartenait plus. Avant, il n'avait jamais songé aux moldus autrement que de simples créatures non-magiques, mammifères sensitifs à la structure sociale complexe mais brouillonne, dangereuse. Le Projet l'avait cueillit à la sortie de Poudlard, après un temps passé en médicomagie, il l'avait trouvé grandiose, ambitieux et surtout plein de défis à relever. Du jamais. Du qui ne se verrait plus jamais. Ils avaient beau avoir usé de cobbaye, la réalité était loin, si insipide, si indifférente. Pour le plus grand bien, pour la science, pour des détails.

Il avait enterré tout ça loin, cela n'avait pas d'intérêt. Comme le reste. Seul son monde comptait. Comme maintenant, même s'il tombait en pièces, s'il se tordait, s'il hurlait.

Un douleur lui remonta doucement, sournoisement le bras. Celui qui n'existait plus, qui n'avait plus le droit d'exister. Lui troublant la vue et l'âme.

Se levant, grande silhouette disloquée, il glissa plus qu'il ne passa à côté de la petite blonde, ouvrant un placard ouvragé d'un mot murmuré. Dé-bouchonnant la fine potion à l'allure brumeuse pour en boire la moitié. Médoc' home-made, bien plus efficace que ceux qu'on lui avait donné. Fermant les paupières pour savourer le liquide qui se diluait dans ses veines, atténuant les signaux de douleurs, il le rouvrit, presque étonné de voir encore la moldue dans le salon. Sa vision un instant trouble la remplaçant par une autre.

"Elle était blonde aussi. Elle l'est peut-être encore. Je n'ai absolument aucune idée de ce qu'ils en ont fait..."

Un fin sourire fantomatique plus défaillant que plaisant planant sur les lèvres, Eoin, pendant un instant, ne voyait plus la silhouette droite et si jeune d'Abbey, mais celle pleine de larme de la gamine aux mines d'Ensinis. Avait-elle survécu? Sa vie avec les terroristes valait-elle mieux que la relative sécurité des excavations?
Qu'Abbey puisse ne pas comprendre de quoi il parlait lui importait peu. Il n'en avait pas vraiment conscience.

"Non, elle est sûrement mieux là-bas. Ne penses-tu pas?"

Les sans-magie comme la sienne, cette Abbey, étaient relativement bien traités et bien portants au service des sorciers plutôt que dans ces souterrains où leurs noms même n'importaient plus, ils étaient chanceux en soit, non? Un peu comme les animaux dans les zoos. Saufs, aimés, choyés parfois, dans un environnement miniature si semblable au leur et pourtant si faux, si dérangeant pour leur psyché souvent. Combien de fois avait-il prodigué un rapide conseil aux soigneurs sorciers en voyant la façon fausse dont ils s'occupaient des bestioles? Qu'en était-il des moldus?

Il s'était brièvement posé la question après les mines. Elle retraversa ses lèvres cette fois-ci, traîtresse, tristesse. Sincère et pourtant encore bien loin de se douter de tout ce qui pouvait se cacher derrière elle.

Pour la moldue qu'il intriguait et effrayait à la fois. Pour lui-même.

"Es-tu heureuse?"
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Dim 17 Sep - 18:27
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Ce fut long – ce fut trop long. Des secondes étirées dans le silence crépitant du feu de cheminée. Lui gisant là dans son absence et elle s’efforçant de répondre aux exigences de sa condition – se tenir droite, mais pas braquée, ne pas trembler, croiser les mains devant elle, les pieds légèrement écartés, le visage droit mais le regard baissé, ne jamais regarder le sorcier directement dans les yeux et encore moins au-dessus de lui, respirer lentement, esquisser toujours un sourire poli, être disponible sans être envahissante, demeurer un meuble, un simple meuble.

Puis la main d’Eoin se leva. Et peut-être vit-il son zeste d’espoir – dormir, retrouver son lit et oublier cette journée comme celle qui s’apprêtait à recommencer dans son éternel esclavage – aussi fut-il assez cruel pour s’arrêter net. Et lui dire de rester.

Bien évidemment, il ne le prononça pas ainsi et pour une autre jeune fille, pour quelqu’un d’un rien plus sensible disons, quelqu’un qui n’aurait pas perdu un ami cher et un père sur le champ de bataille, cela aurait pu fonctionner. L’atteindre. La bousculer et lui faire ressentir, l’espace d’un court instant, un rien de pitié. Mais elle le voyait au-delà de sa tristesse accablée d’handicapé. Elle le voyait, se trainant, se pensant inutile alors qu’il avait encore la vie et que la magie s’occuperait bientôt de l’aider autrement qu’en lui rendant son bras. Ce n’était pas la fin pour lui et il le savait – oh si, quelque part il devait le savoir. Et elle pinça les lèvres, plus humiliée que jamais. Répondant à son murmure par :

« Je reste là, monsieur. » Elle aurait pu l’appeler maître, sa servilité n’en aurait été que plus transparente. Seulement les McKay n’aimaient pas ce genre de mots. L’ego. Toujours l’ego.

Alors les questions se mirent à pleuvoir – ainsi que les affirmations sans-sens, qui donc était cette blondasse à qui il faisait référence, l’ex-moldue qui avait fini par crever, comme une espèce de prédiction de ce qui attendait Abbey ? En avait-il croisé une, à Avalon, suffisamment bonnasse pour lui faire tourner la tête au lieu de sa pétasse d’épouse ? De quoi parlait-il bon sang, il s’était envoyé trois pintes de whisky en plus de ses potions ? Et le regard lorgnant le flacon qu’il venait de dévisser, Abbey croisa les doigts pour qu’il s’étouffe avec.

Es-tu heureuse. Le culot quand même de demander ça à quelqu’un qui pouvait être tuée pour avoir touché votre fichue baguette. Qui pouvait subir des doloris pour une parole prise – et non faite – pour de la moquerie, du manque de respect. Qui pouvait être envoyé au bagne pour une assiette cassée alors que merde, ils pouvaient en user du Reparo. Est-ce qu’elle était heureuse ? C’était tout ce que cet espèce de Vautour malingre avait trouvé pour se rassurer ?

Mais oui, Abbey avait bien appris ses leçons. Et ces quelques relents d’empathie abjecte avait même été pris en compte dans ses cours. Ses professeurs d’antan, l’ayant formé à son magnifique devoir de domestique, lui avaient soulignée toutes les réponses à donner si le sorcier se mettait à – quoi, douter ? Non pas douter.

A les considérer comme autre chose que des animaux.

Aussi elle sourit plus largement et répondit, la main sur le cœur.

« C’est un honneur que de servir la maison McKay, monsieur. » Point utile de trop en faire voyons. Pas la peine de palabrer cent ans sur la richesse, et la beauté, et la fierté et toutes ces qualités dont les sorciers aimaient qu’on les targue. Eoin McKay n’était pas du genre à se pavaner en demandant toujours plus d’applaudissements. Il fallait du succinct. Il fallait du rassurant.

Collabo.

Le mot heurta sa cervelle comme des ricochets et elle sentit, sans la voir, la présence de la troupe autour, de la bouffe, de la terre humide des champs et du regard bienveillant qu’un homme posait sur elle – « Tiens, mange ». Sa langue trembla.

Quel âge avais-tu avant – avant quoi ? Avant tout ça ? Avant les chaines ? Avant les cours ? Avant le Calamar Géant ? Avant les pleurs de gosses et les numéros dans l’air et les suppliques peinées de son cœur pour être choisie et essayer de gratter des privilèges distribués comme des miettes aux pigeons les plus audacieux ?

Es-tu heureuse, quel âge as-tu, des questions de merde. Des questions de fou.

« J’avais l’âge de votre fille. » Entendit-elle une voix répondre. Harassée et plus rauque. Avant de comprendre que c’était la sienne.

Même le feu se figea.

Abbey demeura là, présente, avec sa réponse impromptue et stupide, tellement stupide ! Et baissa la tête.

« Mais il n’y a rien eu de plus joyeux pour moi que de devenir une domestique. » Oui, même à six ans même sans comprendre véritablement le sens de toutes ces procédures et le mépris affecté des sorciers à son encontre alors qu’elle n’était qu’une gosse, pas plus attendrissante qu’un bébé hibou.

« Vous devriez aller vous reposer, monsieur. » Qu’il l’écoute et cesse de les traîner dans ces sables mouvants. Abbey commençait à sentir la situation lui échapper.




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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Sam 23 Sep - 18:16
Spectre d'amertume
28 Juillet 2046



Le temps coulait, courrait, s'enfuyait, noyant vivants et inertes dans son implacable drap de poussière. Quelque part une horloge sonna, témoignant de l'avancée de la nuit sur le royaume des éveillés. Eoin grimaça. En ce moment il détestait ce témoin silencieux et redoutable qui entourait ses journées, semblant pointer du doigt son inutilité, semblant rire de ses vains efforts, semblant le pousser à agir pour mieux lui présenter le gouffre final. Se moquer. Le stresser.

La bouche pâteuse de ce triste rappel à la réalité, le sorcier n'avait pas franchement prêté attention au temps de réaction de la moldue, ni même au fait qu'elle n'y répondit pas dans l'ordre. Qu'étaient une poignée de secondes, voir de minutes en plus pour lui en ce moment? Du sable filant comme tout ce qui passait par son esprit et qui n'y butait pas pour l'enfoncer davantage.

Mais il remarqua bien sa réponse vide de sens, comme apprise par cœur et qui faisait écho à ce qu'il avait déja entendu. Plusieurs fois. Souvent. Chez lui comme ailleurs.

"L'honneur n'apporte pas le bonheur, à peine un socle qui donne envie de regarder au-dessus des autres."

Un instant il hésita, observant la tête droite mais judicieusement humble de la servante dont il apercevait les yeux sans les croiser. Elle n'avait pas vraiment répondu à sa question, il s'en rendait compte. Devait-il insister? En avait-il seulement l'envie? Qu'est-ce que cela pourrait bien apporter de bon, à part creuser davantage les fissures qui l'accablait? A part déranger la jeune fille et la mettre mal à l'aise?

Faible, il laissa le ruban de la curiosité filer. Au moins avait-elle éviter de s'étaler sur le sujet, de déclamer à quel point elle avait de la chance de vivre ici, de travailler ici, de grandir et peut-être mourir ici. Rien que d'y laisser filer une telle pensée, Eoin se sentit nauséeux. Étrangement mal à l'aise. Combien de fois avait-il entendu ce genre de diatribe chez d'autres sorciers? Déja trop à son goût, le dérangeant vaguement à l'époque, lui tiraillant l'esprit actuellement. Pourquoi? Ils étaient biens, à défaut d'être libres et heureux, non? Au moins ici, chez eux. Jézabel et lui n'était pas de ces sorciers à lever la baguette sur son serviteur à la moindre incartade, bien au contraire. Si les moldus étaient un éléments évolutif, d'un embranchement animal que l'on pouvait plus ou moins situer entre le règne animal général et les sorciers, on ne pouvait leur reprocher ce dans quoi on les rangeait. Les sorciers pouvaient faire des erreurs. Les animaux, même bien dressés, n'étaient pas forcément les plus habiles, sans parler des réminiscence de l'instinct. Un animal pouvait difficilement comprendre le dressage par la punition et la douleur sans devenir mauvais ou complètement peureux, détruit. N'était-ce pas la même chose ici?

La voix étrangement éraillée d'Abbey le ramena à la réalité, tandis qu'il se massait l'épaule - cette épaule si vide - sans s'en rendre compte.

Une bouche s'ouvrit et se referma, pincée. La sienne. Le rappel à sa fille le dérangeait sans qu'il puisse vraiment se l'expliquer. Probablement une histoire d'empathie par correspondance. Qu'il effaça rapidement de son esprit, se refusant un tel chemin.

Et puis la gamine face à lui s'était vite reprise, arguant à demi-mot qu'elle ne regrettait rien, que tout allait pour le mieux que cet avant ne lui pesait pas. N'est-ce pas?

"Tant mieux." Un commentaire vide, étrange mélange entre un agacement qu'il refusait d'admettre et une indifférence factice dans laquelle il souhaitait se noyer.

La migraine refluait. Sa bouche était sèche, pâteuse. Ses oreilles vrillaient doucement. Il ne comprit qu'à moitié ce que la moldue lui dit. Captant son empathie, sa fausse empathie peut-être. Sa propre lassitude surement.

Il emmerdait même une simple moldue.

Pourquoi donc avait-il voulu de sa compagnie alors qu'il n'arrivait plus à supporter celle de sa propre famille? Lâche et foutu, voilà ce qu'il était.

Les yeux fermés, le souffle oscillant entre un rythme trop lent et trop rapide, il s'humidifia les lèvres et lui donna sa réponse à demi-mot. Trop rauque, trop douloureuse.

"Il parait que je ne fais que cela."

Et sans rouvrir les yeux, d'un geste de la main il lui intima de partir. Cette idée avait été une erreur. Si personne ne parvenait à l'apaiser, si même sa femme et sa tendre fille ne faisait que lui renvoyer son image d'infirme pathétique et nourrir sa colère dépressive, d'où avait-il pu croire que la moldue ferait autre chose.

Sa main se crispa douloureusement sur l'accoudoir jusqu'à lui blanchir les phalanges alors que les pas d'Abbey s'éloignaient.

Le silence qui en suivit était aussi salvateur qu'implacable. Il ne lui laisserait aucune porte de sortie.

