Layibadé, c’est notre nom de famille, mais nous sommes de la branche bannie. Pourquoi ? Je... ne sais pas réellement. Apparement Papa aurait fait quelque chose de mal, en s’intéressant aux magies les plus sombres. Pourtant, en refusant de les étudier, ne les rend-t-on pas plus puissante ? On ne peut arrêter ce que l’on ne comprend. Et puis, même les magies les plus claires peuvent être utilisées pour tuer si on le veut.  Magie sombre ou claire, quelle différence ? Ce ne sont que des outils. Ils sont bons ou mauvais selon la manière dont on les utilise, non ? Utiliser l’Avada Kedavra sur quelqu’un qui ne peut être sauvé et qui souffre mille morts n’est-il pas mieux que la laisser agoniser des jours durant ?  
Je me demande si, un jour, ils nous recontacteront, ceux qui sont encore en Lousiane… Marie a dit souvent qu’elle aimerait y retourner, j’aime bien quand elle me raconte comment s’était. Mais, dans le même temps, j’aimerais bien savoir d’où l’on venait encore avant ? Avant la Lousiane, l’Amérique en générale ? A-t-on une famille éloignée en Afrique ? Des gens qui auraient réussi à s’échapper ? Si ça se trouve, certains des moldus auquel les gens magiques s’en prennent sont leurs cousins très éloignés… Pendant un temps, cela me troublait, mais, je suppose qu’on peut dire qu’ils sont trop éloignés pour être considéré comme famille à partir d’un certain degré ? Mais jusqu’à quel degré est-on de la même famille ? Je pense que je réfléchis trop, après tout, des gens s’en prennent aux malheureux qui viennent de famille magique et qui n’ont pas de magie, alors, leur faire reconnaître qu’ils pourraient avoir de la famille éloignée moldue…
De toute façon, toute la famille que je connais réellement, c’est Papa, Maman, et mes frères et sœurs, et je ferai tout pour eux, comme eux le feraient pour moi! C’est pour cela que j’ai fais une promesse à Nande, un jour, je lui redonnerai forme humaine. Je sais que tout le monde a tout essayé, mais, peut-être qu’ils ont loupé quelque chose, un mélange particulier de magie, une plante, quelque chose ! Même si je ne testerai jamais mes tentatives sur Nande avant d’être sûre, je n’arrêterai pas de chercher. J’y arriverai.

Je fais mes recherches depuis toute petite et je ne me suis pas arrêtée en arrivant à Poudlard, de toute façon, les autres élèves ne faisaient rien d’autre que se moquer et être généralement désagréables, enfin, j’ai quand même eu quelques amis, mais, eux, je les ai conduit ailleurs, même pas exprès, je le jure ! Mais, j’ai toujours eu du mal à comprendre ce qu’ils voulaient de moi. J’ai essayé, mais je n’y arrivais juste pas ! Je surveillais mes mots, mon attitude, même la manière dont je marchais ! Mais, mon stress, mon incapacité à alller de moi-même vers eux, tout ça, ça les a éloigné de moi. Bah, ça m’a aussi permis d’avoir plus de temps pour mes recherches. C’est… bien, je suppose ? Beaucoup disent que j’aurais dû aller à Serdaigle ou Serpentard, et, pourtant, j’étais à Pouffsouffle, je me souviens encore de ce que m’avait dit le choixpeaux :

« hum… Je vois de l’intelligence, une certaine malice et du courage, mais, je vois aussi une loyauté sans faille, oh oui, tu es acharnée dans ton travail par cette loyauté, n’est-ce pas ? Tu as déjà un objectif... Une telle loyauté envers les siens ne peut te mener qu’à … POUFSOUFFLE ! » 

J’étais une excellente élève, mes notes étaient toujours très bonnes. J’ai de bonnes capacités mémorielles. Mais j’étais très mauvaise en vol et en duel. Mon premier cour de vol a été une ca-ta-stro-phe, il m’a fallu plus de cinq minutes pour que ce fichu balai me monte dans la main pour commencer. Et après, dès que je suis montée dessus, il est parti, comme prit de folie. Je m’accrochais et hurlais tandis qu’il ruait, tournait dans tous les sens, fonçait à droite, à gauche… Mes ongles rongés se plantaient dans le bois, mes phalanges étaient blanches, mes yeux écarquillés tandis que mon coeur battait à la chamade. Heureusement, notre professeur a réussi à le figer et m’a fait descendre. J’en ai entendu des nouvelles pendant des semaines et des mois… En duel, j’étais mauvaise car je mettais trop de temps à me décider sur quoi faire et me prenait les sorts de l’autre. Cette faiblesse a rapidement été repérée et utilisée contre moi. Rien à Poudlard n’était comme je l’aurai aimé ou voulu, mais, heureusement, l’école est finie.


