J’aimais bien discuter avec Alice ! Elle était intelligente et ouverte d’esprit. C’était rare de rencontrer des gens aussi ouverts d’esprit qu’elle. Et ça faisait vraiment du bien de pouvoir discuter de tout et n’importe quoi avec des personnes comme ça. C’était à se demander si le monde n’était pas pleins de gens comme nous est-ce qu’on serait autant dans le bordel que maintenant ? Ou alors tout ne serait que luxe, calme et volupté. Alors qu’elle allait me répondre quelque chose de sûrement très intéressant à propos de ma question, un adolescent mal dégrossis, manqué que les boutons, vient nous accoster.
Alors ! S’il y a bien une chose que je déteste, c’est qu’on vienne m’interrompre dans une discussion philosophique des plus intéressante, avec quelqu’un de sympathique ! Surtout pour autant dire de la merde ! C’était pas vrai ! Il avait été élevé dans un tas de fumier pour autant en sortir à la seconde ?! Rah ! Les sorciers comme lui … Je donnais chers pour ne pas les croiser et forcément il venait me faire chier alors que c’était sans doute pas le moment. Je n’étais pas de nature agressive, merci l’esclavage, mais qu’on insulte mes croyances et celle d’une … amie ? Je pouvais considérer Alice comme ça maintenant, j’avais décidé. Je n’aimais pas du tout ça ! Je fis un petit sourire et me redresser face au sorcier.
« Si tu veux tout savoir on se fournit chez ta sœur pendant qu’elle s’encule avec sa baguette. Elle a de la bonne cam. Les sorciers dans ton genre me font vomir et font honte aux autres sorciers qui nous respect ! Tu ferais mieux de retourner dans les jupes de ta mère, quand tu auras appris ce que c’est d’être un moldu dans le monde actuel, tu pourras ouvrir ton clapet à merde ! »
Je crois que les souvenirs de Zacharia déteignaient un peu sur ma personnalité actuelle. Mais j’étais fière de ma répartie. Et à voir la tête de l’autre face de calculatrice, elle avait eut son petit effet. Il ouvrit et fermait la bouche comme un poisson entrain de crever sur le sol en quête d’air. Je me retiens de lui faire un doigts d’honneur, ça ne servait à rien. Je me contentais de le regarder de haut, même si j’étais encore assise. IL resta encore quelques secondes la bouche avant de tourner les talons et de partir en frappant le sol comme un gamin mal élevé. Je claquai de la langue furieuse. Abruti va ! Et s’il revenait … Je lui en mettrais une. Je secouais la tête avant de me retourner vers Alice.
« C’est pas vrai ! Même ici on ne peut plus discuter tranquillement ! Désolé pour les gros mots. Mais les petits caïds dans son genre je ne supporte pas. J’en ai assez avec les mangemorts le reste des jours … Du coup ? Euh … Où en étions nous ? »
Parce qu’avec cette grotesque interruption j’en avais perdu le fils important de notre discussion. Et merde ! En plus c’était intéressant, je le savais … Ah oui ! Si ! La croyance ! Est ce que la croyance d’une seule personne suffisait à faire vivre des dieux ? Qu’est ce qui en soit faisait vivre les dieux non ? D’ailleurs, c’était tout à fait possible d’être sorcier et croyant non ? Enfin … Ce n’était pas incompatible … Si ?
- […] Mais peut-être que les dieux, le tient et le mien, accepteront de faire ensemble un paradis pour tous ? Ou ils accepteront bien qu’on se parle non ? Un paradis ne peut l’être que si on est entouré de ceux qu’on aime, non ? Donc peut-être que le paradis est un lieu commun qui s’adapte à la personne non ?
Joy impressionne Alice par son ouverture d’esprit. Au lieu de créer une scission entre elles, elle préfère imaginer un monde où les paradis et mondes divins se connectent à chacun pour le bonheur de tous. Une telle réponse agit comme une pommade sur le cœur de l’inquisitrice. Définitivement, j’aime bien celle-là, même si elle s’est vendue aux Phénix. J’imagine que personne n’est parfait… Elle sourit.
- J’aimerais beaucoup que ce soit le cas ! Peut-être que Dieu et tes dieux accepteront de faire la paix ou de s’allier, un truc dans le genre ? Je t’avoue que ce serait très pratique et que j’en serais reconnaissante au Seigneur si c’est le cas.
Si Dieu peut laisser son orgueil de côté et accepter les paradis des autres, ça m’arrangerait bien du coup ! Bon, je ne sais pas si les autres Inquisiteurs seraient d’accord avec ça… probablement pas, surtout pour les croyances d’une égarée comme Joy. Néanmoins… c’est à Lui de juger ce qui est bon ou non, alors j’imagine que nous verrons qu’au moment venu. Ah… Je ne veux pas arriver au moment venu.