Etait-il vraiment sûr d'avoir promis à Jézabel de ne pas trop prendre de potions? Il ne voulait plus penser, plus ressentir. Et surtout ne pas rêver.
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ce message a été posté Lun 25 Sep - 21:08
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Tant mieux. Voilà qui pouvait sans doute résumer leurs états, aussi dissemblables que pouvaient l’être le faucon et le rat. Tant mieux – de quoi ? De l’honneur qu’il pouvait se permettre de mépriser quand elle n’avait aucunement le droit à la moindre incartade ? Tant mieux de sa position éreintée qui devait sans doute se trouver les meilleures excuses du monde pour continuer d’agir en tant qu’oppresseur ? Tant mieux pour elle, d’avoir atterri ici et qu’avec son âge, elle ne soit pas placée dans ces espèces de fermes de rencontre ignobles où on les laissait procréer comme des bêtes ? Abbey sentit la nausée la gagner mais avisant le geste d’Eoin, prit soin de se taire.

Libre. Pour ce soir elle était libre. Pour ce soir il était temps de dormir et d’oublier et malgré l’envie qu’il lui prit de répondre, de répliquer à cet enfoiré qui soupirait sur son propre repos, elle choisit seulement l’œillade, instinctive et presque insistante, sur le creux formé par son bras vide. On lui avait arraché quelque chose d’essentiel et en lui tout se gangrenait peu à peu. Lui qui n’était déjà qu’inertie indolente se faisait gangrène. Comme attrapé par une maladie plus insidieuse encore que la dépression. Une nécrose formidable, une effroyable descente aux enfers.

Pourtant, elle ne réussit pas à en sourire, même dans ses pensées. Alors elle s’inclina, remercia bien évidemment le maître de sa gentillesse – il en fallait après tout, pour la congédier, pour renoncer à ses services alors qu’il demeurait encore éveillé. Et calmement, ses pas s’éloignèrent. Son ombre fila devant elle quand sa main attrapa une bougie pour se guider. Et descendant les étages vers les plus bas appartements – seuls les aigles royaux dormaient en hauteur – le lapin retourna se terrer à son terrier.

Petite chambre coquette tout de même, il fallait bien l’avouer. Blanche et dorée, aux draps de qualité, aux tenues toujours propres et repassées. Quelques bijoux, accrochés à un miroir strict. Et aucun, oui aucun visage magique, pour chuchoter ou appeler son attention. Cela avait été sa seule demande et les McKay y avaient finalement répondu.

Le paysage des landes gaéliques, comme une impression de calme, aux herbes agités par une brise invisible. Une fenêtre sans l’être, elle qui n’ouvrait presque jamais les volets de la sienne, à part seulement, parfois, pour aérer.

Un hibou y était entré une fois par lui, et la panique de voir surgir ce volatile alors qu’elle s’habillait avait finalement rincé ses espoirs d’un peu de calme et de vue emmêlés.

Lentement, elle se mit au lit, ramenant sous son menton la couverture à carreaux qui la grattait un peu. Et tortillant ses doigts dans la laine épaisse, les yeux grands ouverts sur un noir s’abattant enfin sur son existence pour mieux la reposer, ce fut à son tour, de réfléchir.

Des pensées sans paix. Des images misérables, sans liens et sans cohérences, de champs de blé, de visages fatigués, de voix dans l’obscurité, presque déformées. Jo y revenait sans cesse comme si sa vie n’avait été guidée que par ce seul exemple masculin. Jo et sa casquette, Jo et son sourire. Jo et son maître qui voulait un nouveau-né aussi solide et bien bâti que le moldu qu’il s’était choisi comme garde du corps et serviteur – disons, plutôt, bouclier et esclave. Jo et ses mots sages. Jo et sa bible.

Qu’aurait fait Jo ce soir, face à un Eoin McKay ?

La justice divine est la sagesse miraculeuse salvatrice de l'homme petit et faible, aurait-il dit en témoignant de son handicap. Vengé dans ce qu’ils affrontaient chaque jour, témoin de la fragilité de ceux qui se pensaient pourtant intouchables. On pouvait les atteindre – on pouvait les tuer. Et la magie même ne pouvait les aider à reprendre ce qu’on pouvait gagner sur eux. Et bientôt, leurs têtes tomberont, à tous, tous ces oppresseurs, tous ces offenseurs ces t

Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses,
votre Père céleste vous pardonnera aussi.

Ses mains se crispèrent à s’en blanchir les jointures. Et le regard de Jo se posa sur elle, d’un baiser si tendre de souvenir qu’elle le sentit presque sur son front.

Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.

« Jésus est grand… »
Chuchota-t-elle de sa voix frêle. « Jésus viendra, et la main ornée de chaque pierre, trouvera les offenseurs et leur fera comprendre la terrible colère de Dieu. »

Pardonne, je te prie, la faute de ce peuple,
en vertu de ton immense amour,
tout comme tu n’as cessé de pardonner à ce peuple
depuis qu’il est sorti d’Egypte.

« Dieu leva sur eux les fléaux de ce monde, et par les sept plaies, Pharaon vit que Dieu était fort, que Dieu était grand. »

Que le soleil ne se couche point sur votre colère.

Vrombissements de mouches. Abbey s’en retourna entre ses draps, piquée. Dans son orgueil et dans sa vengeance.

« De toute façon, je suis toujours en colère. » Murmura-t-elle à la Nuit tombée. Et Dieu n’eut rien à redire de cela.





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ce message a été posté Ven 29 Sep - 20:20
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11 Août 2046



"Non..je ne pense pas, peut-être mieux vaudrait-il l'oublier..."

Un murmure, la voix rauque d'Eoin s'élevait sans constance alors que ses yeux se posaient sans les voir sur les tranches de tous ces livres qui voguaient autour de lui. La bibliothèque des McKay à Avalon ne valait pas celle du manoir ancestral, mais le potionniste l'avait personnellement bien étoffée depuis qu'il y avait emménagé avec Jézabel.

Pourtant, aujoud'hui comme depuis des semaines, ils ne lui apportaient aucun réconfort, aucune solution. Il n'avait même pas envie de les lire. Et pourtant, ils l'attiraient encore, le frustrant par la-même.

"Papa..? Tu parles à qui?"

Un invisible sursaut qui lui remonta l'épine dorsale et lui fit lâcher lamentablement le livre qu'il effleurait. Un mat "pof" révéla sa chute sur l'épais tapis de la pièce.

"Je te le ramasse."

D'une voix sérieuse malgré son ton enfantin, malgré la peur et la tristesse que lui causait son père depuis quelques temps, l'enfant s'engouffra dans la pièce et récupéra l'ouvrage bien avant que le Serdaigle puisse y dire quoi que ce soit.

A qui parlait-il effectivement? Une très bonne question. Il avait l'impression de sentir des présences autour de lui, mais c'était probablement faux. Il n'y avait que sa fichue gamine, et maintenant sa moldue qui lui emboitait le pas. Aileen avait probablement fait faux bond à la petite réunion de famille qui avait lieu plus loin, le cherchant, encore et encore. Jézabel était-elle d'accord? Que son mari joue les filtres d'invisibilité était déja une chose pas très polie, mais vu sa condition, personne ne lui en tiendrait vigueur. Mais Aileen aussi?

"Tiens, je le range regarde. Du coup.... Je peux rester avec toi? Je peux t'aider si tu veux..?"

Non. Il voulait lui dire non. Il préféra détourner le regard, rester silencieux encore un peu plus, ses yeux posés sur le livre que l'enfant avait effectivement réussit à ranger sur la pointe des pieds. Sa femme viendra la récupérer, ou la moldue repartirait avec elle, lui expliquant que son père était un homme occupé.

"Oui occupé, très occupé..Mais à quoi?"

"Euh...à lire?" Tenta maladroitement l'enfant, en jetant un oeil à Abbey, cherchant un maigre réconfort chez celle qui l'accompagnait tout le temps, partout. Son père avait beau lui paraître particulièrement étrange ces temps-ci, il lui manquait, ses sourires lui manquait, ses étranges explications aussi.

Un soupir comme toute réponse, le sorcier détacha enfin son regard sombre de la rangée de livres pour le poser sur sa fille. La voir lui faisait plaisir mais en même temps, c'était un rappel si cuisant de ce qu'il lisait dans ces yeux...

Et pourtant, ce fut peut-être le commentaire de la moldue qui fit pencher la balance, ou juste cet autre livre qui penchait dans son rayonnage où le mot "Yes" semblait briller de lui-même, quoi qu'il en soit, il se surprit lui-même à acquiescer du chef et à laisser un mince, très mince sourire courir sur ses lèvres.

"Tu peux rester un peu avec moi. Vous pouvez."

Sa fille avait parfaitement su réfréner son plaisir à ces simples mots, parfaite petite-poupée sang-pur bien docile et dressée. Avant de jeter un œil à sa moldue de compagnie, incluse dans le second accord de son paternel. Si elle n'avait pas pensé à demander pour elle, elle était finalement bien heureuse de compter sur cette présence en plus ici, ce soir.

"Fermez la porte." murmura le manchot la voix légèrement cassée. D'ici, on entendait pas les convives, mais cette porte ouverte..était aussi désagréable que fermée. Ils étaient maintenant enfermés ici, tous les trois, rien qu'eux trois, dans cette petite pièce -la bibliothèque était pourtant d'une taille correcte mais lui semblait excessivement petite maintenant. Eoin grimaça.

La présence des deux autres êtres lui paraissait omniprésente, écrasante. Le faisant grimacer, fermer brièvement les yeux pour se reprendre et se forcer à respirer normalement.

"On peut reparler des dragons des mers? Je ne m'en souviens plus trop. Ils savent tous voler malgré l'eau?"

Le silence était à nouveau brisé de sa voix petite voix enfantine aux accents de sérieux. Même elle, à son âge, savait user d'un prétexte pour relancer la discussion, pour alléger la situation. Ne pas rester vide comme son père le faisait si souvent, sinon elle craignait qu'il ne change d'avis. Il lui importait peu qu'elle se souviennent parfaitement de ces créatures marines, l'important, c'était lui.

"Humm.. Laisses-moi juste retrouver le bon livre."

Lire, juste tourner les pages et se contenter de dire les mots inscrits, relever les phrases, nourrir la curiosité de la gamine. Peut-être même serait-ce plaisant?

Aileen = #99ccff
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Lun 2 Oct - 19:06
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Abbey aurait pu acquiescer à n’importe quelle loufoquerie d’Aileen ce soir, pour peu d’être distraite et éloignée de la soirée que Jezabel avait organisé – Jezabel, femme impure, pêcheresse et quelque part, malgré la douceur, l’attention et le modèle que la sorcière avait pu former pour elle, il était presque plaisant de la salir ainsi de vilaines pensées pour mieux se dénouer le cœur.

Si la soirée étrange passée en compagnie de l’handicapé avait pesé lourdement sur ses pensées, la travaillant sans oser l’expliquer ni à Alice, ni même à Stan, les semaines se tissant entre cet événement et ce soir n’avaient pas été des plus reposants. La tension au sein du couple s’était comme accrue, et Abbey avait autant attendu le coup d’éclat fatal de l’épouse qu’elle ne l’avait craint. Mais décevante, comme à chaque fois, la sorcière s’était contentée d’une de ses soirées misérables en compagnie d’esclavagistes tordus. Et de sentir parfois leurs regards glisser sur elle, malveillants depuis les événements d’Avalon, elle avait cherché à fuir, encourageant presque la petite fille quand celle-ci s’était mise à demander la présence de son père.

« Monsieur doit se trouver à la bibliothèque… » Avait chuchoté Abbey, ingénue. Les questions abracadabrantes et pathétiques d’Eoin valaient bien plus à ses yeux que les remarques désobligeantes qu’on pouvait lui faire ce soir, par facilité de colère revancharde.
« C’est vrai ! » S’amusa la petite fille, enthousiaste, avant de filer. Et loin de la retenir, précisant seulement à Jezabel qu’Aileen devait certainement avoir une de ses urgences, elle s’était éclipsé à son tour. Jusqu’à entendre les voix perdues, le ton de l’enfant presque inquiet face au faciès livide du père.

Allons bon, le vieux leur remettait une crise.

« Aileen ? Nous dérangeons peut-être votre père… » Et presque pour l’attendrir, ce dernier se mit à balbutier ses imbécillités épuisées comme un sénile en fin de course. Clairement, il faisait peur à voir et l’angoisse de la fillette qu’elle devait veiller dépeignit sur elle.

Aussitôt les mains de la moldues se refermèrent sur ses épaules et soulagée de l’invitation du maitre – Jezabel ne pourrait s’en prendre qu’à lui, c’était d’autant plus parfait – Abbey assentit à son tour d’un petit hochement de tête.

« Votre présence ne saura lui faire que du bien. » Et Aileen de relancer aussitôt sur les dragons des mers – charmante petite, vive et intelligente, ne manquant jamais une occasion de faire preuve de bienveillance. Un enthousiasme qui serait bien vite brisé, dompté, affaibli cruellement. Pour l’instant, elle demeurait adorable, et c’est presque si Abbey avait des scrupules à la manipuler.

« Monsieur… » Susurra l'esclave du bout des lèvres, ne laissant à aucun moment apercevoir un relent de leur discussion d’il y a deux semaines. Figure sainte et paisible, en robe blanche et les cheveux bien peignés, elle était la poupée que tout le monde attendait. « Aileen a fait de somptueux efforts de lecture ces derniers temps. Elle est même parvenue à me lire un paragraphe tout entier. Au vu de votre fatigue, vous pourriez lui permettre de vous faire la lecture. Qu’en pensez-vous Aileen ? »

Les yeux de l’enfant s’entrouvrirent, émerveillés d’une telle possibilité de briller enfin par un talent d’adulte qu’elle avait soigneusement préparé. Puis, hésitante, sa main chercha celle de sa moldue pour lui faire ployer l’échine et trembler à son oreille d’un murmure peu certain :

« Tu es sûre que je vais y arriver ? »

Elle bégayait et son ton était insupportable mais Aileen n’avait que six ans, lui mentir était donc la seule chose à faire pour encourager cette merveilleuse tête blonde.

