Dans la gueule de la chimère...

Juin 2047

Petite, elle avait adoré le cirque, ce monde féerique à la fois terrifiant et excitant, rempli de beauté et d’horreur, mais aujourd’hui ce lieu qu’elle avait tant aimé pendant ses plus tendres années était désormais comme un territoire ennemi pour Cassandra. Allez donc savoir pourquoi…

Elle était toujours un petit peu incrédule à l’idée de devoir se retrouver à cet endroit, comme s’il s’agissait d’un rêve, comme s’il y avait eu une erreur quelque part. Peut-être Armel s’était-il trompé ? Après tout, il était vraiment, vraiment improbable que Nilhem – SON Nilhem – se trouve bel et bien ici. Et pourtant, pourtant, quelque chose au fond d’elle lui disait que ça devait être vrai. Elle aurait voulu voir son ami chez lui, mais elle ne savait pas où il résidait maintenant que le manoir Kark avait explosé pour la cinquième fois en une vingtaine d’années (peut-être devraient-ils d’ailleurs faire quelque chose pour améliorer la sécurité dans cet endroit ? Juste une suggestion…).  Quant à MagiCorp, elle était sûre qu’elle ne le trouverait pas là bas non plus considérant le fait que l’immeuble avait également explosé (ça faisait vraiment beaucoup d’explosions quand même…). C’était donc son cousin Armel Zabini qui l’avait informée du devenir de Nilhem, qui avait annoncé à la figure consternée de Cassandra que son inventeur de génie de meilleur ami travaillait désormais… Au cirque.

Enfin, quand elle disait « meilleur ami » elle n’était pas très sûre. Après tout, ils n’avaient pas échangé un mot depuis les événements de la tour des médias et Nilhem n’avait pas répondu à une seule des lettres qu’elle avait envoyées lors de son séjour en Italie. Il lui en voulait de s’être enfuie, c’était évident, et le pire c’était qu’il avait raison. La culpabilité qui la rongeait mêlée à l’appréhension de pénétrer dans la gueule de la chimère créaient un véritable cocktail d’émotions négatives en la Zabini. Elle se sentait faible, stupide, minuscule, elle avait l’impression d’être un enfant, elle avait peur, elle voulait rentrer chez elle. Mais quand elle se surprit à se triturer les doigts avec nervosité, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le chaudron. Elle était une Zabini, par Mérope ! Elle avait le droit de se sentir comme une merde mais bon sang, elle n’avait pas le droit de le montrer ! Elle prit une grande inspiration, secoua la tête pour chasser ces pensées négatives, et entra dans le cirque des Selwyn d’un pas déterminé. La magie de la confiance en soi c’était que si on faisait semblant d’en avoir, personne ne pouvait deviner qu’elle était fausse, et, en regardant Cassandra Zabini traverser le Chimeria avec toute l’assurance d’un top model sur son podium, avec sa combinaison imprimée Nundu et ses escarpins noirs, ses cheveux une crinière de boucles sauvages nouées en une épaisse queue de cheval par un petit foulard en lin lunaire, pas un sorcier ou moldu n’aurait pu dire qu’elle se sentait comme la pire des sous-merdes à l’instant présent.

Le seul problème maintenant, c’était qu’elle n’avait aucune idée de comment trouver le Kark. Se sentant agacée d’avance à l’idée de devoir déambuler à la recherche de cet idiot, elle fit signe à un employé lambda de s’approcher. « Toi là. Oui, toi ! Petit eucalyptus ! Je cherche Nilhem Kark, il est ici ? – Euhhh, m’sieur Nilhem ? Ouais il doit être en train de répéter avec mam’zelle Coleen par là-bas... » affirma-t-il en désignant une zone approximative avec sa main. Par le Lord, « répéter » ? Nilhem allait faire des acrobaties aussi ? « Merci, mon brave. » dit Cassandra en fourrant deux gallions dans la main de l’employé sans même le regarder avant de se diriger vers la zone qu’il lui avait indiquée.