- Mais les dieux existent parce qu’on y croit non ? Donc, si je suis la seule à croire à mes dieux, est ce que ma foi seule suffit à les faire exister ?
Il me manque peut-être ce côté philosophe. Alice ne savait quoi répondre. Qui vient le premier, Dieu ou la foi ? Elle pressent qu’elle pourra débattre de ça pour l’éternité. L’œuf ou la poule ? Le sorcier vient de la stupidité ou il y a de la stupidité parce qu’il y a des sorciers ? Ça peut être l’un ou l’autre, les deux scénarios fonctionnent.
- Je pense que…
Avant qu’elle finisse sa phrase, quelque chose (ou plutôt quelqu’un) d’inattendue débarque. Un sorcier visiblement, à peu près la vingtaine, les cheveux noirs et le regard satisfait.
- Désolé de vous interrompre vous deux mais je peux savoir qui vous fournit ? Parce que vous avez l’air d’être sous de la très bonne came.
Charley ne comprend ni d’où il vient, ce qu’il veut et de quoi il parle. Qu’est-ce qu’il fout là, lui, ce grand je-sors-de-nulle-part pour nous parler avec ce ton si arrogant ? C’est parce qu’on est des moldues, c’est ça ? Tous les mêmes je te dis…
- Les meufs, réveillez-vous. Les dieux, toutes ces histoires, ce n’est que des inventions. Des trucs construits par des moldus pour contrôler d’autres moldus. On est dans une base de la rébellion pour détruire des dogmes, pas pour en créer de nouveaux !
Difficile de décrire ce regard de mépris qui se dessine alors sur le visage d’Alice. Le fait qu’un sorcier interrompe leur conversation ajoute déjà un grain de sel mais qu’en plus il leur fasse la morale sur ce qui convient de discuter ou non ? Pour qui se prend-il, ce connard de moralisateur ? À ce que je sache, je n’ai pas invité Altair à cette discussion, alors dégage ! Malgré toute la répartie qui coule en ses veines, sur le choc elle réplique seulement :
- Charley, ça fait un peu plus de deux heures qu’on se voit. - Certes.
Oui, effectivement, ça fait deux heures j’imagine. Mais il faut toujours que ça tombe sur toi, le sorcier… De toute manière, ce n’est pas l’essentiel : on a quelqu’un à sauver !
Le duo réussit à se faufiler avec aisance sans réveiller ou attirer l’attention de quoique ce soit. Elle fait du zèle en se baissant à la fois par prudence mais aussi pour s’adapter à son physique temporairement. Plus grande, elle regrette de perdre en discrétion. Néanmoins, peut-être gagnera-t-elle en intimidation ? Surement pas, mais qui sait.
Une fois sous la fenêtre, Isaac et Alice attendent dix secondes dans le plus épais des silences. Alice s’apprête à dire quelque chose mais elle se fait interrompre par une voix venant de l’intérieur. Grâce à leur proximité, ils arrivent à épier la conversation.
- Terrell, va réunir les moldus à l’extérieur… - Priscilla, ça commence à coûter cher ces histoires… On ne peut pas juste la revendre ? - Et laisser cette mauvaise graine s’en tirer ? Tu déconnes. Et avec tous ces terroristes… On est mieux de s’assurer nous-mêmes de la qualité de nos moldus. - Mais ce n’est pas gratuit… - Avec le temps il ne restera que les meilleurs. Maintenant sors, je te rejoins dans deux minutes. Je ramène la moldue.
Les salauds. Ils goûteront à la revanche moldue…
Monsieur et madame Moody quittent la pièce. Alice jette un coup d’œil de par la fenêtre et y voit une cuisine. Rien à signaler. Elle murmure à Isaac à l’aide d’une voix étrange à ses oreilles :
- Ils détiennent peut-être la fille au sous-sol. On entre ?
C’était davantage une question rhétorique qu’autre chose. La conversation des parents Moody l’a plus que motivé à agir. Elle ouvre la fenêtre de l’extérieur (heureusement, elle n’était pas barrée) et s’infiltre à l’intérieur de la demeure la première. Lorsqu’elle pose ses pieds sur le sol, le bois commence à craquer.
Tu m'entends ?:
Oui : Alice ne fait pas de bruits significatifs en entrant dans la cuisine. Non : Alice fait du bruit, ce qui va attirer l'attention de Madame Moody, toujours dans la maison.
"Non..je ne pense pas, peut-être mieux vaudrait-il l'oublier..."