« La dernière fois que vous m’avez lu la comtesse et le nain rauque, vous me l’avez joué comme au théâtre sorcier, vous souvenez-vous ? En centre-ville pour les dernières courses avec madame. »
« Oh ! » Aileen rougit. « Papa ! Papa laisse moi te faire la lecture et puis j’apprendrais pour les dragons et ça sera fabuleusement inouï ! »

La dernière expression était une de ses nouvelles excentricités, d’un dialogue volé à un quelconque bouquin. La remarque finirait par lui passer mais pour l’instant, elle rajoutait un peu de charme naïf, dépiautant tranquillement ses dernières anxiétés d’enfant.

Elle était encore trop jeune pour être bafouée par l’imperfection de ses parents. A Eoin aujourd’hui de faire un effort. Et pour appuyer son propos, Abbey vint prendre place sur un coussin. Le sourire sûr, tendre.

Victorieux.



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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Ven 6 Oct - 15:28
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11 Août 2046



Le livre était lourd dans sa main. Comme si l'ouvrage décidait de lui-même de peser plus que son poids entre ces doigts meurtris, comme si le cuir et le velours de la couverture s'arrimaient à la peau sorcière qui le tenait.

Lèvres pincées, Eoin tendit le livre d'un geste mécanique à sa fille. N'avait-il jamais tenu un livre d'une main jusque là? Bien sûr que si! C'était encore une réaction fantôme, imaginée et dérangeante.

D'ailleurs les dragons ondulants sur la couvertures semblaient à tout instant vouloir s'en échapper non? Qu'est-ce qui les retenait vraiment? Tout d'un coup il les trouvait passablement horribles et terrifiants.
Ce fut peut-être bien plus cette simple constatation fantaisiste qui le convainquit d'accepter la demande de sa fille, lire elle-même quelques passages, que le plaisir pourtant présent -quelque part- de voir ses progrès.

Le potionniste s'assit dans le fauteuil le plus proche et se força à afficher un sourire qu'il espérait sinon doux, au moins encourageant.

"Je serai ravi que tu fasses cela pour moi, Aileen."

Le sourire de la gamine valu mille fois celui de son père, avant qu'elle ne tente - tout en tenant encore le livre- de rapprocher un pouf lourd. Il fallut l'aide d'Abbey pour déplacer le meuble vers le McKay. McKay qui avait un instant hésité à sortir sa baguette pour bouger le siège lui-même et éviter cette scène étrange, mais non seulement sa fille semblait très décidée, mais en plus, il hésitait beaucoup à user de sa magie ces dernier temps. Tenir sa baguette faisait réagir le moignon de son épaule. Illusion ou réalité? QUen avait-il à faire tant qu'il était persuadé de le ressentir?
Le temps d'hésiter, d'effleurer l'accessoire et de pincer les lèvres, les deux filles avaient fini leur mission et Aileen demandait à la moldue de s'assoir à non loin d'elle, sur un coussin vraiment juste à côté.

"Tu m'aidera si je me trompe, n'est-ce pas?"

La confirmation de sa dame de compagnie la rassura au plus haut point, et après avoir cherché quelques instants le chapitre qui l’intéressait le plus, elle se lança. Non sans avoir jeté un regard stressé à son paternel et commencé après une grande prise d'inspiration.

Sa voix fluette, tantôt sûre, tantôt trompeuse se mit à conter, régulièrement aidée par Abbey mais sans que ses interventions ne puissent humilier la fillette. Aileen s'arrêtait, réfléchissait, inventait parfois selon ses souvenirs et montrait les illustrations ondulantes à son père qui tâchait maladroitement de l'encourager.

La symbiose entre la petite sorcière et la jeune moldue était parfaite. Touchante même en fait. La McKay laissa naturellement Abbey prendre un peu le relais, avant de recommencer à lire elle-même quelques mots avec fierté.

Il était difficile de ne pas voir que la moldue aimait ce qu'elle lisait, que son enthousiasme était peut-être plus tempéré et discret que celui d'Aileen qui commentait  deux fois plus qu'elle ne lisait, mais bien présent tout de même.

Cela mis le potionniste mal à l'aise. De voir les deux filles si proches et si différentes à la fois, d'imaginer leurs futurs parallèles et pourtant aussi...néfastes l'un que l'autre.

Il se mordit la lèvre sans s'en rendre compte, son esprit vagabondant sur les chemins des possibles, les formes et les visages se mélangeant. Il n'écoutait plus vraiment ce qui se passait dans la pièce?

"...Pa? ... Plus que.. ? Papa?"

"Hum.. Non non. Je..." Qu'avait-elle pu dire? Heureusement, la moldue parvint à reformuler les paroles de sa fille avec douceur et pertinence. Il ricana sans s'en rendre compte, sa fille ne pouvant s'empêcher de froncer les sourcils devant cette réaction.

"Excusez-moi. Vos voix sont aussi douces que la meilleure des berceuses, au contraire."

Il hésita. Il voyait bien que sa fille était tout de même un peu vexée, un peu perdue aussi. Qu'il ait englobé Abbey dans l'histoire n'était pas le problème, l'enfant ne la jalouserait pas au contraire.

Mais la porte choisi ce moment-là pour se mettre à toquer. Enfin...on toqua à la porte à ce moment-là. L'autre moldue de la maisonnée, Eglantine, s'excusa du dérangement et entra à pas feutrés, commençant à expliquer qu'Aileen était attendue.

"Non."

La malheureuse n'eut pas le temps de finir qu'Eoin lui claqua la porte presque dessus d'un coup de magie instinctive. Qui lui fit immédiatement mal au ventre.

"Je...A moins que..tu ne veuilles y retourner?"

Balbutia t-il quelques secondes après, en voyant les visages mi-interloqués mi-amusés des deux filles. Ce n'était pas son choix à lui, il n'aurait pas dû, il n'avait pas voulu..

"Non, je suis mieux avec toi. Et puis ils disent des méchancetés sur Abbey. Je les comprend très bien. Ils mentent. N'est-ce pas?"

D'un début ferme, elle avait fini sa phrase sur un ton de petite souris, les yeux passant d'Abbey à son père, cherchant la confirmation chez ce dernier.

"Évidemment."

Quand à ce que ce ils avaient pu dire, il n'en avait aucune idée. Eoin s'était si peu mélangé aux autres sorciers depuis son incident. Il n'avait pas souhaité lire les journaux, s'isolant davantage, se protégeant. Il y avait bien Vivienne qui avait réussit à lui glisser quelques mots sur le danger des moldus, leur sournoiserie, lorsqu'elle était venue le voir -de force- mais la sorcière avait toujours était sensible...
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Mer 18 Oct - 21:37
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L’assentiment du père fit flancher le désastre à venir mais même si, heureuse de l’aubaine, Abbey n’allait certainement pas répudier à cette activité inattendue, le simple fait d’avoir à déplacer un pouf avec une enfant de six ans, quand son inactif de géniteur disposait d’une baguette, la fit grincer des dents subtilement.

« Tu as mal ? » Demanda Aileen de sa petite voix douce et rien que pour son ton sincère, rien que pour l’amour qu’elle y mettait, la petite fille encore loin des pressions exercées par sa propre société, soigneusement protégée dans un univers fait de caresses et de liens exacerbés, lui rendit le sourire.
« Vous êtes déjà bien plus forte que moi. » Souffla Abbey pour toute réponse. Et sa pensée heureuse disparue, crevée comme une bulle de savon.
« C’est parce que je suis sorcière, hein Abbey ? »
« Certainement. » Petite fille, qui critique la méchanceté des autres mais ne se rend pas compte de ses premiers propos. Qui se dit, sans doute, qu’être moldue c’est être bien plus fragile et qu’elle-même est déjà grande. Bientôt, la magie ruissellera hors de ses doigts et on viendra la lui prendre pour faire d’elle une étudiante de Poudlard. Personne ne lui racontera jamais l’histoire du Calamar, ou alors juste pour la faire rigoler. Elle grandira, elle oubliera.

Et elle alors ? De qui sera-t-elle la domestique de qui, en attendant qu’Aileen la récupère pour ses propres enfants, comme ça se faisait parfois. Jezabel et Eoin McKay étaient sans doute trop vieux pour engendrer d’autres rejetons. Et qui sait si le ou la suivante n’en serait pas plus difficile, avec le temps ?

Bonne question.

C’est ainsi, dans ce trouble, qu’elle s’installa un peu derrière l'enfant, profitant de l’instant de paix pour s’occuper à démêler les cheveux de l’enfant avec ses doigts. Les caressant plus qu’elle ne les coiffait, rattrapant un mot, une phrase, une variation trop compliquée pour ses yeux innocents. S’extasiant à son tour sur les mouvements des dragons au fil des pages – une chose qu’elle ne pouvait extraire de son âme : cette once de fascination à l’égard de ce monde cruel et implacable.

Puis la tête d’Eoin se pencha légèrement et le mouvement leur fit dresser le menton. Aileen, appliquée, se redressa d’inquiétude. Et Abbey posa sa main sur l’épaule de l’enfant, en soutien indéniable.

« Aileen vous demandait simplement s’il était possible pour un dragon des mers, de vaincre un boutefeu par exemple… A mes yeux, je pense que oui. »
« C’est très fort un boutefeu pourtant… » Chuinta Aileen, dépitée de l’ignorance de son père.
« Mais un dragon des mers l’est d’autant plus… » Le compliment sur sa voix la laissa passablement indifférente mais prenant la perche tendue par ce sorcier pitoyable, Abbey fit un clin d’œil à Aileen. « Voyez comme vous vous appliquez. Vous arrivez à le bercer, et le repos fait toujours du bien. »
« Ah ? »
« Oui. Si cela avait une histoire avec des personnages, votre ton aurait changé, mais vous êtes aussi sérieuse qu’un professeur de Poudlard. »

La comparaison fit trépigner la fillette. Mais leur enthousiasme fut presque aussitôt rincé par les coups sur la porte. Péniblement, Abbey se tourna, s’attendant à voir Jezabel, mais bien évidemment, la sorcière n’aurait pu quitter la fête sans provoquer quelques remous. Aussi ce fut le profil servile d’une autre moldue qui apparut. Celle-ci n’était même pas de la NI. Entièrement dévouée à la cause des sorciers. Abbey ne pouvait pas se la piffer.

Et comme si Dieu lui-même l’avait entendu, la porte se referma sur le nez de l’innocente. Provoquant chez elle comme chez Aileen un sursaut involontaire. Le Non d’Eoin avait claqué, ferme et décisif. Et dans cette réponse, la blonde sentit la nausée l’envahir. Elle avait souhaité du mal à Eglantine et Dieu y avait répondu par l’attitude détestable des sorciers.

C’est Jezabel qu’il souhaitait renvoyer. C’était à la moldue qu’il venait de s’en prendre.

Il aurait pu lui casser le nez, murmurèrent ses pensées effrayées. Et Abbey oublia toute victoire. Laissant Aileen répondre, heureuse de demeurer encore à l’abri des commentaires ignobles de la communauté dont elle faisait partie sur sa …

Sur son esclave. Pas sa dame de compagnie.

Ton père vient de faire exactement comme eux, songea Abbey, furieuse et déçue. Et tu ne t’en rends pas compte, ma pauvre.

« Ils ne mentent pas tellement Aileen. » Corrigea Abbey, soucieuse d’apporter une nouvelle claque froide au maître qui se traînait, avec ses réponses toute faites et son désastre désespoir. Elle le haïssait. « Je suis une moldue, je ne peux pas faire grand-chose sans que vos parents ne m’en donniez l’autorisation. Je ne m’en plains pas. Je suis ravie de servir une si grande maison. Mais je reste possiblement désagréable pour certaines sorciers, ou sorcières… »
« Désagréable ! » Bondit Aileen, refermant le livre. « Mais tu es gentille et tu coiffes bien et tu lis bien et tu maquilles bien… Aussi… parfois… » Un regard à son père. « Ce n’est pas vrai que tu es désagréable. »
« Certains sorciers, ou sorcières, n’aiment tout simplement pas les moldus. Parce que les moldus ne sont pas valables aux sorciers et aux sorcières. »
« Oui. Oui mais. Mais…. »

Mais quelque chose clochait. L’amour la rendait presque équitable. Pourquoi une telle distinction, quand son cœur d’enfant n’en faisait pas tellement.

« Ne vous mettez pas les nerfs, Aileen. Cela ne me fait pas de peine. »

Cela me rend furieuse.

« C’est ainsi et c’est très bien. Voulez-vous continuer à lire ? »

Débarrasse nous de cette conversation ou ton père va crever sur place (Ah, si seulement).



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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Mer 25 Oct - 21:54
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11 Août 2046



Avait-il pensé que la discussion sur le sujet s'arrêterait là? Peut-être. Probablement. Non, en fait il n'avait surtout pas pensé grand chose. Mais certainement pas que la Moldue elle-même prendrait ainsi part à la discussion pour défendre l'idée de dangerosité de son espère. Ou du moins la réalité, qu'ils dérangeaient toujours, après tout ce temps.

Eoin en restait bouche bée. Un peu perdu aussi. Étrangement perplexe et agacé. Devait-il intervenir? Pour quoi faire? Il avait été convenu voici bien des années que ces créatures inférieures l'étaient, dangereuses. Pour elles-mêmes, pour la Terre, pour les sorciers. Les récentes attaques le confirmait. Mais pourtant, personne parmi les sorciers ne les voyaient vraiment ainsi, rien de simples esclaves malléables, dommageables, exterminables. De la vermine qu'on manipulait, modelait et qu'on chargeait des tâches qu'eux ne voulaient plus gérer. Qui entraient dans leurs maisons mais qui n'était que de nouveaux meubles, d'autres elfes plus agréables à regarder. Avec peut-être encore moins de liberté.