A son grand soulagement, Nilhem ne semblait pas sur le point de jouer les acrobates mais plutôt les assistants ou les metteurs en scène pour une artiste à l’air quelque peu familier, sûrement cette Coleen mentionnée précédemment. Cassandra s’approcha discrètement, ayant peur d’arriver à un mauvais moment – ce qui était une première pour elle, ayant toujours considéré qu’il n’y avait pas de moment qu’elle n’améliorait pas par sa présence – puis se décida enfin. « Salut, Nil’. » elle l’interpella d’une petite voix fluette. Il avait l’air… différent. Plus adulte. « Tu as pris du muscle, on dirait... » Elle gardait quelques mètres de distance entre eux, de peur de se faire rejeter si elle tentait immédiatement de le prendre dans ses bras. Cassandra et Nilhem avaient toujours eu une amitié plus intellectuelle qu’émotionnelle et, de ce fait, n’avaient jamais été particulièrement tactiles mais, bon sang, qu’est-ce qu’elle avait besoin d’un câlin là maintenant tout de suite. Juste pour savoir qu’ils étaient toujours amis, juste pour être sûre qu’il ne la haïssait pas trop.

« Coleen, on finira plus tard, excuse-moi. » Ses sourcils se froncèrent. Elle n’avait jamais entendu Nilhem parler à une fille avec autant d’aplomb, du moins à aucune fille qui ne faisait pas partie de sa famille ou qui ne s’appelait pas Cassandra Zabini. Ces deux-là étaient-ils si proches que ça ou bien était-ce Nilhem qui avait changé aussi drastiquement ? Elle ne saurait le dire et, pour être honnête, il n’était pas vraiment clair dans son esprit quelle possibilité serait la pire…

Le silence était pesant alors qu’ils attendaient le départ de Coleen. Au regard interrogatif et quelque peu inquiet de la jolie acrobate, Cassandra répondit par un petit sourire contrit. Bon sang, elle-même ne se reconnaissait plus. Il y a quelques mois, elle aurait fait déguerpir la morue avec un petit coucou de la main accompagné d’un « Bye, bitch » et d’un sourire victorieux et méprisant, telle la grosse connasse qu’elle était et avait toujours été. Mais là, non. Non, elle se sentait comme une intruse, mal-à-l’aise, comme si on ne voulait pas d’elle et qu’elle imposait sa présence là où elle n’avait pas sa place. Nilhem ne l’avait jamais faite se sentir comme ça par le passé, mais elle considérait qu’il était dans son droit. « Toi, tu n’as pas changé. – … J’ai pris deux kilos. » Marmonne-t-elle dans sa barbe les yeux baissés, probablement trop doucement pour que le Kark ne l’ait entendue. Elle sait pertinemment que  ce genre de remarques n’était pas vraiment approprié mais c’est plus fort qu’elle.

« Je ne savais pas que tu étais de retour. Ou tu viens juste en vacances avant de repartir ? »

Elle se triture à nouveau les mains, le ton accusateur ne fait qu’exacerber sa culpabilité. Oui, elle a fui, oui, elle l’a abandonné, oui, elle a honte. Ses yeux sont toujours baissés, elle n’arrive pas à soutenir le regard plein de reproches et de colère de Nilhem. Un regard froid qu’elle ne lui a jamais connu. Elle rit nerveusement, prétendant que la plaisanterie de mauvaise foi du sorcier n’avait pas pour but de la blesser et s’expliqua faiblement. « Non, non. Je – je  suis de retour. Pour de bon. Je suis rentrée d’Italie avant-hier, mais j’ai eu… un peu de mal à te trouver… » Elle finit par prendre son courage à deux mains et plonge son regard sombre dans le bleu agité des yeux de Nilhem. Oui, il a vraiment l’air différent. De visage, mais pas que, son style vestimentaire a également beaucoup changé. Cette constatation remplit Cassandra de soulagement, lui permettant de déplacer la discussion vers un sujet qu’elle maitrise beaucoup mieux que l’honnêteté émotionnelle. « Armel m’a dit que tu travaillais ici maintenant. Je ne le croyais pas au début mais il avait raison, clairement. Et il m’a aussi dit qu’ils t’avaient un petit peu relooké, lui et Olivia et, je vois encore qu’il n’a pas menti. Ça te va très bien, tu as l’air… très élégant. »

