once upon a time
L’AUGURE
2 février 2018«
C’est un garçon ! », que l’on crie, et les voix féminines s’élèvent avec joie, dans une clameur qui se portera jusqu’au nakamal, où les hommes pourront célébrer au kava le nouveau membre de leur clan. Le corps brun et plissé glisse dans l’eau, mi-homme, mi-poisson, encore, petit serpent visqueux qui émerge en silence, sans hurler, les yeux fermés sur le monde. Les grandes soeurs massent le ventre encore dur et secoué de contractions, les cousines croassent de ravissement devant le bébé, et le silence se fait alors que l’augure s’avance jusqu’au bassin. Elle s’agenouille aux côtés de Maïka et avant même que la mère ne prenne l’enfant dans ses bras, le recueille dans les siens. Elle le serre contre sa vieille poitrine sèche, d’où ne coulera jamais aucun lait, où aucun enfant n’a tété, si ce ne sont tous les mystères du monde. Les mains tatouées viennent effleurer le front et les fins cheveux du bébé, puis son visage se lève vers la lune cuivrée. Après un long moment de silence, elle sourit, comme si la lune venait de lui murmurer un secret. «
Rouge. »
MAXIME
3 février 2018 au 22 novembre 2050Les prophéties de naissance sont toujours des plus cryptiques. Un seul mot, pour toute une vie, le seul qu’accepte de révéler l’augure à une descendance grouillante de questionnements. Maxime ne sait pas ce qu’est le
rouge de sa destinée. Qu’il le cherche, qu’il le provoque, ne changera rien : le
rouge viendra quand ce sera le temps.
Rouge sang, rouge rivière, rouge serpent, rouge lune.
Famille nombreuse, un enfant parmi d’autres. Bébé couvé, passé de bras en bras, porté en écharpe contre le ventre chaud de sa mère. Enfant calme que Maxime, bébé contemplatif dont les yeux sombres semblent observer tout ce qui se passe, dans ce silence patient qui sera toujours sien. Les beautés et les malheurs de Vanuatu, les chants et les rires de sa famille, tout est mine d’or. Il devient un bambin curieux, avide de savoir et de charmer les plus récalcitrants afin de lui accorder ce qu’il désire.
Ses six ans sonnent l’apparition de sa magie. C’est tardif, mais la pression à cet égard n’est pas celle qui règne ailleurs dans la monde. Une grande fête, pour ce nouveau sorcier, auquel les plus vieux parlent désormais comme à un égal en devenir et non plus simplement comme à un enfant. On lui offre d’aller étudier à l’école de sorcellerie d’Océanie dans quelques années, lorsqu’il aura l’âge requis pour y entrer, ou de ne rien faire du tout. Maxime choisit de rester à Vanuatu et d’apprendre la magie avec ses aïeux. Premier homme de la famille, le choix est sien, après tout, et les esprits se réjouissent que l’enfant embrasse les traditions. Son apprentissage débute à ses dix ans sans baguette, avec uniquement ses yeux pour observer, ses mains pour toucher, son esprit pour se rappeler. Pratiquement deux années à apprendre et réapprendre faune et flore magiques, à repérer les leys qui traversent leur archipel, à suivre leur force. On lui apprend à danser, on lui apprend à tracer les dessins sur le sable et sur la peau, on lui apprend à fabriquer le kava, à mâcher longtemps ses racines fibreuses et à aimer leur poivre. Lorsqu’il a enfin droit à une baguette, celle-ci est étrange, dans sa main, extension de son bras qu’il lui faut apprivoiser de la même façon qu’il comprend la nature et ses aléas. Il grandit sorcier autant qu’humain, partie d’une communauté riche et mystérieuse où chaque apprentissage ouvre un nouvel horizon.
Les moldus de Vanuatu meurent de la bactérie Dolohov plus qu’autre chose, et ces morts massives laissent l’archipel vide d’une main-d’oeuvre nécessaire. Les Ni-Vanuatu sont lésés de ces pertes, eux qui vivaient en paix avec les sans pouvoirs, et lorsque l’esclavage devient monnaie courante quelques années plus tard, ils acquièrent nombre de moldus pour pêcher, chasser et garder le bétail.