Il n'aimait pas la tournure que cela prenait. Le potionniste se sentait mal à l'aise devant la scène que les deux filles jouaient et pourtant, il ne parvenait pas à intervenir. N'avait-il pas toujours poussé sa fille à se questionner justement? A être empathique? Il aurait du être heureux. Alors pourquoi ce malaise?

Peut-être la critique qu'il lisait dans les propos de la moldue? Des esclaves sans aucun libre arbitre ou presque dont ils avaient courbé l'échine par la force, puis par l'éducation. Comme pour n'importe quel animal apte à évoluer ainsi. Mais était-ce la réalité? Osait-elle vraiment en parler à mots couverts? Eoin en était..Non il avait du mal comprendre. Son esprit embrumé lui jouait des tours.

"Abbey est une bonne moldue et personne ne lui fera de mal, Aileen."

Personne? Quid des sorciers qui pouvaient la prendre à parti lors de ses jours de congés et simplement payer un dédommagement à la famille Mckay? Ou..d'eux? N'était-ce pas sa faute, leur faute, si la moldue précédente était morte? Elle serait peut-être morte sans vivre dans leur famille, mais en l’occurrence puisqu'elle vivait ici, ils étaient responsables non?

"Promis, Papa?"

"Je..oui. Je veillerai sur elle, Aileen." Son regard effleura celui d'Abbey, avant de s'en détourner. Une sotte promesse qui l'accablait en fait, même si le sourire de sa fille ne le lui fit presque pas regretter. Malgré les ombres dans les recoins de la pièce qui, elles, ricanaient.

Il avait envie de leur crier de le laisser en paix, que ce n'était que des mots, qu'il était déja à peine capable de discourir alors davantage...

"Alors, je vais continuer de lire." murmura l'enfant d'une voix un peu plus rassurée en reprenant son livre, partageant un grand sourire avec sa dame de compagnie. Elle n'avait pas encore tout compris à la discussion, mais si son père s'en occupait, c'est que tout allait aller bien non? Elle pouvait enfin profiter un peu de lui s'en qu'il ne s'éclipse et les dur mots des adultes s'éloignaient.

Aileen reprit sa lecture, accompagnée par la Moldue dont la voix ne trahissait nullement les sentiments qui pouvaient l'habiter.

Avait-il rêvé ce moment d'émancipation? Ces paroles étranges? Avait-il vraiment envie de se pencher sur le sujet? N'était-il pas assez occupé avec lui-même? Ses mâchoires se crispèrent. Etait-il capable de s'y atteler?

Le potionniste se mordilla doucement la lèvre, le regard dans le vague, bercé par les voix féminines. Jusqu'à s'endormir réellement au détour d'une page, le souffle bas mais les traits tirés.

Lorsqu'elles quittèrent la pièce sur la pointe des pieds, même leurs chuchotement ne le réveillèrent pas.

En se réveillant, bien plus tard, Eoin n'était plus trop sûr d'avoir vraiment partagé cet étrange moment avec elle. Mais la couverture remontée sur lui, ça, il était plus que certain de ne pas l'avoir mis lui-même. Enfin sûrement. Il n'était plus sûr de grand chose le concernant en fait.
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Mer 25 Oct - 22:46
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Puis la colère disparue, délavée par un chagrin indéfinnisable, une étrange déception comme une dague plantée dans le cœur ou un de leurs affreux sortilèges. Abbey avait choisi la soumission, autant pour feindre que pour obtenir une réaction du maître et quelque part, Eoin y avait répondu exactement comme elle l’avait espéré : dans sa couardise mensongère, dans sa gentillesse factice et feinte avec une dose de mépris sans doute accidentel.

Abbey est une bonne moldue Aileen.

Abbey est une bonne chienne. Le genre d’animal qui vous lèche les mains même si vous continuez à frapper. Qui dressera toujours l’oreille à l’ordre. Qui continuera de sourire et d’être la poupée soignée que tout le monde attend. Celle qui ne fait pas de vague et qu’on n’a plus besoin de dresser. Celle qui est allée à la bonne école quand elle était petite au point de ne voir que ce modèle-là, des dominants et des oppressées, à en oublier celui qui l’avait fait naître, d’une famille aimante sans doute abattue dans quelques tranchées.

Loin de répliquer ou de chercher la fierté, elle se contenta de baisser le nez sur le livre. De ravaler le nœud entravant sans gorge et menaçant de lui piquer le nez – quoi, elle n’allait pas non plus chialer pour cette ordure ? Eoin McKay était un sang-pur et ce genre de paroles n’allait pas se raréfier. Il se pensait honnête et sans doute même aimable.

Mais si Abbey osait le moindre geste, la moindre parole de menace, tout cela se briserait car il lui fallait apprendre à rester à sa place. Ce n’était ainsi que les choses fonctionnaient, dans leur système abject. Chacun son rang, chacun son discours et les apparences seraient protégées.

Soudain, elle fut fatiguée. Fatiguée de crier et de se battre. Fatiguée de lutter contre cette hierarchie mise en place – à quoi cela la ménerait-elle ? Un premier combat de flamboyance et une mort aussi pitoyable que son existence, certainement.

Elle ne survivrait pas longtemps car tel n’était pas son dessein. Si Jo n’avait pu survivre dans cet ouvrage méticuleux que Dieu avait pensé pour eux, alors qui était-elle au sein de la Guerre Sainte ?

La respiration d’Eoin fut profonde, endormie. Et la voix d’Aileen s’interrompit dans son texte pour le fixer, avec une patience presque maternelle, elle qui n’était encore pourtant qu’une enfant.

« Papa est fatigué. » Chuchota-t-elle et Abbey hocha la tête, doucement.
« Nous le sommes tous je crois. »
« Si on monte, maman va nous gronder d’avoir encore évité les invités. »
« Je sais Aileen, mais vous n’avez pas vraiment le choix. »
« Je voudrais rester là pour toujours tu sais… »

Et chagrinée, encore marquée par leur discussion qu’une partie de son esprit juvénile n’avait pas encore abandonné, Aileen lui prit la main, la serrant si fort qu’Abbey ne pouvait que s’attacher à cet ancre et revenir à son regard. Le soutenant, comme on lui avait toujours interdit de le faire. Voyant en cette petite fille l’éclat malade et ensommeillé de la pauvre Térébenthine.

Des enfants de monstre mais des enfants quand même. Et quand Aileen lui sourit, l’absence d’une de ses quenottes lui pinça les commissures.

Ah, elle aurait voulu être plus sèche.

Je vais te tirer les cheveux, ou te mettre les poux dans la tête. Je veux te pincer jusqu’à te faire pleurer, et me venger par ses bassesses de tout ce que mon monde me fait.

« Toi moi et papa enfermés ici et plus rien, jamais, pour nous faire du mal. »

Alors préservant cette cohésion qui finirait vite par disparaitre, Abbey lui souffla qu’elle était une gentille fille – gentille moldue – gentils rêves – et se leva pour l’attirer à elle. Il n’y eut, ni baiser, ni caresse, ni enlaçade. Juste son visage un peu plus tendre et la relativité accidentelle d’une petite fille prête à réaffronter les codes qu’on tendait à lui faire avaler.

Ainsi elles sortirent sur la pointe des pieds. Elles auraient pu, ainsi, s’évader de ce monde.



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ce message a été posté Dim 5 Nov - 23:05
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03 septembre 2046



Était-ce une bonne idée? Indéniablement. Probablement. Possiblement.
Il n'en avais pas discuté avec Jézabel, elle n'aurait pas pu comprendre, aurait essayé de le faire changer d'avis, n'aurait pas comprit ses arguments, elle l'aurait peut-être même traité de fou. Ce mot qui suintait de ses lèvres depuis trois mois sans qu'elle n'ait encore osé le le lancer. D'autres l'avaient pourtant bien fait, mais sa femme restait forte. Et sa force le rassurait autant qu'elle l'effrayait à vrai dire. Elle l'avait tant soutenu ces derniers temps, tant tenu contre elle malgré le monstre inutile qu'il était devenu, tant gardé le silence fasse à ses crises de colères et aux voix qui sussuraient à la périphérie de son esprit. Et pourtant il savait qu'elle lui en voulait. De lui imposer d’être la femme d'un homme dont elle ne pouvait ignorer l'existence, que la société observait de son œil morne et fade. De refuser d'être à nouveau l'homme qui partageait sa vie, son foyer, son lit. Elle devait forcément lui en vouloir, les drapés eux-même le savait et claquaient leur désapprobation sur son passage.

Mais elle aussi le soutenait. Elles le soutenaient. Jézabel. Aileen. Et Abbey. En était-il réellement conscient concernant cette dernière? Conscient de l'importance que les paroles de la petite moldue avaient pour son esprit errant? S'il recherchait de plus en plus régulièrement la présence de la petite blonde, s'il acceptait de plus en plus sa silhouette et ses paroles d'un maigre sourire ou d'une pensée agréable, il n'y réfléchissait pas plus que cela. Il passait maintenant presque plus de temps dans le manoir qu'elle, c'était bien normal non? En plus du fait que quelque part, il avait l'impression de réaliser ainsi deux promesses en une seule... Celle fait à Aileen la concernant et celle faite à lui-même après la mort de l'ancienne petite Moldue. Ce n'était rien qu'un peu de sentimentalisme salvateur couplé à une habitude involontaire. Un petit moment de lumière dans les ombres qui l'englobaient constamment et dont il avait toujours trop de mal à se défaire.

Non, il ne le dirait pas à Jézabel, cela serait inutile. Et cette inquiétude avait eu tôt fait de disparaître de son esprit. Engloutie par le reste.

Par d'autres inquiétudes, d'autres doutes. Par un frissons qui s'enroula autour de sa nuque, faisant virevolter ses mèches désordonnées dans l'obscurité de la nuit. Le temps commençait à se rafraîchir, mais surtout, il était à peine sortie depuis..depuis..ça. Même dans la nuit noire. Cela se comptait sur les doigts d'une seule main. Ce qui tombait bien, vu qu'il n'en avait plus qu'une.

Un ricanement grinçant s'échappa de ses lèvres à cette pensée accompagné d'un fantôme de sourire. Juste avant qu'il n'entende la voix d'Abbey dans son dos.

"Je présume qu'Aileen dort à poing fermés?" Pas si elle s'était bien endormie ou si elle avait demandé à le voir. Pas de savoir si les cauchemars que l'enfant faisait encore parfois de son père et de ce qu'elle avait entendu de l'attaque d'Avalon étaient revenus. Non, il n'arriva pas encore à se faire plus tendre. Cela lui demandait déja tant de s'enquérir ainsi...

"Ne perdons pas de temps alors. Si je t'ai demandé de me rejoindre ce soir, c'est pour te donner quelque chose. Pour Aileen. Et toi. Pour votre sécurité."

Se retournant enfin, il observa la Newton d'un air calculateur, comme cherchant à la jauger une nouvelle fois, lire en elle avant d'agir. Elle semblait si fragile, si fantomatique... Cela suffit à le convaincre une ultime fois.

"Prends-ça"

Enfouissant sa main dans la profonde poche de la cape qu'il portait - remplaçant parfois les robes de chambre qu'il s'évertuait à porter comme une âme en peine- il en ressorti un étui de cuir ouvragé qu'il déposa dans la main d'Abbey, un vague sourire en coin devant sa mine incertaine.

"Il contient trois fioles. Pour vous protéger Aileen et toi."

Il lui fallait ces potions. Elle en avait besoin, elles en avaient besoin. Et lui aussi. Dès lors que les mots fatidiques avaient passé ses lèvres, un énorme soulagement l'avait envahit. Il agissait et cela faisait un bien fou. Il agissait et il protégeait ainsi sa fille du pire. Et la moldue.

S'il avait pendant un moment tourné en rond avec sa propre malédiction, l'attaque d'Avalon avait révélé d'autres peurs, d'autres gouffres. Si lui était un mangemort et donc en première ligne, ce jour-là ils n'avaient pas été les seuls touchés et... Sa fille pouvait aussi l'être. Et qui était en permanence à ses côtés? Pourtant incapable plus encore que lui de l'aider si le pire arrivait alors qu'elles se retrouvaient seules?

Inspirant l'air frais et humide de la nuit, jetant un œil aux ciel étoile légèrement voilé de brouillard, Eoin se sentit revivre un infime instant.

Maintenant il fallait expliquer à la sans-magie ce que faisaient chaque potion, comment les utiliser et surtout comment les différencier. Sinon ce ne serait qu'une grossière erreur.
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ce message a été posté Lun 6 Nov - 12:49
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Dans la plupart des contes, les rendez-vous nocturnes débouchaient bien souvent sur de langoureux baisers et des retrouvailles passionnées entre deux amants tenus par le sceau du secret. Mais à voir se profiler le pif racé du McKay, Abbey sentit la fatigue l’envahir et frissonnant de froid à ce début de mois de septembre, referma sur ses épaules les pans d’un châle non magique, essayant de trouver un peu de réconfort sous le coton raffiné du tissu rose.

Avait-elle peur ? Peut-être un rien. Souvent elle avait senti les regards du sorcier s’attarder sur elle et ses sourires, présomptueux mais étrangement sincères, la hantaient désormais. Elle aurait voulu pourtant s’attacher à sa haine de lui comme un chien à sa laisse mais se surprenait parfois à craindre autant pour la vie d’Aileen que pour la sienne propre. Les attentions d’Eoin McKay la perturbaient. Ce qu’elle avait cru être un rien de pitié, comme si son handicap l’avait rapproché de sa condition – réflexion stupide s’il en est – s’était avéré au fil du temps comme une arborescence gangrénant la maison. Jézabel le sentait sans parvenir à mettre le doigt dessus et tentait, dans son instinct de femme comme de ménagère, de les écarter. Seulement, Eoin revenait toujours. Et ce soir, Abbey en était persuadée, le grincement de porte dans son dos la nuit où, avant de se coucher, elle s’était mise à prier au pied de son lit, ne pouvait venir que de lui.