Juste après Poudlard, je me suis mis à travailler dans la boutique vaudou de papa. La première fois que j’y ai travaillé, je me sentais ébahie comme si c’était la première fois que j’y rentrais, j’ai regardé chaque grigris, chaque mojo, absolument tout. Il m’a fallu un moment pour quitter mes contemplations et être prête pour si jamais un client entrait. J’ai été terriblement heureuse quand mon père m’apprit à faire un grigris, pour commencer, puis diverses autres choses. J’adorais tout de la boutique. Les odeurs, les objets, la sensation de la magie dégagée,  … Mais hélas, tout ça a été perdu quand on a dû quitter Londres. Je n’avais pas envie de partir, comme tout le monde, j’avais surtout peur de partir et d’apprendre que les membres de la famille qui étaient en mission soit… Mieux vaut ne pas y penser.
On m’a arraché des bras ce travail que j’aimais tant. Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Si la boutique ne repart pas, peut-être un salon de thé. Ou alors on pourrait mêler la boutique et le café ? J’aime bien faire mon propre café, le mouliner, ajouter d’autres saveurs, comme un peu d’écorce d’orange ou un peu de cacao… Le thé, c’est encore mieux pour les mélanges de plantes, avec éventuellement une petite touche de magie… Le café permet d’ajouter de la crème, l’odeur est plus amère. Mais, ce plan d’éventuellement faire un café ou salon de thé, je ne l’ai formulé que dans ma tête pour le moment, je ne pense pas que papa l’apprécierait… Peut-être devrais-je tenter d’en parler à Marie avant... ? Je pense que cela serait une bonne idée.  

Autre que le thé et le café, j’aime bien mélanger les magies. C’est toujours très satisfaisant quand cela se passe bien, et rigolo quand ça marche pas ou que ça explose. Enfin, ça l’est car je prends mes précautions et me protège, sinon, je n’ose pas imaginer ce qui aurait pu m’arriver… Sinon, je suis une animagus comme il est tradition. Chat à pieds noirs pour être précise. Et, je dois avouer que j’ai eu très peur durant tout le processus. Peur d’un accident, mais, en même temps, je savais (et sait toujours) très bien que je ne pouvais espérer comprendre le problème de Nande et le résoudre sans le faire.

Pendant un mois entier, d’une pleine lune à la suivante, j’ai dû garder une feuille de mandragore dans la bouche. Sans la mâcher ou l’avaler, je peux assurer que les repas ont été difficiles, même avec les conseils familiaux… Pendant cette même période, j’ai cherché l’emplacement idéal pour recueillir la rosée et le protéger pour être sûre que nul homme ou animal passe. Puis, une fois les ingrédients ajoutés à ma feuille pleine de salive droit dans la petite fiole de cristal, je dû patienter jusqu’à l’orage. Répéter au lever et coucher du soleil « Amato Animo Animato Animagus », la baguette sur la poitrine, ne pas aller voir la fiole éclairée par le clair de lune. Quand j’ai senti un second battement dans ma poitrine, le sixième jour, j’ai failli arrêter l’incantation, mais je me suis retenue et j’ai paniqué après, pour apprendre que cela était tout à fait normal… Je suis désolée, ça restait flippant, j’insiste. Quand un éclair éclaira un ciel nocturne d’été, je me suis précipitée, sans même prévenir quiconque, récupérer ma fiole pleine d’une potion couleur sang. Sans réfléchir, j’ai sprinté dans ma chambre, dans un coin assez grand et dégagé et je l’ai bu cul sec après avoir répété pour la dernière fois l’incantation. Et l’horreur commença, j’ai cru que j’allais mourir tant cela faisait mal… J’étais certaine d’avoir échoué quelque chose, ça ne pouvait pas faire si mal, c’était impossible. Mon coeur battait vite, si vite, trop vite, j’ai cru qu’il allait s’évader, ou exploser, ou les deux. Et je voyais une petite forme se dessiner dans mon esprit tandis que ma vue se brouillait de larmes de panique. Je tremblais comme une feuille, je voulais hurler, appeler à l’aide, mais ma voix refusait de fonctionner et ma porte était fermée à clé de toute façon. Si je devais donner un conseil à un(e) futur(e) animagus, ne luttez pas. On ne peut plus l’arrêter et paniquer ne fait qu’empirer les choses. Si ça dégénère, vous ne pouvez plus rien faire pour l’empêcher de toute façon. Et vous éviterez de foncer dans votre porte comme un imbécile fini car l’instinct a prit le dessus à cause de la panique. Une fois animale, je restais quelques minutes couchée contre la porte et j’ai rapidement entendu des pas précépités et des voix. M’étais-je finalement mise à hurler sans m’en rendre compte ? Mais bref, j’ai prise dans ma gueule ma baguette et me suis éloignée de la porte en titubant légèrement sous l’effet du choc contre la porte, qui me paraissait étrangement immense d’un coup… Celle-ci fut ouverte…comment dire... avec une délicatesse assez inexistante ? Et je sentis les regards de tout le monde tomber sur ma petite forme et, sans réfléchir, je pensas fortement que je voulais redevenir humaine, je me sentais tellement petite et fragile… Je me concentras sur mon corps humain, essayant de me rappeler son apparence et, en moins de quelques secondes, je me sentis reprendre forme humaine. Je ne vous parlerai pas de ce qu’il s’est passé ensuite car, mes souvenirs sont un peu flous. Mais je me souviens vaguement avoir été vérifié du bout des orteils jusqu’au sommet du crâne.