Elle le complimentait en toute honnêteté, il était véritablement très élégant  et comment pourrait-il ne pas l’être, lui qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à Armel  (hormis le nez) ? Mais voilà, le problème c’est qu’il manquait  Nilhem dans tout ça, celui qui mélangeait les couleurs et les styles au gré de ses envies, simplement parce qu’ils correspondaient à ses goûts ô combien particuliers et qui ne passait même pas une seconde à se demander ce que d’autres en penseraient. Pour être franche, il manquait Nilhem dans à peu près tout ce qu’elle voyait. Qui était ce garçon barraqué en chemise moulante qui travaillait au cirque et la regardait avec autant d’animosité ? Elle ne reconnaissait pas cette personne, et, en une fraction de seconde, elle se heurta de plein fouet à la réalisation qu’elle avait véritablement raté beaucoup de choses pendant ces derniers mois d’absence.

Elle soupira d’un air las et adressa un sourire triste à cet inconnu. « Je suis contente de te voir, en tout cas. Tu m’as… manqué. Vraiment » tenta-t-elle de l’attendrir. Elle avait peu d’espoir que ça soit suffisant mais Cassandra était autant une scientifique qu’une femme d’action, et la méthode empirique avait toujours été sa favorite. Après tout, si elle n’essayait, pas le taux de réussite ne pourrait pas dépasser les 0%.

Le sourire triste et contrit de Cassandra se décompose au fur et à mesure des accusations que Nilhem lui lance. A chaque fois qu’elle veut se défendre et ouvre la bouche pour rétorquer, une nouvelle pique l’assaillit, lui coupe le souffle, l’enfouit sous une nouvelle couche de culpabilité. La culpabilité se change en peine, elle se sent vulnérable, un sentiment qui ne fait pas bon ménage avec l’ego surdimensionné d’une Zabini. La peine se change en agacement, l’agacement en colère. Elle n’a pas de raisons d’être en colère mais c’est soit ça, soit fondre en larmes sur le champ. Elle est énervée, énervée de devoir se défendre, énervée qu’il ait tant de choses à lui reprocher, énervée qu’il ait raison sur absolument tous les points. Enfin, tous sauf un, et c’est sur celui-là qu’elle décide de s’accrocher. « Vraiment, Nilhem ? Vraiment ? Tu penses réellement que je m’en fiche de toi ? Que tu n’en vaux pas la peine ? Vraiiiiment ?! Qu’est-ce que je fous là dans ce cas ? Si j’en ai tellement rien à foutre de toi, pourquoi je suis en train de me ridiculiser devant toi et de te supplier de me pardonner ? » Elle ne l’a pas supplié de faire quoi que ce soit, mais dans son esprit, sa simple présence est un acte de rédemption. Elle est trop émotive pour faire preuve d’objectivité, trop immature pour comprendre que Nilhem a probablement besoin d’être rassuré, de se sentir entendu, important. Elle ne voit qu’elle. Elle et ses sentiments, elle et sa culpabilité, elle et sa peine. Oui, elle a fui, mais elle est là maintenant, non ? Et elle tente d’arranger les choses, non ? Pourquoi ne peuvent-ils pas sauter toute cette laideur et arriver directement au moment où ils sont à nouveau copains comme scrouts à pétard ? « Combien de lettres je t’ai envoyées ?! Et t’as pas daigné me répondre une seule fois ! Donc ne fais pas comme si j’en avais rien à carrer de toi alors que tu m’as clairement fait savoir que tu voulais rien avoir à faire avec moi ! Tu sais quoi ? Je sais même pas pourquoi je suis venue en fait, clairement c’était une erreur ! Adieu ! »

Elle agita ses cheveux et tourna les talons telle une furie avant de s’éloigner d’un pas décidé… Puis regarda par-dessus son épaule et remarqua l’absence indéniable d’un Nilhem la rattrapant, la suppliant de rester. Non mais… Non mais quel goujat ! Encore plus remontée, elle se retourna à nouveau et se pointa sous le nez du Kark qui avait eu l’audace de ne pas la retenir. « Et tu vas me laisser partir juste comme ça ?! Après cette sortie dramatique ?! Tu te rends compte à quel point j’ai l’air ridicule là ?! Au final c’est toi qui en a rien à foutre de notre amitié si t’es prêt à me laisser partir juste comme ça ! Tu te rends compte que j’allais plus jamais te reparler de ma vie ? C’est tout ce que ça t’inspire ?! Franchement, ça s’fait pas ! » Elle croisa les bras, son joli minois déformé en une moue boudeuse, incrédule et franchement énervée. Au final, c’était elle la victime dans cette histoire, et il avait intérêt à s’excuser !