Mais comment le prouver et comment expliquer clairement cet espèce de nuage empathique dans lequel le maître semblait désormais flotter ? Comment expliquer ces actions et ces propos aberrants. Comment expliquer, ce soir, cette invitation ?

« Maître, vous vouliez me voir ? » Demanda la jeune fille de sa voix un rien nerveuse. Avant de se faire ensevelir par l’ombre démesurée de son propriétaire.

Ce fut pire qu’attendu. Ce fut pire qu’escompté.

Quand la main d’Eoin bascula vers sa poche pour en tirer la sacoche, quand sa voix forma le propos audacieux d’essayer de la protéger, Abbey recula d’un pas.

Non, elle ne pouvait l’accepter. C’était une idiotie doublée d’une inconscience folle. Et bégayant, non plus de rage mais de tristesse, se sentant comme une fourmi désoeuvrée sur son rocher au milieu d’un torrent toujours plus impétueux, elle abandonna sa colère et ses insultes pour juste repousser son cadeau et lui saisir le poignet.

Tant pis, si elle crevait. Tant pis si le geste lui valait une punition. Il fallait lui ouvrir les yeux.

« Vous vous rendez compte de ce que vous faites monsieur ? Vous vous rendez compte de ce que vous êtes entrain de créer ? Si on m’attrape avec des fioles de potion mais je risque avant tout d’être en danger ! Comment pourrais-je prétendre à défendre votre fille si ce n’est en sacrifiant ma propre vie pour sauver la sienne ? Pensez vous honnêtement que j’aurais le temps de lui faire avaler quoique ce soit et si j’arriverais à me rappeler l’utilité de chaque potion ? Est-ce que madame Jezabel est au courant ? Elle ne l’est pas, n’est ce pas ? »

Se mordant la lèvre, le cœur blessé de se laisser ainsi attendrir par ses piteuses stupidités, Abbey tenta de retrouver sa force et sa hargne. Elle chercha, en sa mémoire, chaque propos prophétique de Jo et chaque insulte de Stan. Se remémora le visage d’Alice, congestionné par la douleur des entrainements mais hardie de frapper encore et encore. Et chacun de ceux de la Nouvelle Inquisition qui comptait sur elle.

Mais ce soir-là, même le visage de Durham ne lui apporta aucune aide. Et sous la lune, ce fut à Dieu qu’elle s’en référa.

Dieu et ses projets mystérieux.

« Reprenez pied maître avant qu’on ne vous accuse de trahison. Vous ne devez pas donner de potions à votre moldue même si votre pensée est pour votre fille… vous savez, vous avez vu. Je ne m’en remettrai donc qu’au seul qui puisse nous protéger elle et moi tant que j’ai la foi. »

Et avec un peu de chance, Aileen serait épargnée du génocide. Et avec un peu de chance, elle formerait ce bastion idyllique de sorciers repentants comme les égyptiens ayant accompagné Moïse dans le désert. Oh ils étaient en petit nombre mais ils existaient tous bel et bien.

Relâchant le poignet d’Eoin elle essaya de lui sourire. Sans s’expliquer pourquoi.

« Ayez la foi, maître. Dieu n’est pas sans magie, Dieu n'est pas sans miracles. Dieu n’est pas sans être bénéfique. Il peut l’être pour chacun d’entre nous. »





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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Mar 7 Nov - 2:27
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03 septembre 2046



La main de chair se referma sur son maigre poignet comme au ralenti alors qu'un hoquet de stupeur mourrait dans sa gorge, alors qu'il ne put arracher son regard de cette main pâle qui le brûlait autant qu'elle le glaçait. De par sa proximité, sa chaleur, la palpitation des veines qui se partageaient entre les deux corps, les deux peaux. Ce sang si semblable et si inexorablement différent. Depuis combien de temps n'avait-il pas touché un moldu? Avait-ce déja été le cas un jour?
Pire, depuis combien de temps ne l'avait-on pas touché ainsi, sans le prévenir, sans attendre son accord, accord qui venait que trop rarement tant cette intimité l'effrayait dorénavant?

Sa gorge en fut asséchée, ses forces drainées, et il se sentit vaciller sur tous les plans, sentant le fourmillant familier de la magie courir sur sa peau.

"Non.." murmura t-il dans un soupir, se faisant écho des paroles de la moldue, de sa tristesse, de leur faiblesse.

Non, il ne voulait pas l'écouter. Non il ne voulait pas la blesser. Pas comme ces quelques autres fois où, aussi vulnérable et chaotique qu'un enfant, il avait usé de magie sans baguette sous le coup des émotions.
Fermant brièvement les paupières, il la sentit refouler aussi vite qu'elle était apparue. Laissant derrière elle ce mélange de sentiments contradictoires, cette boule que le geste et les mots d'Abbey formaient en lui.

Le potionniste s'était senti fort, grandit, de son choix et voilà pas qu'elle le refusait? Refusait le cadeau - pas tout à fait désintéressé - qu'il lui faisait? Écrasant ses espoirs, le mince filet de lumière qu'il avait réussit à mettre si difficilement en place?

Faire ces potions lui avait presque autant coûté que de réussir à penser à autrui. Le savait-elle?

Le bruissement des feuilles murmura dans un coin de son esprit, une branche craqua tandis que la moldue parlait, parlait, parlait encore. Se diminuait. Se moquait. Se protégeait. Le protégeait.

"Je..."

Son esprit ne parvenait pas à assimiler ce qu'elle avançait, cherchant sans grande efficacité à ne pas se noyer dans la situation. Agrippant quelques mots, les haïssant autant qu'il les faisait sien. Les rejetant aussitôt.

Et toujours cette brûlure.

Puis ce vide immense quand elle lui lâcha enfin le poignet, la petite escarcelle toujours au creux de sa main.

Le sorcier vacilla, littéralement, se rattrapant sans grande classe au petit muret de pierre ouvragée dont l'ombre semblait s'étirer plus encore que celles des deux humains. Était-ce lui, ou Abbey qui l'avait réellement soutenu? Qu'importe. Les prunelles sombres du McKay brillaient intensément, sans quitter la servante du regard, la regardant dans les yeux. Difficile de dire dans cette obscurité si c'était uniquement la force de son sentiment qui leur donnait cet éclat ou si ses émotions étaient devenus plus physiques. Il s'en fichait, ne s'en rendait de toute manière pas compte.

Puis il glissa. Littéralement, se laissant fondre contre ce mur fait d'obscurité, se retrouvant assit dans l'herbe humide d'un "pof" étouffé. Regardant de ce fait, la petite esclave de bas. Un détail sans importance tant il essayait juste de sortir la tête de la marée qu'elle avait relâché sur lui.

"Ta foi ne m'aidera pas, petite Abbey, ton Dieu a bien trop à faire pour s'occuper d'une vieille carcasse malsaine comme la mienne."

Il ricana. Lugubre. Sa Foi, il l'avait découverte par hasard, son esprit avait ensuite fait le lien avec certaines paroles de la sans-magie. Etonnant, déroutant, il avait hésité à en parler à Jézabel. Mais cela aurait été condamner la gamine à coup sûr. Pour une stupide croyance! Il avait déja bien fait assez de mal à son espèce, pas besoin d'en rajouter. Même des sorciers pouvaient être croyants même si ce n'était pas la norme, alors pourquoi pas elle? Tant que ça restait sans conséquences...

"Si c'est uniquement l'aval de Jézabel que tu veux, je l'aurai."

Le cuir du petit sac était rugueux et dur dans sa main. Pas comme le contact plus tôt autour de son poignet. Plus serein, plus vide aussi.

Quand aux autres...A cette société qui l'etouffait et qui suintait jusque sous sa porte, il avait envie de la faire taire à jamais. Envie de crier à Abbey qu'elle se trompait. Que tant d'autres Maîtres confiaient de nombreuses tâches d'importances à leurs esclaves et que personnes ne trouvait à y redire. Il ricana.

"Je suis Sang-Pur, Mangemort depuis ma sortie de Poudlard, potionniste renommé, martyr de la nation, dommage collatéral de notre cher Ministre. Qui oserait trouver à redire que je force ma moldue à protéger ma fille avec quelques potions inoffensives? Personne."

Il savait qu'il avait raison. Pour le pire et le moins pire. Il avait listé l'ensemble d'une voix rauque, d'un cynisme teinté répugnance mais d'une implacable réalité.

La mention de sa participation au projet Filet du Diable avait faillit y passer aussi, mais quelque chose l'avait retenu. Qu'il l'ai déjà mentionné peut-être une autre fois n'était pas important, les autres fois il...n'avait pas l'esprit aussi clair que maintenant. Même si les choses ne semblaient pas tout à fait à leur place pour autant pour quelqu'un d’extérieur.

"Une potion pour soigner, une potion pour se dissimuler. Je garderai celle du Periculosus... Je la changerai pour une potion faite pour alerter."

Un autre temps il aurait conservé la mention de la potion du rosier, autant faite pour entraver que blesser, pour lui, préservant son égo face à la clairvoyance d'une simple moldue. Mais cet Eoin était bien trop loin, bien trop vide, bien trop las.

Arrachant la fameuse potion de ses comparses, il la lança au loin dans le jardin, un craquement dans l'obscurité révélant la fiole brisée, rapidement accompagnée d'un bruissement végétal, les ronces fleuries agrippant tout ce qu'elles trouvaient pour pousser, grandir et éclore dans la nuit. Quelques reflets de la Lune en cueillit les pétales.

"Prends-les. S'il te plaît. Laisses-moi agir. Laisses-moi vous protéger."

Une supplique sèche, lourde, pleine tant d'hargne que de douleur, de perte et d'espoir. Il n'avait que faire de la forme de sa demande, seul le fond comptait. Il n'avait pas la force en cet instant d'être menaçant. Pas l'énergie. Ni l'envie. Ni la capacité à s'en rendre compte.
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Mar 7 Nov - 11:31
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Et soudain, l’inversion.




Comme vaincu par le glaive de ses mots autant que par son geste, Eoin se soumettait ainsi à sa propre fatigue de pêcheur, cherchant sa présence comme le salut, de ses yeux sombres levés vers elle. En aucun cas, à aucun moment de sa vie Abbey n’avait pu assister à cette scène et sa formation infantile d’esclave domestique n'en avait, d’ailleurs, jamais fait mention.




La fragilité possible, physique et morale des sorciers était de fait in tabou trop grand. Et elle sentit soudain sur elle, sur ses épaules, toute la puissance d’un rôle qu’elle avait toujours envié : celui du pouvoir, celui du contrôle.




Elle pouvait tout faire à cet instant – Avant la punition, avant le fléau. Elle pouvait autant rire de lui que le piétiner. Elle pouvait retirer son châle et essayer de l’étranger.




Mais Abbey n’était rien face à la miséricorde de Dieu et quand Eoin s’en sentit abandonné ce fut doucement qu’elle murmura :




« Je vous dis, qu'ainsi il y aura de la joie au ciel pour un seul pecheur qui se repent, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. »




Sa gorge se noua sous l’aveu. Il avait été mangemort et peut être, à son âge, avait il même aidé à la capturer quand elle n’était encore qu’une petite fille sans mémoire, emportant de son côté ses propres parents, maman newton et papa newton dont elle s’imaginait parfois deux pantins bienveillants aussi clichés que ses contes.




On ne lui avait jamais appris à avoir besoin d’une famille, la sienne propre. On avait bridé en elle toute nostalgie, tout amour propre mais l’instinct n’avait pas besoin de souvenirs pour concevoir le regret d’une vie normale. Les sorciers en étaient l’exemple malgré les mariages arrangés. Sous leur nom, ils se soutenaient et s'entraidaient et même, Seigneur Jésus, s’aimaient et se protégeaient.




La Nouvelle Inquisition lui avait permis d’obtenir ces nouveaux repères mais cet âme éperdue qu’elle aurait dû appeler maître, que tentait il de faire par son propre abandon, tendant vers elle sa main valide armée de la sacoche de potions ?




Il n’en restait plus que deux désormais et le regard tourné vers l’ombre des roses rampantes au plus loin, se sentant aussi puissante que prisonnière, Abbey renonça.




Attrapa la sacoche. Et pire que tout, vint poser deux doigts sur le front d’Eoin McKay.




« Dieu est assez grand pour veiller sur tous ceux qui ont besoin de Lui. Il entend l’appel et est bon dans Son essence. Ne vous détournez pas de Son jugement car c’est ainsi, dans la lumière divine de vérité sur vous serez pardonné. Alors pardonnez vous maitre. Il n’est jamais trop tard pour recommencer un nouveau chapitre et agir de bonne manière. »




Pouvait elle le tirer à elle, comme l’amarre d’un navire prêt à périr sur les flots du chaos ? Abbey l’ignorait mais il était de son devoir de croyante d’être digne des attentes de Dieu.




Si elle était Son arme, elle pouvait aussi prétendre à être Sa voix.




Laisse lui savoir que celui ou celle qui ramènera un pécheur de la voie où il s'était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés.




Abbey abandonna son front et plaquant la sacoche contre sa poitrine, hésita une dernière fois à l’aider et claqua, presque sèchement.




« Sentez l’aide de Dieu quand vous vous relèverez. Il est celui qui marche à vos côtés. »




Et dans la nuit étoilée, sous le silence de l’herbe et du miracle, s’en fut aussitôt en courant.



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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Dim 12 Nov - 17:36
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31 octobre 2046



Qu'avait-il fait? Qu'était-il devenu?

Le reflet que lui renvoyait le miroir était aussi dérangeant qu'hypnotisant et pourtant la douleur était là, si forte mais si présente et ...réelle. Courant dans ses veines, tirant sur ses nerfs. Et dont il ne pouvait détourner les yeux.
Elle existait, elle était la preuve même du choix qu'il avait enfin fait.