Sa mère l’appelle
snek, petit snek (rouge) qui file entre les doigts et les bois, qui s’évade dans l’eau, snek qui cache son jeu et ses idées. La magie blanche le révélera plutôt krokodael, aussi calme, fort et patient que les redoutables animaux qu’il chasse à mains nues. De père en fils, ils se lancent dans la traque patiente des crocodiles marins qui peuplent les berges des îles, où un seul mouvement brusque peut se révéler fatal pour le prédateur humain plus que pour celui animal. Son torse d’adolescent se décore fièrement de blessures et de cicatrices, ses mains de cals profonds et tout son corps se sculpte pour la chasse au coeur des eaux tumultueuses.
Enfant de traditions, il n’est tout de même pas question de résister à la modernité qui s’étend à travers le monde. Maxime pagaie ou transplane jusqu’à Port-Vila, afin d’y visionner les matchs de Quidditch sur la TVM du plus grand bar à kava de l’archipel, rêvant (et craignant) d’un jour monter sur un balai pour effectuer de telles prouesses. Il suit une mode décalée d’au moins quatre saisons et rit des étoffes et coupes inappropriées pour leur climat et leurs activités. Bel homme, sans s’en vanter, sans modestie mal placée non plus, il entretient quelques aventures secrètes, discrètes, bien que tout se sache trop rapidement, au Vanuatu. Enfant curieux, adolescent avide de connaissances, il devient un adulte sûr de lui et à l’aise dans son corps, dans ses choix, dans cet univers que certains trouveraient étriqués et qui lui convient pourtant parfaitement. Ses amis, les uns après les autres, quittent l’archipel afin de découvrir le monde, embarquant sur les divers bateaux qui accostent aux ports des villes côtières. Parfois ils reviennent, dégoûtés de villes trop achalandées, de moeurs étranges, de personnes aux accents étranges qui les regardent comme des créatures rares. Parfois ils ne reviennent pas, et après quelques lettres, ils n’écrivent plus du tout. Maxime se contente de chasse, de danses, de rituels, de tatouages et de découvertes contenues, résigné qu’il ne peut pas provoquer sa destinée. Le
rouge est celui des lunes cuivrées, du soleil couchant, de ses mains qui se rompent sur les écailles et les dents des crocodiles, le rouge du sang qui coule dans ses veines, fier enfant de Vanuatu.
ROUGE
22 novembre 2050On les prévient qu’un navire approche. Pirate, le navire. Les Ni-Vanuatus n’ont guère de regard pour l’illégalité de l’équipage qui accostera bientôt à Lakatoro. Le commerce doit se faire, d’une façon ou d’une autre. Les danseurs sacrés sont avertis qu’ils devront performer, ce soir, pour les étrangers. Un fait qui laisse Maxime maussade, peu avide de démontrer l’art ancestral de son peuple à des inconnus qui n’en méritent certainement pas un seul pas. Il n’a pas de coeur pour le tourisme, pour l’exotisme qu’on colle à sa culture. Le choix n’est toutefois pas sien. Il dansera, puisqu’on lui demande.