Un petit rire. Un riquiqui, minuscule rire provenant de Nilhem, voilà tout ce qu’il faut à Cassandra pour perdre son air courroucé et le remplacer par un sourire rassuré. Si elle arrive encore à le faire rire avec ses idioties, peut-être que tout n’est pas encore perdu. Mais les illusions de la sang-pur finissent malheureusement brisées aussi vite qu’elles ne voient le jour. « Tu ne me supplies pas de te pardonner. Tu ne fais que te plaindre. Toi. Tes états d’âme. Tes émotions. Ton retour. Ton départ. Et moi, dans tout ça ? » Le sourire disparait à nouveau, les mots lui font l’effet d’un coup de poing dans l’estomac de par leur incroyable justesse. Oui, tout était à propos d’elle, toujours elle, toujours le Cassandra Show, Nilhem un simple personnage récurrent, Nilhem l’ami de Cassandra mais jamais l’acteur principal. Elle le réalisait, elle en avait honte, elle se sentait mal, vraiment. « Tu m’as laissé tout seul. Au moment où j’avais le plus besoin de toi. Et tu crois que juste revenir et me parler de mes vêtements, ça va suffire ? » Ses yeux commencent à embuer alors qu’elle comprend la profondeur de la blessure de son ami et elle n’arrive qu’à balbutier un faible « Oh, Nil’… » avant que des larmes amères ne commencent à dévaler le long de ses joues.

Elle avait sérieusement, complètement merdé.

Cassandra savait que Nilhem avait vécu des moments difficiles mais elle n’avait jamais pensé qu’il aurait pu avoir besoin de son aide, principalement parce qu’elle n’avait jamais imaginé pouvoir être de la moindre aide possible. Cassandra et son égocentrisme, Cassandra et son manque d’empathie, Cassandra et son incroyable faiblesse, qu’est-ce que Nilhem aurait bien pu retirer d’utile en elle ? Voilà le raisonnement qu’elle s’était fait à l’époque, peut-être pas consciemment mais en son for intérieur, elle savait parfaitement qu’elle n’aurait servi à rien. Mais peut-être aurait-elle dû tout de même essayer, juste faire acte de présence, juste lui faire savoir qu’il comptait assez pour elle pour qu’elle supporte un peu d’humiliation en démontrant à quel point elle était inutile. Le problème était qu’elle avait abandonné avant même d’avoir tenté de l’aider, qu’elle l’avait abandonné lui, partant du principe qu’il retomberait sur ses pattes ou que d’autres plus qualifiés feraient le nécessaire. Elle était une amie de beau temps, elle s’était envolée quand était venu l’orage et revenait maintenant faire comme si de rien n’était.

Mais peut-être était-ce un petit peu de la faute du Kark aussi. Il en attendait trop d’elle, il la connaissait, il aurait dû savoir qu’elle était faible, qu’elle était lâche, et qu’elle était parfaitement inutile. Quelle idée d’attendre quoi que ce soit de Cassandra Zabini ! Elle qui n’est bonne qu’à faire des vagues et se fringuer divinement. Qui donc attendrait quoi que ce soit ayant la moindre substance de sa part ? Quelqu’un qui ne demandait qu’à être déçu, assurément.

« Nilhem, je… Pardon. » balbutia-t-elle en reniflant sans la moindre élégance. « Je suis désolée. Pardon. Je pensais que… Pardon. Pardon, Nilhem. Mais c’est juste que… Je ne pensais pas… Enfin, tu sais… Tu me connais Nil’, tu me connais par cœur. On sait tous ce que les gens disent « Oh Cassandra ci, Cassandra ça, elle est si belle, si intelligente, tout le monde l’adore » et ils ont raison sur tous ces points mais, toi et moi on sait que je suis… Enfin, que je suis pas aussi forte que je le prétends. Et je pensais pas que tu attendrais de moi… Quoi que ce soit.  Mais je comprends maintenant. Je suis désolée, vraiment. Je t’ai déçu…  Je comprends… Pardon. » Elle renifla une dernière fois et essuya ses larmes du revers de la main droite, ruinant son mascara par la même occasion.