Des choix. Le bras mécanique qui vrillait le long de son épaule jadis évidée et pathétique semblait représenter tout ce qu'il était devenu, symboliser tant sa transformation physique que psychique. Morale. Une greffe qu'on ne pouvait omettre, encore imparfaite et qui devait gagner en sureté. Du renouveau vacillant mais qui ne pourrait être oublié, greffé sur son ancienne carcasse, sur ses démons et ses doutes. Qui demanderait encore patience et expertise. Dont il ne savait toujours pas si cela était vraiment une bonne idée mais dont il ne se voyait absolument pas faire marche ailleurs.

Concernant sa prothèse, concernant sa responsabilité quand à la société, concernant cette culpabilité qui le rongeait depuis bien trop longtemps.

Il n'avait pas pu tuer la basique lorsqu'il avait fait le lien avec ce que son horrible tatouage dissimulait. Il ne pouvait rajouter un meurtre de plus à sa conscience.
Pire, il lui avait promit le silence. Folie, pure folie. Mais qui étrangement, bien que le tourmentant plusieurs nuits - il avait voulu lever un peu le pied sur les potions, sotte idée- l'avait aidé à se sentir plus léger. Pas plus stable, non non non, mais plus sur de lui. Moins...invisible.

Petit à petit, Eoin McKay reprenait pied dans la réalité, acceptait à nouveua d'en respirer l'air, d'y mouvoir son corps et plus encore, de la modifier sciemment.

Jézabel était ravie de son évolution bien qu'étrangement, elle l'enjoignait à ne pas en faire trop, à se préserver. Avait-elle notifié les remous de son âme? Les ombres qui se bataillaient à la surface de son épiderme? Ou juste le regard étrangement vide qu'il avait posé sur le Ministre lorsque ce dernier avait été le premier à lui serrer sa magnifique main mécanique bourrée de cette extraordinaire magicotechnologie ?

Même à travers le métal insensibilisé de ses rouages, le Serdaigle avait perçu la froideur de son geste. La vacuité de son sourire et de ses mots.

La migraine pointa dans un coin de son esprit, le forçant à fermer les paupière, supprimant la vision de son autre lui qui se reflétait dans le miroir.

Une partie de lui avait envie d'arracher ce bras et tout ce qu'il représentait. De se draper à nouveau dans sa robe de chambre, ce bout de tissu si confortable qui avait été sa plus fidèle compagne ces derniers mois.

Au lieu de cela, le Sang-pur avait quelques heures plus tôt observé son autre bras, celui encore fait de chair, de véritables nerfs et...De sa marque.

Le ministre avait beau s'être royalement foiré avec son sort, il n'avait tout de même pas été jusqu'à supprimer un bras où se tenait la Marque de ténèbres. Il y avait des limites à tout évidemment.

Eoin avait ricané plusieurs fois à cette pensée. Mais ressentir à nouveau cette dernière si vivace courir sur sa peau. Cela l'avait prit au dépourvu. Rendu mal à l'aise. Malade même.

Jézabel était partie. Il n'avait pas même une seconde été envisagé qu'il la suive.

Et l'ombre décharnée de sa silhouette s'était retrouvée à errer à nouveau dans les longs couloirs de la maisonnée.
Passer dans la chambre de sa fille et écouter sa respiration régulière. Innocente. Naïve.

Se retrouver à l'étage des domestiques. Une nouvelle fois. Monstre silencieux à la robe frolant les objets sans jamais si attarder. Maître des lieux à la coquille morcelée, étrangère.

Il avait réveillé Elliade après un bref coup de sang en trouvant la chambre de la blonde vide. Effrayant l'autre servante qu'il venait d'arracher à la douce liberté de ses rêves. Qui lui glissa du bout de ses lèvres tremblotante qu'il avait alui-même ccordé un congé hors des murs du manoir à Abbey.
Elle ne se rendormirait pas si tôt, pas sans cauchemarder une nouvelle fois d'une silhouette au nez crochu et aux yeux de glace.

Quand à lui, sa colère s'était assourdie. Il ne se souvenait pas de cette permission, c'était Jézabel qui les notifiait. Qu'avait-il à faire de ce genre de broutille?
Pourtant c'était plus que probable qu'il ait accepté. Malgré le malaise que la petite Moldue avait créé en lui depuis le mois dernier, il s'en sentait aussi irrémédiablement attiré qu'un papillon par les flammes. Elle le dérangeait, elle l'intriguait, elle le culpabilisait, elle l'apaisait.

Il avait refusé sa rédemption. Tout en lui remettant la troisième potion, tout en lui remettant un papier officiel signé de sa main l'autorisant à porter ses fioles. Il avait coupé court à ses élucubrations divines. Il l'avait autorisé à croire, mais pas à croire pour lui. Pas à espérer pour lui. Il n'était pas une affaire divine. Pas une simple âme ballottée par une destinée sans responsabilité. Ce serait trop simple. Trop rassurant. Trop facile.

"Ferme la porte."

Sa voix sombre, rauque et sans appel avait cueillit la jeune fille dès qu'elle avait pénétré dans la pièce.

Lui avait attendu. Inconfortablement assit dans la seule chaise des lieux, robuste mais guère agréable sur une aussi longue durée.

"Je ne vais pas avoir l'audace de te demander où tu étais, mais celle de savoir pourquoi tu es revenue."

Sa baguette avait irrémédiablement refermé la seule sortie de la pièce. Croiser le regard d'Abbey avait suffit pour enflammer ses pensées. Pour le rendre certain. Pour assembler les pièces que sa réclusion maladive avait noté sans jamais les accoler. Que certaines ne vaillent pas plus qu'une poussière n'avait guère d'importance, Eoin n'était plus de ceux à s'encombrer de ce qui le dérangeait.

Un maigre soupire s'échappa de ses lèvre. Pourquoi lui? La vie n'était qu'une vaste blague pleine de cynisme nauséabond.
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ce message a été posté Dim 12 Nov - 22:46
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Abbey avait pourtant cru vivre son moment de gloire. Tout, des blessures à sa vengeance sur le Hunter, de leur réussite sur la magie à l’explosion de la Tour des Medias, avait été d’une perfection frôlant le miracle. Mais Dieu était mystérieux. Et ses projets n’avaient souvent pas grand sens quand on ne se tenait pas assez éloigné de son Grand Projet pour en contempler l’ensemble.

La bagarre entre Stan et l'inconnu phénix avait été la première étape. La question de Sheherazade avait été la seconde pierre de ce monument et la déclaration finale de Jane Callaghan avait marqué la fin de l’état de grâce.

Oliver Durham n’était pas mort mais son état préoccupant était presque semblable à la mort et la tutelle phénix s'était appliquée dans un état avancé de trahison. Abbey n’avait eu que l’écho des actions de l'héritière Windsor mais à dire la vérité devant Dieu, elle s’en fichait éperdument.

Il leur fallait Durham. Il leur fallait un guide et un leader représentant Dieu. Les princes et princesses n’étaient en vérité que des personnages de contes.

La Bible, elle, parlait des prophètes.

Et c’était dans cet état abasourdi, d’inquiétude et de stress extrême, qu'Abbey s’était résolue à rentrer chez les McKay.

Que pouvait-elle faire d’autres ? Devenir une fugitive toujours sous la coupe de la magie ? Observée par les phénix, ne recevant que leur méfiance et leur agressivité ?

Elle avait toujours été domestique. Elle avait été choisie pour ce poste depuis ses 6 ans. Et aujourd'hui Abbey, en cette aube naissante, revenait à cette habitude rassurante en savant pourtant pertinemment que la chance était passée. Que Dieu lui réservait une épreuve bien plus importante que celle de courir dans des couloirs et ouvrir des portes.

Pour cela, il lui faudrait le soutien de son trésor le plus précieux.

Elle passa donc dans le jardin jusqu’à la porte de service et entra dans la cuisine en massant distraitement son épaule soignée. Physiquement la jeune moldue ne comportait pas la moindre trace du combat mais son regard était épuisé. Moralement elle touchait le fond. Et quand elle traversa le couloir et qu’elle entendit l’autre servante pleurer, Abbey sut.

Elle sut avant même d’ouvrir la porte. Elle sut avant de croiser le regard sévère de son propriétaire et d’entendre claquer sa voix.

Avec la plus grande dignité et le plus grand courage dont elle avait faut preuve jusqu’alors, Abbey demeura droite, ne baissa pas le regard malgré ses propres réflexes de soumission. Elle ne sursauta pas quand il referma la porte et sentit à peine sa gorge se serrer d’émotion.

Pourquoi était-elle revenue ? Parce qu’il y avait autre chose à faire pour elle aujourd'hui mis à part prier ?

Non. Rien.

« J’ai laissé vos potions. Je ne voulais pas les emporter avec moi. Elles n’ont jamais été pour moi d’ailleurs mais pour Aileen. J’espère qu’elle dort encore… »

Il était resté ici. Lui. Il n’avait pas répondu à l’appel mais Jezabel certainement. Soit elle était absente, Soit elle était morte, Soit elle tournait en rond dans une pièce aux étages supérieurs et attendait que Eoin l'abatte froidement de sa nouvelle main de fer.

Abbey ne voulait pas s’en inquiéter. C'était eux. Juste eux deux.

Cela avait toujours été eux deux.

« Cela ne servait à rien de me protéger – Je ne voulais plus de vos chaînes. Que l'on soit propres et nourris, cela reste une cage. Ni plus ni moins. Je voulais seulement être libre. Je voulais seulement décider de quand me lever, quand me laver, quand lire, quand rire, à qui parler, comment parler, marcher et courir, obéir ou désobéir sans craindre une punition, un doloris, la mort même. Savez-vous ce que l’on nous apprend quand on est aussi petits qu'Aileen ? Que nous existons uniquement pour servir nos maîtres. Que si nous avons des prénoms c’est uniquement pour que vous en serviez pour donner vos ordres. Et encore vous pourriez nous appeler Table, Chaise, nous avons exactement le même niveau que l’un de vos meubles. Et je ne suis qu’un meuble retournant à sa place ce soir parce qu’on ne m'a pas appris à ce que mes ailes servent hors de la cage. »

Lentement, Abbey s'agenouilla.

« Si je dois mourir ce soir autant que ça soit de votre main. Je vous le demande au nom de la protection de votre fille et de tout ce que j’ai fait pour la protéger moi-même – Je l’avoue, Seigneur, je n’aurais jamais pu la toucher. »

Elle était l’enfant qu’Abbey aurait dû être. Elle était sa plus grande faille peut être.

Au moins c’était dit.

« Dans le tiroir il y a ma Bible. C’est la seule chose que je possède. Je veux juste la tenir dans mes bras. »

Puis Jo viendrait la chercher. Et tout irait bien.




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ce message a été posté Ven 24 Nov - 17:15
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31 octobre 2046



La porte n'avait-elle pas claqué pour lui aussi? L'enfermant irrémédiablement entre les murs, sous la pression du regard de la moldue?

Le sorcier en frissonna. Il ne savait pas ce à quoi il s'était attendu malgré les heures écoulées, immobile sur cette chaise grinçante. Malgré les élucubrations de ses pensées tout au long de l'attente, malgré la diversité des scénarios.

Elle n'avait pas vacillé, pas renoncé. Sa voix transpirait sa peur et sa crainte tout autant que sa volonté. Une force qui le fit grimacer. Eoin fut incapable de relever, de lui dire qu'elle avait tord, que les potions étaient aussi pour elle. Pas que pour elle, certes, mais pas uniquement pour la santé de sa fille.
Même lui voyait que la petite blonde n'aurait pas été capable de l'entendre en cet instant, bien trop concentrée sur ses mots, sur sa capacité à ne pas s'écrouler.

Pouvait-on vraiment être à la fois si fort et si faible?

Les sorciers avaient assurément sous-estimé les sans-magie, mais pas de la façon dont leur terrorisme actuel ou passé pouvait les accuser. Non. Ils existaient, à part entière. Leur vie, leur caractère, leur souffle était bien plus que ceux de simples meubles ou même d'animaux.

Il l'écoutait parler et sa colère s'en sentait soufflée, ses pensées s’alourdissaient, son bras semblait peser bien trop lourd pour lui. Tout était bien trop lourd.

Et la position de docilité extrême, sacrifice calme et ultime fut la goutte d'eau de trop.

"Comment peux-tu prôner ta liberté d'être, d'exister, et m'accuser de tes chaînes tout en courbant l'échine ? En m'offrant ta vie aussi aisément? En t'en dédouanant sur moi?"

Amère et sifflant. Douloureux aussi. Eoin s'était relevé de sa chaise, faisant fit de ses articulations endolories.

Avait-il douté un seul instant que la moldue puisse faire du mal à sa fille? Non. A lui, à d'autres de son espèce oui, mais pas à l'enfant.

"Combien êtes-vous à crier votre liberté, à vouloir l'arracher pour finalement docilement remettre votre collier et apprécier la facilité de simplement obéir et laisser les autres décider pour vous?"

Il avait parcouru la pièce tout en parlant, avant de s'arrêter et poser son regard sombre sur Abbey, toujours à terre.

"Relèves-toi. Je ne veux pas de ça. Je ne mettrais pas fin à ta vie. Je ne veux plus être un meurtrier."

Et ensuite? Jezabel n'était pas encore rentrée, il n'avait eu qu'un court parchemin pour le rassurer sur sa capacité à respirer encore. Pourrait-il cacher ce secret de plus à sa femme? Ne pas dénoncer une traître Phénix qu'elle ne verrait jamais était une chose. Mais héberger une moldue dissidente, possiblement une meurtrière, sous leur toit sans rien lui dire? Le silence faisait de lui un complice. De là à y voir un crime, de le rendre coupable malgré lui de pire, il n'y avait qu'un pas.