Ses amis et lui traînent sur les quais jusqu’à l’arrivée du Ragnarök, où à distance, ils observent les pirates débarquer et rire avec les marchands maritimes de Lakatoro, puis avec le chef qui vient personnellement les accueillir. Le navire vient d’Angleterre, de leurs anciennes racines, aux Ni-Vanuatus, et comme à chaque excursion des missionnaires et aux ressortissants de ces pays fondateurs de l’archipel, le tapis rouge est déroulé. Une façon comme une autre de satisfaire l’ego des étrangers afin qu’ils les laissent en paix. Maxime entend qu’on l’appelle : le chef, qui veut probablement présenter un des danseurs de la soirée au capitaine, un grand homme barbu au regard clair. «
Nice to meet you », qu’il assène dans un anglais de convenance à l’accent chantant, ses yeux trahissant la vérité derrière son sourire poli. Il n’est pas du tout
nice to meet you. Ses yeux sont attirés par un éclair flamboyant, derrière le capitaine, et le sorcier est saisi. Par un rire tonitruant, par une silhouette au visage hâlé, par une chevelure aux boucles folles et indomptées, d’un rouge qui flamboie sous le soleil. «
Rouge », qu’il balbutie,
red, plus précisément, dans le bichelamar aux bases si semblables et pourtant si éloignées de l’anglais, et la jeune femme de rouler des yeux, de soupirer, de s’agacer auprès d’un de ses camarades qu’il réagit comme s’il n’avait jamais vu de rousse. Ce qui est le cas. Pas comme ça, à tout le moins, pas ce feu vivant et incandescent. «
Redhead », gardera-t-il en mémoire, chuchotement précipité qu’il emporte avec lui, et pourtant, ce n’est pas le mot qu’il pense.
Rouge, alors qu’il danse, vêtu de sa coiffe traditionnelle, de son pagne et des clochettes à ses chevilles, ses yeux sombres fixés sur la pirate.
Rouge, quand il capte son regard intrigué, quand il lui adresse un de ses plus beaux sourires.
Rouge, quand le soleil se couche et que sa chevelure se mêle au couchant et semble tout à fait s’enflammer. Rousse, rouge, sang, rivière, serpent, lune, elle est celle qu’il attendait, elle est son signe, il en est persuadé, et Maxime a le sentiment que tous le savent aussi. Il n’y a qu’à voir le regard entendu de sa mère, ceux fuyants de ses soeurs et de ses frères, comme s’ils assistaient à une parade amoureuse. Même les loriquets qui bavassent dans les arbres, même les méliphages qui bourdonnent à leurs oreilles semblent être dans la confidence, alors qu’il s’approche de la jeune femme, demi noix de coco remplie de kava à la main.
On lui a dit que les pirates aimaient boire.
«
To drink », qu’il lui dit, avec un sourire aimable, et il n’en faut pas plus pour que la rouquine boive l’intégralité du liquide… que pour ensuite tousser, cracher et grimacer, au goût âcre et poivré de la boisson emblématique de Vanuatu. Maxime ne peut s’empêcher de rire, alors qu’elle renâcle contre le kava, sans savoir la chance qu’elle a d’en boire. Les femmes n’y sont pas autorisées, sauf en de grandes occasions. Sauf si elles sont importantes, aussi sacrées que le kava. Isilde. Son nom chante, autant que son rire et même que ses blagues, auxquelles il répond par le biais d’un interprète, qui rapidement s’efface au profit du nuage de sortilège de traduction instantanée qui flotte au-dessus de leurs têtes. Têtes qui se penchent, peu à peu, au fur et à mesure que les voix s’abaissent, que les rires s’étirent en notes séduites et que les regards se cherchent, où les doigts se trouvent et s’enlacent contre les cuisses. Ils ont trop bu, tous les deux, le rhum du Ragnarök et le kava de Lakatoro, et Maxime s’enivre de
rouge, à chaque coup d’oeil à cette chevelure dont il peut sentir le parfum si attirant. Magique. Elle fleure la magie, elle fleure quelque chose de familier, quelque chose de presque réconfortant, qu’il ne saurait décrire à cet instant.
Collée contre lui, la demoiselle approche ses lèvres de son oreille et y ronronne une étrange demande. Curiosité qui surpasse son taux d’alcoolémie, que celle pour d’éventuels trésors cachés, ou trouvés, dans l’archipel de Vanuatu. «
Follow me », lui intime le Ni-Vanuatu, prenant sa main dans la sienne pour l’entraîner à sa suite dans la nuit. Les bruits de la jungle envahissent le monde entier de leurs oreilles, alors qu’Isilde bavarde pour deux et que lui l’écoute, sans pouvoir répondre autrement que par quelques sourires et signes de tête. La langue se refait barrière, mais leurs corps n’en ont cure. Il ne leur faut que quelques minutes pour s’éloigner et que leurs bouches se dévorent, sous mille étoiles. Le chemin est d’autant plus long, chaque pas ponctué d’un baiser, d’un rire, jusqu’au bassin à l’eau parfaitement immobile. Maxime signale à Isilde de se taire et l’invite à le suivre dans l’étang à l’eau fraîche, jusqu’au centre de celui-ci. Leurs vêtements mouillés jusqu’à la mi-cuisse pour lui, un peu plus haut pour elle. Là seulement, il esquisse un geste de la main au-dessus de l’eau et se concentre, le temps de quelques minutes. Une incantation en bichelamar fait bouillonner l’eau, puis il se penche pour en sortir un coffret. Bois sombre, pas même mouillé, étrangement, au contraire du sorcier.