« Nilhem, tu sais que je t’… Enfin, que tu es important pour moi. Vraiment. Vraiment vraiment. Et si j’avais su que tu avais besoin de moi je serais revenue sur le champ, sans hésiter. Et je t’ai envoyé au moins quatre lettres ! J’te jure, Nil’, j’te jure ! Tu peux demander à qui tu veux, demande à Damian, c’est lui qui les a envoyées pour moi ! »

Nilhem lui fait un petit signe de la main, une invitation à s’approcher. Si, quelques mois plus tôt, elle s’en serait grandement offusquée, lui faisant savoir qu’elle n’est pas un fléreur qu’on appelle simplement en agitant les doigts, aujourd’hui elle est docile et s’approche, comme demandé, après un court instant d’hésitation. Un pas, puis un second, et la voilà happée dans une étreinte qu’elle n’a pas vue venir. Elle est estomaquée et met quelques secondes à comprendre ce qui est en train de se produire. Et puis son cerveau finit par décider de refonctionner et elle rend enfin son étreinte à  son ami. Ses bras se referment autour de son torse, ses mains agrippent fermement le dos de Nilhem, sa tête se pose sur son épaule. Sans s’en rendre compte, elle se remet à pleurer, peu intéressée par le fait que ses yeux auront peut-être passé un total de trente secondes au sec depuis sa dernière crise de larmes. Ils restent dans cette position un petit moment, en silence, jusqu’à ce que Nilhem ne la relâche, et le temps reprend son cours.

Il la remercie, elle hoche la tête et laisse échapper un petit rire, puis elle s’essuie à nouveau les yeux. Cette histoire de lettres la perturbe, mais ça n’est pas le moment de remettre le sujet sur le tapis, elle fera son enquête plus tard. Pour l’instant, seul Nilhem est important. Elle a l’impression qu’il l’a pardonnée. Elle ne s’est toujours pas pardonnée elle-même mais lui semble l’avoir fait.

« Je comprends mieux … mais j’ai besoin d’un peu de temps. »

… Ou pas.

L’espace d’un instant, elle est déçue. Gamine dans l’âme, elle espérait qu’une petite déclaration d’amour serait suffisante pour tout arranger, pour que tout soit oublié et que tout redevienne comme avant, mais ça n’était pas un espoir un tant soit peu réaliste. Alors elle choisit de ne pas pousser, et d’être respectueuse, pour une fois. Elle se contente de hocher la tête à nouveau et de murmurer « Merci. » d’une voix rendue éraillée et incertaine par ses sanglots alors que le Kark lui tend un mouchoir. Elle le porte sur le coin de ses yeux, les tapote deux trois fois, puis rend le mouchoir à son ami. « Je comprends, Nilhem. Prends ton temps. » murmure-t-elle, faisant de son mieux pour faire preuve de maturité.

Elle brandit alors sa baguette et la plante dans l’air à côté d’elle, ouvrant son Univers de Poche, l’espace interdimensionnel où elle rangeait toujours quelques bricoles qu’elle ne voulait pas se trimballer dans un laid havresac. Elle en sort un petit miroir et étouffe un cri de stupeur. « Par Viviane, j’ai l’air complètement folle ! » Elle range le miroir dans l’Univers de Poche, en sort une paire de lunettes de soleil qu’elle pose sur son nez, et récupère sa baguette magique pour le refermer, puis retourne son attention sur Nilhem. « Je vais y aller du coup, ça serait l’horreur si je tombais sur ta cousine en ressemblant à ça. » Elle pose un baiser sur la joue de son ami retrouvé et lui adresse un petit sourire. « On se voit bientôt. » elle affirme, avant de continuer « Et je t'achèterai une autre chemise, j'ai ruiné celle-ci avec mon mascara. » elle déplore en regardant l'épaule de Nilhem, indéniablement tâchée par des indélébiles traces de maquillage.

Elle fait deux pas en arrière et, alors qu’elle réfléchit déjà à quel fleuriste elle pourrait contacter pour couvrir la tombe des grands-parents de Nilhem de fleurs, elle lui fait un petit coucou de la main et transplanne.