Si dire à haute voix qu'il ne mettrait pas fin à son existence avait rendu cette décision réelle et forte, cela ne résolvait pas le problème. Les questions se bousculaient.
Elle n'avait pas répondu clairement à sa question. Pourquoi être revenue? Un simple réflexe lié à l'habitude? Ou autre chose?
Un soupire s'échappa de ses lèvres.

"Que s'est-il passé la-bas?"

Il y aurait forcément des informations dans la journée, une édition spéciale à la TVM ou dans les journaux. Jézabel lui dirait tout. Avec son filtre à elle. Mais pour l'instant, il voulait savoir. Voir la gamine expliquer ce qu'elle avait vu, vécu, créé elle-même. Avant de revenir se cacher dans la niche de ses maîtres pour le pire et le meilleur.

Qu'aurait-il fait si elle n'était jamais revenue? C'était peut-être bien ce qui l'avait effrayé le plus ces dernières heures.
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Lun 27 Nov - 22:42
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Elle s’était attendue à de la colère, à un vif éclat de rage et de sortilège et s’était préparée à souffrir plus que jamais, plus qu’en se déboitant l’épaule, plus qu’en perdant Jo. Mais il n’en fut rien. Et claquant des dents d’une peur misérable, inconsciente et incontrôlable, Abbey s’était résolue à détourner les yeux du sol puis du tiroir où sa bible se trouvait pour suivre, attentive mais chancelante, les pas tournoyants d’un Eoin à la torture.

Ses accusations fébriles ne la touchèrent en rien même si les larmes, ces stupides larmes de couardise et de fatigue, continuaient à ruisseler sur ses joues rebondies. Il pouvait la mépriser, elle et son collier, il n’y avait pas de plus incroyable liberté que celle de décider quand mourir. Et malgré un instinct de survie lancinant lui faisant battre les trippes en tortueux métronome, elle voulait mourir. Elle le voulait et agirait en ce sens quand il aurait le dos tourné. Il suffirait de pas grand-chose, après tout, pour remettre en ses mains son instinct de tueur, lui qui avait sans doute déjà décimé bon nombre de ses pairs. Une attaque, une morsure, un baiser peut-être comme celui offert au Hunter, et le sortilège la frapperait au front, pile entre ses deux yeux.

Seulement. Seulement rien ne se passa comme prévu. Et ses cuisses déjà anxylosées ne répondirent pas à cet ordre qu’il lui lança – comme une enième désobéissance. Le souffle coupé et un rien nerveuse, Abbey sentit ses épaules s’affaisser sous leur propre poids et la contrarité, comme la stupéfaction, fléxir ses sourcils en une moue un rien trop bête.

Alors quoi ? La main de Dieu venait-elle de se poser sur lui ? Etait-elle, viscéralement, entrain de vivre un miracle ? Eoin McKay ne voulait pas la tuer, c’était déjà un point grandiose dans son histoire misérable et ce retour pathétique.

Mais pire, il demandait des nouvelles ?

« J’ai du mal à comprendre… » Coassa-t-elle faiblement, avant d’essuyer ses mains moites sur le tapis aux couleurs ternes posé aux pieds de son lit. « Vous avez compris ce qui se passe ? » Sa gorge vrilla d’une note suraiguë. « Je fais partie de la Nouvelle Inquisition. Je suis une terroriste ! J’ai frappé et j’ai… j’ai tiré sur des sorciers ce soir vous entendez ? On m’a appris à le faire pendant les heures de détente que vous m’avez accordé ! J’ai été formé, derrière votre dos, à mieux vous nuire parce que vous êtes la plaie purulente de ce monde ! Vous êtes … vous êtes ! »

Un homme pathétique. Un handicapé à la prothèse un rien trop clinquante. Un homme fatigué. Un père. Un sorcier évidemment. Un être que la magie avait choisi, plutôt qu’elle et de sentir l’envie gronder dans son bas-ventre, elle se fustigea pour cela.

Ce fut elle, sur l’instant, qui se mit en colère.

« On nous a amené pour détruire la tour et votre… magie corp s’est effondrée sur elle. Nous avons trouvé un moyen de détruire la magie, de vous empêcher d’agir et de nombreux sorciers sont morts pendant sa chute ! Ils étaient incapables de rien faire ! Ils étaient à notre niveau et ils ont vu avec nos yeux ce que cela faisait d’être démunis face à un pouvoir plus puissant ! »

Cela avait été satisfaisant puis la tutelle des phénix s’était abattue sur eux et Dieu, pour les punir, leur avait repris Durham. Abbey, qui avait vu en cet acte une procession de foi à venir, une épreuve de plus qu’elle se devait de surmonter, trouva dans ses mots une forme de justice divine.

Et le regard du Seigneur, posé sur elle, depuis tout Là-haut, sembla presque l’observer.

Où était Jo et sa rage ? Jo et sa démesure ? Jo et la culpabilité des sorciers ?

Elle se sentait si petite et si bête pour l’instant.

« Mais ça n’a pas marché et des gens sont morts et je repars ici sans rien. Rien n’a changé. Demain vos dirigeants seront remplacés et la faiblesse de ce soir sera un argument de plus pour demain. Vous pleurerez vos victimes en nous traitant de monstres alors que moi, j’ai vu des enfants être assassinés pour ne pas avoir su servir en tant que domestique, pour ne pas avoir trouvé une place utile dans votre monde ! »

Ses ongles courts et fracassés griffèrent ses cuisses à travers sa robe.

« Je ne sais plus où j’en suis. J’ai l’impression que vous existerez toujours et vous m’en voulez de vouloir en finir ? Je veux juste retrouver la paix et être seule avec moi-même. Je veux juste n’avoir plus aucun ordre à obéir. Et ma vie, vous l’avez déjà entre vos mains. »

Alors en dernière bravade, Abbey demanda dans un murmure.

« Qu'allez vous faire de moi... Eoin ? »



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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Dim 10 Déc - 21:19
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31 octobre 2046



"Cette idée ne m'avait absolument pas effleuré l'esprit..." siffla le sorcier, cynique, alors que Abbey s'y perdait, bredouillait et s'enflammait, lui renvoyant sa condition en pleine figure.

Le sourire incurvé au coin de ses lèvres était presque effrayant, et pourtant, malgré la situation, malgré les conséquences de ses non-actes, de l'affiliation de la gamine et des informations qu'il ne connaissait pas encore, Eoin se sentait presque bien. Soulagé.

«[...]..la plaie purulente de ce monde ! Vous êtes … vous êtes ! »

"Un sorcier, un Mangemort. Et toi une moldue, une Inquisitrice. Oui, je comprend parfaitement la situation, Abbey."

Lui répondit-il d'une voix plus posée bien que mordante, attrapant son regard et l'accrochant. L'invitant à poursuivre, répondre à son interrogation.

Décider de ne pas répondre à l'appel quelques heures plus tôt, alors qu'il aurait peut-être pu - même si Jézabel aurait essayé de l'en dissuader- avait été un véritable choix autant qu'un déni. Le silence du Manoir et de sa nuit semblaient tel un cocon sécuritaire, calme et que rien ne pouvait briser malgré la découverte de l'absence d'Abbey. On ne pense pas à ce que l'on ne voit pas.

C'était la lettre de Jézabel qui avait fait trembler le voile qu'il avait posé sur le monde extérieur. L'arrivée d'Abbey qui l'avait rendu réèl.

Une confrontation avait vraiment eu lieu et elle n'était pas du fait du Ministère. La Moldue était presque rentrée comme une fleur. Que fallait-il en déduire?

Il n'en avait absolument aucune fucking idée. Et ne comprenait qu'à moitié les mots de la servante. La Tour? Quelle tour? Magic Corp? Détruits?

Ses sourcils se froncèrent mais il ne dit mot, tâchant de se concentrer, de visualiser. Elle parlait vite, de manière saccader. Et il avait dans l'idée que s'il lui demandait de ralentir, de répéter, elle s'effondrerait. Se tairait.

Un frisson désagréable lui remonta l'échine à la mention de l'absence de magie. Etait-ce vraiment possible? Il y avait bien eu Tinworth, mais le Ministère et ses sbires avaient travaillé dessus depuis non? Où fallait-il vraiment imaginer les Moldus et les Phenix capables de faire quelque chose d'aussi fou et puissant?

"Extraordinaire....Qui l'aurait cru.." Murmura t-il pour lui-même, s'attirant un regard perdu de la blonde qui continua malgré tout, n'ayant probablement ni entendu ni vraiment compris ce qu'il venait de dire. C'était sûrement mieux d'ailleurs.

Que des personnes soient mortes, c'était plutôt inévitable, et bien l'une des principales raisons pour laquelle il ne voulait plus rien avoir à faire tout ça. Il avait été responsable de bien assez de vies passées à trépas, que ce soit directement ou non, pour accepter encore cette culpabilité.
Par contre la mention des dirigeants le fit tiquer. Que voulait-elle dire ainsi? Certains mangemorts importants avaient-ils été tués? Sans défense avec l'absence de magie, c'était probable..Mais à quel point ?

Pourtant la question ne passa pas ses lèvres tant le débit de la moldue continuait, revenant encore une fois sur cette culpabilité qu'ils avaient, eux, les magiciens, le sang sur les mains, sur leur baguette, sur leur âme. Eoin préféra détourner le regard, le souvenir du laboratoire de Dolohov revenant d'un coup, tous ces corps, tous ces cris... Si la gamine savait qu'elle était vraiment sa responsabilité dans ce monde, dans son monde, elle ne lui parlerait même pas. Et c'était hors de question.

Cela aurait été pathétique de rappeler qu'il ne faisait pas les lois, les règles, qu'il ne tenait pas la baguette de ces bourreaux d'esclaves. Il était un maillon serré, bien trop solidaire de tous les autres, peut-être même plus coupant et saillant que ceux qui composaient la population de moutons. Si d'autres étaient bien plus mauvais et responsables que lui, il l'était.

"Je sais." Fut sa seule réponse quand à ces morts, à tout ces maux. Il savait, et c'était déja trop. Les mots d'Abbey résonnaient, tel un appel au secours aussi tranchant qu'un Diffindo, et pourtant si faible. Elle était faible. Elle était humaine.

Et sa dernière interrogation le percuta, le faisant grimacer malgré lui. On ne change pas aussi aisément l'ordre établi par tant d'années d'habitudes. Entendre son prénom entre ses lèvres, sur un ton trempant à la fois dans le désespoir et l'arrogance. De ceux qui se savent perdus, de ceux qui grappillent les ultimes bouffées d'air.

" Je ne sais pas."

Et pourtant, ce simple prénom avait créé une nouvelle proximité, un picotement étrange qui le perturbait. Il lui intima le silence alors qu'elle rouvrait la bouche.

"Pour quelqu'un qui a passé sa vie à jouer de docilité et d'obéissance, tu t'es particulièrement rattrapée. Il est rare qu'on me parle comme tu l'as fait." Ce soir. Avant. Les autres fois."Et je ne parle pas que de moldus. Mais..."

Sa phrase était restée en suspens. En fait, à part son père et quelques rares cas, personne n'était autant sorti de sa case face à lui. Mais ce n'était pas le sujet.

Le sorcier s'était rassit, directement sur le lit de la servante, faisant fit du grincement que les murs tairaient de toute manière. Posant sa baguette sur les draps, il se passant sa main de chair dans les cheveux, hésita.

"Je vais être franc avec toi, je suis tout aussi perdu que toi. Ce monde m'emmerde sérieusement et d'un côté, j'aurais largement préféré rester dans mon coin avec mes potions... Malheureusement, il parait qu'on a pas toujours ce qu'on veut."

Il remarqua le regard de la jeune femme à côté de lui, vers sa baguette. Comment pouvait-elle avoir confiance en ses mots? Impossible malgré ces dernières semaines, ces derniers mois, non? Il ricana, tout seul, pour lui-même, d'un écho grinçant et attristé. Pour elle, pour lui.

"Je suis sincèrement désolé pour...tout. Même si tu dois bien t'en ficher. Évidemment. Me croire à peine. Surtout venant de quelqu'un comme moi.."

Le sorcier se racla la gorge, tâchant d'oublier cette amertume qui lui brûlait l’œsophage, revenant à sa question, bien plus importante que ses propres regrets, non?

"Que ferais-je de toi? C'est une très bonne question que je n'ai pas réussi à trancher malgré les heures. Malgré ton retour, malgré notre discussion. Et que je ne souhaite pas trancher. Tu veux être responsable de ta vie? Alors que tu es revenue ici, prête à accueillir la mort? Je refuse de te la donner. De choisir pour toi. De me rendre responsable une fois de plus."

Les spectres dansaient sous ses paupières.

"Que vas-tu décider de faire de toi-même?"

Un sourire fantomatique flottait sur les lèvres du sorcier, attendant la réponse de l'esclave. La liberté n'était jamais aussi horrible que lorsqu'on y était pas habitué. Lui-même se sentait si nauséeux depuis qu'il avait accepté le rejet de ce monde, de sa vie, de ses actes. L'habitude est ce carcan si confortable qu'on souhaite rafistoler malgré toutes ses échardes.

Elle ne se savait pas découverte en revenant. Déciderait-elle de partir? De le blâmer encore? De faire comme si de rien n'était?

Le brouillard semblait pénétrer aussi bien la pièce que son esprit et malgré sa posture rigide, Eoin craignait la suite des évènements.
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Lun 11 Déc - 21:49
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Avec fatigue et incertitude, Eoin avait fini par abandonner ce combat, se rasseyant sur le lit d’Abbey, y abandonnant sa baguette pour mieux se saisir de son crâne, comme pour le secouer et y retrouver un ordre plus certain de ses propres pensées. Aussitôt le regard de la moldue cilla vers l’artefact et l’envie de la saisir lui prit tant les reins que le cœur. Il lui fallait la prendre, non pas pour savoir – elle savait déjà, il n’y avait aucun doute à avoir sur ses propres capacités – mais bien pour l’empêcher de nuire – la briser en trois morceaux ou le poignarder avec comme Stan le lui avait appris. Seulement c’était un sorcier avant d’être un homme et une baguette il finirait bien par en retrouver.