Un murmure, la voix rauque d'Eoin s'élevait sans constance alors que ses yeux se posaient sans les voir sur les tranches de tous ces livres qui voguaient autour de lui. La bibliothèque des McKay à Avalon ne valait pas celle du manoir ancestral, mais le potionniste l'avait personnellement bien étoffée depuis qu'il y avait emménagé avec Jézabel.
Pourtant, aujoud'hui comme depuis des semaines, ils ne lui apportaient aucun réconfort, aucune solution. Il n'avait même pas envie de les lire. Et pourtant, ils l'attiraient encore, le frustrant par la-même.
"Papa..? Tu parles à qui?"
Un invisible sursaut qui lui remonta l'épine dorsale et lui fit lâcher lamentablement le livre qu'il effleurait. Un mat "pof" révéla sa chute sur l'épais tapis de la pièce.
"Je te le ramasse."
D'une voix sérieuse malgré son ton enfantin, malgré la peur et la tristesse que lui causait son père depuis quelques temps, l'enfant s'engouffra dans la pièce et récupéra l'ouvrage bien avant que le Serdaigle puisse y dire quoi que ce soit.
A qui parlait-il effectivement? Une très bonne question. Il avait l'impression de sentir des présences autour de lui, mais c'était probablement faux. Il n'y avait que sa fichue gamine, et maintenant sa moldue qui lui emboitait le pas. Aileen avait probablement fait faux bond à la petite réunion de famille qui avait lieu plus loin, le cherchant, encore et encore. Jézabel était-elle d'accord? Que son mari joue les filtres d'invisibilité était déja une chose pas très polie, mais vu sa condition, personne ne lui en tiendrait vigueur. Mais Aileen aussi?
"Tiens, je le range regarde. Du coup.... Je peux rester avec toi? Je peux t'aider si tu veux..?"
Non. Il voulait lui dire non. Il préféra détourner le regard, rester silencieux encore un peu plus, ses yeux posés sur le livre que l'enfant avait effectivement réussit à ranger sur la pointe des pieds. Sa femme viendra la récupérer, ou la moldue repartirait avec elle, lui expliquant que son père était un homme occupé.
"Oui occupé, très occupé..Mais à quoi?"
"Euh...à lire?" Tenta maladroitement l'enfant, en jetant un oeil à Abbey, cherchant un maigre réconfort chez celle qui l'accompagnait tout le temps, partout. Son père avait beau lui paraître particulièrement étrange ces temps-ci, il lui manquait, ses sourires lui manquait, ses étranges explications aussi.
Un soupir comme toute réponse, le sorcier détacha enfin son regard sombre de la rangée de livres pour le poser sur sa fille. La voir lui faisait plaisir mais en même temps, c'était un rappel si cuisant de ce qu'il lisait dans ces yeux...
Et pourtant, ce fut peut-être le commentaire de la moldue qui fit pencher la balance, ou juste cet autre livre qui penchait dans son rayonnage où le mot "Yes" semblait briller de lui-même, quoi qu'il en soit, il se surprit lui-même à acquiescer du chef et à laisser un mince, très mince sourire courir sur ses lèvres.
"Tu peux rester un peu avec moi. Vous pouvez."
Sa fille avait parfaitement su réfréner son plaisir à ces simples mots, parfaite petite-poupée sang-pur bien docile et dressée. Avant de jeter un œil à sa moldue de compagnie, incluse dans le second accord de son paternel. Si elle n'avait pas pensé à demander pour elle, elle était finalement bien heureuse de compter sur cette présence en plus ici, ce soir.
"Fermez la porte." murmura le manchot la voix légèrement cassée. D'ici, on entendait pas les convives, mais cette porte ouverte..était aussi désagréable que fermée. Ils étaient maintenant enfermés ici, tous les trois, rien qu'eux trois, dans cette petite pièce -la bibliothèque était pourtant d'une taille correcte mais lui semblait excessivement petite maintenant. Eoin grimaça.
La présence des deux autres êtres lui paraissait omniprésente, écrasante. Le faisant grimacer, fermer brièvement les yeux pour se reprendre et se forcer à respirer normalement.
"On peut reparler des dragons des mers? Je ne m'en souviens plus trop. Ils savent tous voler malgré l'eau?"
Le silence était à nouveau brisé de sa voix petite voix enfantine aux accents de sérieux. Même elle, à son âge, savait user d'un prétexte pour relancer la discussion, pour alléger la situation. Ne pas rester vide comme son père le faisait si souvent, sinon elle craignait qu'il ne change d'avis. Il lui importait peu qu'elle se souviennent parfaitement de ces créatures marines, l'important, c'était lui.
"Humm.. Laisses-moi juste retrouver le bon livre."
Lire, juste tourner les pages et se contenter de dire les mots inscrits, relever les phrases, nourrir la curiosité de la gamine. Peut-être même serait-ce plaisant?
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11 Août 2046