Du coffret, Maxime extirpe une alliance, et la tenir dans sa main lui fait comprendre. Comprendre quelle magie entoure Isilde. Son intérêt envers elle, déjà grand, est d’autant plus vif, alors que les vagues magiques qu’il perçoit autour de la rousse deviennent un flot rassurant et connu, semblable à celles qui émanent de l’alliance lovée dans sa paume.
Il ne sait pas tout, de celle-ci. Il sait que les augures des clans se confient mutuellement le bijou, relique d’un explorateur du XIXe siècle apparemment jugé trop volage par son épouse restée sur les terres anglaises. Pas une relique familiale, ni même réellement ancestrale, une jolie chose qu’on lui a appris à manipuler surtout pour en comprendre la magie. Il sait que la sienne, d’augure, a toujours ce sourire plein de secrets, quand il prend l’alliance entre ses mains. Il sait que la règle est de ne jamais passer la bague à son doigt, ou à celui d’un autre, sous peine de conséquences jamais évoquées avec clarté. Il sait qu’elle est maudite, que les inscriptions runiques gravées sur ses deux côtés sont porteuses d’une magie complexe et rancunière. Il sait qu’elle est supposée garantir fidélité et proximité des époux, sans qu’il sache tout à fait comment, et que le dernier homme qui l’a porté était son propre arrière-arrière-grand-père. Tout le reste n’est que suppositions et magies.
Isilde pointe son museau au-dessus de son bras et tente d’attraper le bijou, qu’il dérobe à sa prise sans se fâcher. Elle râle, elle piétine, la belle, tente de l’amadouer, l’oeil malicieux et le sourire vicieux. Il sait que dès le lendemain, tout ceci ne sera sans doute qu’un souvenir, si elle se souvient de quoi que ce soit, et l’idée de voir repartir la pirate sur le Ragnarök le déchire. Ça ne peut pas être ça, tout simplement. La prophétie de sa naissance ne peut pas se résumer à quelques baisers et trop de kava, il y a forcément autre chose. Autre chose comme cette impulsion qui lui ressemble si peu, dans son esprit embrumé d’alcool, de baisers et de magie. «
Tu dois être mon épouse, pour la voir et la porter », qu’il lui dit, sans qu’elle comprenne. Il lui mime le geste de passer une alliance, une à chacun, et le «
oooooh okay » qu’elle fait lui semble encourageant. Avec une élégance jouée, elle lui tend sa main, et pouffe de rire quand avec une infinie douceur, il glisse l’alliance à son doigt et dépose un baiser juste à sa jointure, ses lèvres pleines enveloppant l’os fin, la peau tannée par le soleil, le bijou déjà tiède du corps de l’Anglaise. L’anneau d’or ciselé brille d’une légère lueur, alors que sa courbe épouse parfaitement le doigt d’Isilde, comme s’il était fait spécialement pour elle. Un mystère, d’ailleurs, considérant que cette alliance en est une faite pour un homme et que les mains de la sorcière sont bien plus fines. Il se souvient avoir rougi, dans la nuit, à l’idée de ces mains délicates
ailleurs, le visage en feu sans qu’il n’y paraisse sur sa peau sombre. Il se souvient l’avoir vu détailler le bijou juste sous son nez, les ciselures éclairant à peine ses taches de rousseur et ses yeux pâles, fixés sur le travail d’orfèvre. Il se souvient l’avoir trouvée magnifique.