Alors elle abandonna et de cet abandon surgit une paix, presque irréelle, une lassitude qui lui fit baisser des épaules et piquer du nez vers ce tapis bon marché quoique joli. Elle observa chacune des décorations, des ornements de ce bien qu’elle possédait, y sentant sous ses doigts la corde rêche du coton et en attrapa un fil, pour en défaire l’ordre. C’était si simple soudain, d’y accrocher ses ongles et de laisser la tourmente gagner la rigidité d’un principe simple : elle en dessous et lui au dessus.

Pourtant Eoin lui refusa sa mort et la mettant ainsi face à sa liberté la bouscula plus sûrement qu’un cri n’aurait pu le faire. Abbey aurait pu se retrouver devant une étendue vide sur laquelle prendre fuite qu’elle n’aurait pas pu trébucher aussi bien. Cette infinie possibilité la rendit coite pendant de longues minutes. Elle pouvait. Pour une fois dans sa vie elle pouvait (partir et rejoindre l’Inquisition et être sous le joug des Phénix et devoir accepter une culpabilité qu’elle ne ressentait en rien) (rester et servir docilement les ordres d’un maitre qui pourrait ainsi jouer de cette vérité comme un odieux acte de chantage) (partir et décider de quand se lever et quand boire et quand rêver et s’armer et retourner au combat pour y mourir dignement) (rester et être protégée de la souffrance et des déceptions et de cette magie qu’elle craignait) (partir et retrouver ses amies) (rester et retrouver sa facilité quotidienne) (partir) (rester) (partir) (rester ?)

« Qu’est ce qui changera pour moi si je reste ? » Fila sa voix presque suraigue, tendue comme la corde d’une guitare trop accordée. Ses yeux bleus se relevèrent sur ce faciès dépressif à bec d’oiseau. « Si je reste, je continuerai de partir par la porte de derrière et d’aller combattre ce monde là. Pour y gagner des droits. Si cette société là vous insupporte maintenant… » Et en quoi pouvait-il l’insupporter, lui le privilégié ? N’avait-il pas femme, enfant, pouvoir et possibilités ? La perte de son bras avait-elle ébranlé à ce point ses facultés au point qu’il se sente démuni à la hauteur d’un moldu ?

Ou bien les horreurs, les injustices quotidiennes avaient-elles fini simplement par lui ouvrir les yeux ? Avait-il envie de réaliser plus que ses possibilités actuelles ? Avait-il envie de défendre un but commun d’équité ? Mais l’équité, ce n’était pas l’objectif de l’Inquisition. Ce n’était pas ce qu’elle avait embrassé en suivant aveuglément les propos de Jo ?

Qui trahirait-elle en agissant avec mesure ce soir ? Elle-même ou bien un mentor qui avait fini par perdre la vie dans un combat vain, non celui de David contre Goliath mais bien celui de Moïse face à Pharaon.

Nuire aux Egyptiens n’avait jamais été le but. Seul l’entêtement de Pharaon avait coûté la vie aux premiers nés. Seul Dieu avait pour pouvoir d’accorder à tous compassion, pitié, et renouveau.

Elle n’était en rien dans ces décisions et la main tendue envers son frère ne se décidait pas sur la cruauté égoïste de qui le méritait.

Alors Abbey se releva, lissant les plis de sa robe et s’avançant vers Eoin, elle se pencha sur lui, respira confusément l’odeur de ses cheveux, cette sueur grasse et âcre ainsi que ce parfum qu’il semblait toujours trimballer sur lui, d’herbes, de boue, et de magie. Puis ses doigts cueillirent sa baguette et posément, vint la déposer sur ses genoux.

« Avec une arme je peux tuer ceux qui s’entêtent à me contraindre à l’esclavage. Ceux qui méprisent, ceux qui avilissent et ceux qui tuent les enfants de Dieu. Mais si vous rejoignez notre combat, si vous venez défendre cette possibilité que nous puissions vivre, tous ensemble, dans une paix durable alors peut-être… » Peut-être que cela pourrait fonctionner. Peut-être que finalement on avait encore besoin d’un peu de magie dans ce monde. Au moins pour rêver. Sans chaines. Sans peur.

« Dieu a pu fendre la mer en deux et vous, vous pouvez protéger votre fille d’une simple potion. Ces miracles, cette énergie là, que vous pouvez maitriser, elle peut servir comme elle a pu servir les intentions de Dieu et celles de nos prophètes. Si je ne pars pas ce soir c’est parce qu’on peut mener ce destin ensemble. Vous et moi. Côte à côte Eoin. »


Et ainsi devenir elle, le professeur et lui, l’élève. Etait-elle enfin prête à ce nouveau statut ? A cette nouvelle ébauche de son âme ?

Dieu avait-il attendu de Moïse qu’il soit prêt ? Non. Il l’avait fait surgir des flots au hasard des vagues et avait toujours su qu’il accomplirait de grandes choses.

Elle devait en être aussi certaine.

« Ensemble, Eoin. »

Ensemble pour un monde meilleur.



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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Sam 16 Déc - 23:43
Spectre d'amertume
31 octobre 2046



Elle...Avait..Touché..Sa baguette.

De ses doigts d'étrangère, de moldue. Elle l'avait prise de cette douceur ferme qu'il n'avait pu empêcher, le faisant frissonner et lui asséchant la bouche. L'ouvrant pour la refermer l'instant suivant. Incapable de formuler le moindre mot.

Une poignée de secondes aussi brèves qu'intenses et désagréables. Un sursaut avait faillit lui faire tendre le bras pour lui arracher sa prise et l'emporter dans un tourbillon de mépris et de colère. De peur aussi.

Le soulagement de sentir à nouveau le contact de l'appendice de bois fut tout aussi puissant, le laissant quelques secondes comme vidé.

Se rendait-elle compte de ce qu'elle venait de faire? De l'intimité de son geste? Avoir transcendé les miasmes de son handicap et réussit à appréhender les ombres néfastes de cette société pour ce qu'elles étaient, accepter la part de responsabilité qu'il y avait, étaient une chose mais...On ne se changeait pas en un claquement de doigt, qu'il soit fait de chair ou de métal.

Elle restait une moldue, un être inférieur, plus faible par essence. Pleine de naïveté aussi non? Que ce soit ce geste fou ou son espoir vain quand à l'égalité des droits. Il avait envie de rire. Se retint de remettre automatiquement la main sur sa baguette. Lui pardonner. Il avait tant à se faire pardonner. Sa jeunesse, son sang, n'était que naïveté. Tout comme ses idées et ses espoirs.

L'idée fugace de son cadavre ensanglanté, chevelure claire teintée de sang lui traversa l'esprit, pinçant ses lèvres. L'ombre du meurtrier était multiple et floue. La petite poupée aux envies de liberté qui mourrait brisée, souffrante, mélancolique.
Tant d'autres à ses côtés, qu'ils soient moldus ou sorciers, fait de plumes phénix ou des écailles mangemort.

Et elle voulait qu'il la rejoigne? Folie! Idiotie. Autant balancer sa baguette à la mer! Ou embrasser un Kraken!
Et puis il n'était pas seul, comme elle! Oubliait-elle Jezabel, sa fille, ses sœurs, sa famille? Il ne pouvait tout simplement pas..Non non non.

Non, ne rien faire, décider de ne plus prendre part à cette mascarade ensanglantée était déja énorme. Il se rachèterait comme il pourrait, petit à petit, à sa façon, dans les ombres de ses moyens.

Et pourtant son discours le touchait, il ne pouvait le nier. Après avoir vainement serré le poing quelques instants plus tôt, il préféra détourner le regard, le souffle lourd et las. Elle souhaitait rester...

"Pour... moi? Alors que tu n'arrêtes pas de répéter à quel point je fais parti des monstres? A raison d'ailleurs."

Quelques instants plus tôt, il avait répondu à la jeune fille que rester ne serait pas facile, mais probablement bien plus que de devenir une esclave en fuite. Que bien sûr il lui faudrait reprendre son rôle de dame de compagnie, obéir et courber l'échine... Mais il y avait pire que d'être en sécurité, dormir et manger à sa faim non? Certains moldus dans d'autres familles... Il préférait ne pas y penser. Lui serait là pour la couvrir, la soutenir et accepter de l'écouter. Mais plus?

"Non."

Eoin s'était relevé, lèvres pincées, sourcils froncés et le ton amère.

"Je ne peux pas, je ne peux pas tous les trahir. Ce que tu me demandes va au-delà de ma capacité, je suis désolé. Je ferai tout mon possible pour t'aider et te couvrir. Mais..non."

Observer la déception dans la yeux de la petite servante le fit s'adoucir.

"Et puis j'ai dans l'idée que ce n'est pas toi, qui prendra la décision de me laisser vous aider. Je doute qu'on soit aussi clément avec moi que tu l'es. Tu ne sais pas tout."

Un soupir las s'échappa des lèvres gercées du potionniste. Lui-même ne se ferait pas confiance, alors eux? La vaste blague.

"Je ne mérite nulle compassion, nul pardon."

Et il agissait déja bien assez contre son propre sang en se faisant complice de la petite moldue. N'aurait-il pas aussi ses actes à elle sur la conscience? Logique.

Ça lui paraissait être bien le moindre des maux.

Grand silhouette dégingandée et sombre aux côtés de la jeune fille, Eoin laissa quelques secondes s'écouler, semblant hésiter sur la marche à suivre, avant de se décider à rejoindre la porte.

"Je garderai Aileen avec moi toute la matinée. Tu as besoin de repos, quoi qu'il se soit passé."

Depuis combien de temps ne s'était-il pas vraiment sentit concerné par quelqu'un? Depuis combien de temps n'avait-il pas décidé de lui-même de s'occuper de sa fille?

La porte s'ouvrit.

"Je suis désolé de ne pas être celui que tu aimerais que je sois."

Avant de laisser à nouveau la Moldue seule avec ses propres ombres.

Quand aux siennes... Elles menaçaient déja de le submerger, puissantes, contradictoires, sifflantes et manipulatrices. Un potion s'imposait. Avant de laisser le monde reprendre son court.
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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
ce message a été posté Dim 17 Déc - 20:14
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A vot' service "maître"



Si la déception s’était effectivement tissée à son regard un rien surpris, quelque chose vint la remonter, comme la clef d’un pantin qu’on aurait abandonné sur une étagère. La tête droite, les épaules raides, ce fut à son tour qu’Abbey se redressa, refusant de demeurer à genoux tandis qu’Eoin s’apprêtait à quitter sa pièce. Ses derniers lambeaux de lâcheté le maintenaient ainsi dans cette position en compromis ? Alors elle lui apprendrait que la neutralité, en ce monde, ne survivait jamais. Elle demeura là, ses vêtements sentant encore la sueur, la crasse, la poudre, la poussière des gravats et la mort, les cheveux un rien en bataille et le visage fatigué mais dur. Sans chercher à le retenir d’une main. Il venait de lui donner un million de raisons de partir. Mais une seule avait suffit à la faire rester. Eoin n’allait pas la dénoncer.

C’était déjà une première action face à cette société et elle comptait bien profiter de cette matinée de repos, pour mieux se requinquer et retrouver les forces nécessaires pour repartir à l’entrainement, puis en mission, puis au combat. D’une certaine manière, et malgré le peu de clarté de ses propres pensées, Abbey venait de trouver son propre chemin et faisait face ainsi à celui qui n’était plus son maitre mais son alibi. Un sorcier, en toute égalité face à elle. Aussi faible qu’elle était sûre. Aussi craintif que désormais, elle était brave.

Il aurait pu plier une barre de fer sous sa foi et submergée d’amour, Abbey se surprit même à sourire, levant une main pour saluer le potionniste.

« Dormez bien Eoin. Je crois que vous aussi, vous avez besoin de repos. » Ces échanges familiers, toute en équité, demeureraient bien évidemment un secret entre eux, un simple entre-deux, quelques têtes à têtes discrets, loin de Jezabel, d’Aileen, ou de qui que ce soit.

« Et un jour, Dieu vous réveillera. » Il suffirait d’un combat, d’une parole de trop ou bien d’une de ses sorties et il lui emboîterait le pas, tournerait sa baguette contre ce système et non pour. A moins que l’horreur des dernières nouvelles ne l’affolent, notamment le décès de son dirigeant.

Mais la fragilité de son système ainsi prouvée, peut-être aussi trouverait-il ainsi la force de lui faire face. Elle avait beau être esclave, lui-même n’était rien de plus et quand la porte se referma sur lui, elle abandonna son maintien, soupira, épuisée et vint attraper sa bible dans son tiroir pour mieux la serrer contre son cœur. Ce fut en se dénudant à peine qu’elle se coucha dans son lit passablement confortable à dire vrai. Retrouvant l’odeur de son oreiller, mêlée à celle du sorcier et plongeant le nez dans sa reliure de cuir, elle inspira tant les mots, tant sa croyance, tant sa fierté, dans son amour pour Dieu.

« Veille sur mon sommeil, apporte moi en rêve les prairies qui forment le royaume de ceux qui ont disparu ce soir. De tous tes enfants vaillants qui se sont sacrifiés pour que la justice vienne et règne sur un monde meilleur… » Chuchota-t-elle, chacun de ses mots embrassant le livre saint.

Un million de bonnes raisons de partir.
Une seule de rester.

Sa foi vaincrait.



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Re: Spectre d'amertume [pv eoin]
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