SABORDAGE
23 novembre 2050 à mai 2051Le Ragnarök est parti depuis bien peu, lorsque la douleur lui déchire le corps, lorsque Maxime tombe au sol avec l’impression qu’on lui arrache le coeur, que celui-ci palpite dans sa gorge, qu’il va mourir, purement et simplement. Le Ragnarök est parti, mais il revient rapidement, avec à son bord une Isilde prise de la même affliction, de moins en moins forte au fur et à mesure que les lieues nautiques s’amenuisent entre elle et son époux.
Mariés !
Véritablement !
Parce que pour la magie, les mots ne comptent que bien peu, les serments également, seuls les actes ont une réelle valeur. Une alliance maudite passée à un doigt, deux corps qui consomment et se consument dans la nuit humide de Vanuatu, et tout est joué.
Mari et femme !
Entre la proposition de trancher le doigt, voire la main, d’Isilde (proposition prestement refusée par la principale concernée) et celle de la laisser sur l’archipel avec son nouvel époux (également refusée), il vient celle d’embarquer le mari sur le navire. Lui qui n’a jamais vraiment quitté le Vanuatu, lui qui n’a jamais vu d’intérêt à partir, se retrouve même à approuver complètement l’idée, persuadé que se joue ainsi sa destinée. Le
rouge est venu à lui, qui est-il pour se refuser à ce que son augure a murmuré au moment de sa naissance ? Qui est-il pour refuser de le suivre, lui qui a tant attendu ?
Alors Maxime, du jour au lendemain, devient pirate, et troque ses noms jamais utilisés pour celui de Sabordage, sans hésiter.
Pour un homme qui a toujours pris ses décisions avec patience et mesure, tout ceci change beaucoup, mais il est prêt. Persuadé qu’il suit le bon chemin… ou dans ce cas, qu’il vogue sur les bonnes eaux.
L’équipage adopte leur nouveau membre, qui à défaut d’être très bavard, comprend parfaitement les ordres et montre une application exemplaire à ses tâches. On le met à la cambuse, sans trop savoir que faire de ses capacités, et il se débrouille avec les comptes des vivres. Il apprend rapidement quelques mots d’anglais pour fonctionner à bord et surtout, tenter de communiquer avec une Isilde… peu réceptive à ses avances. Ou tout simplement, à sa présence, alors qu’elle dénonce sa ruse et sa fourberie afin de profiter d’elle et de lui passer la bague au doigt (même si les avantages d’une telle alliance restent encore à déterminer). Les mots poètes et enjôleurs du Ni-Vanuatu ne trouvent aucun écho chez la Sabordage, la barrière de la langue impitoyable, et ses actes afin de se rapprocher davantage d’elle non plus. Même les fruits de sa pêche, apprêtés crus à la manière de l’archipel, ne trouvent pas grâce à ses yeux et elle n’en porte pas même un seul morceau à sa bouche. Pour lui, il n’en résulte que davantage de résolution de la charmer, une fois qu’ils seront au Royaume-Uni.
Les mois de navigation passent, jusqu’au retour en terres anglaises. À Avalon, la commotion est totale lorsqu’Odin explique l’identité de son nouveau passager à une famille Sabordage qui le dévisage lui avec stupeur… et son épouse (son épouse !) avec des expressions confuses, entre colère, déception, incrédulité et moquerie, comme si tout était une splendide blague. Un autre mauvais tour joué par leur rusée renarde, la répétition d’une mauvaise blague. Les présentations sont entre froideur et hilarité pas même dissimulée, et sous ses sourires polis, Maxime cache le tournis qui l’a pris entièrement depuis qu’ils ont accosté au port d’Avalon. Pour tout ce qu’il a de nouveau à découvrir, pays, langue, culture, gens, politique, climat, avec uniquement Isilde comme point de repère. Le
rouge qu’il a suivi avec l’assurance de ceux qui se dirigent dans l’obscurité, et non dans l’aveuglement, et qui se fait phare malgré tout.