Mais, si ils sont flous, c’est mieux que n’en avoir aucun. Je n’ai aucun souvenir de comment était le monde avant la fin du secret magique ou du projet filet du diable. Et, parfois, je ne peux m’empêcher d’essayer d’imaginer des « et si ? ». Si Harry Potter avait gagné contre Voldemort, aurait-on pû vivre en Angleterre ? Sinon, où serait-on aller ? Si le projet filet du diable avait eu lieu bien avant ma naissance, lors de la première guerre des sorciers, que ce serait-il passé ? Une fois, en me promenant sous forme animale dans une décharge, je suis tombée sur un vieux livre moldu qui parlait d’une théorie selon laquelle il existerait différentes réalités selon les différentes possibilités. Ne le dites à personne, mais, j’ai trouvé cette théorie assez intéressante… Je me demande si dans quelques années un sorcier la reformulera et si quelqu’un captera que des moldus l’avaient dit avant ?

Après le 20 août 2045, l’incident de Tinworth, les mangemorts se sont mis à recruter. Apparemment, la magie avait disparu dans la ville pendant une heure… De ce que j’ai lu sur le projet filet du diable, la première chose faite a été de couper l’électricité… À l’époque, du haut de mes 17 ans, je me suis demandée si l’électricité n’était pas la même chose pour les moldus que la magie pour nous… Mais, j’ai rapidement réalisé que ce n’était pas pareil. L’électricité a besoin d’être produite, pas la magie. Mais, comment peut-on « couper la magie » ? Je n’ai toujours pas osé poser la question à voix haute.

Le jour de la rentrée, Elena Kark insista sur l’unité entre citoyens et la vilénie des détracteurs. Étrangement, vu que moins d’une heure après on m’insultait, je pense que l’unité entre citoyens n’est pas forcément très bien respecté. Le lendemain, des descendants de « mangemorts fiables » ont dû prendre la marque des ténèbres. Je suis très heureuse de ne pas en faire partie. Ce n’est pas car ta famille a fait une chose que tu as forcément envie de la faire aussi.

Le 17 novembre, on a apprit le retour de l’ordre du phénix et on nous a dit de rester vigilant. Je ne sais pas trop quoi en penser. On est que des enfants à Poudlard, qui s’en prendrait à nous ? Je comprends que l’on le dise aux adultes ou aux dernière année comme moi, mais les autres ? Je capte pas. Mais, je ne peux empêcher une boule de se former dans ma gorge, pourquoi cela est-il si effrayant ? Ils ne s’en prendraient pas à ma famille , n’est-ce pas ?

Le 24 juin 2046, le jour d’une peur immense. L’ordre du phénix a voulu arrêter une exécution publique et, il y a eu des morts. Ma sœur était là bas. Elle est revenue saine et sauve, c’est tout ce qui compte, mais, j’en ai fais des cauchemars plusieurs nuits d’affilés. Des cauchemars où elle ne revenait pas, où les phénix attaquaient la boutique ou la maison car nous serions « maléfiques », mais c’est faux, c’est F.A.U.X, on est pas maléfiques, on est pas méchants. Papa a été exilé, certes, mais c’est pas sa faute, c’est les autres qui refusent de comprendre… N’est-ce pas ?  Ils refusent de comprendre que parfois il faut faire certaines choses. Et, si quiconque essaye de blesser la famille, ils auront affaire à tout le monde ! Au cas où, je vais peut-être voir si je peux pas faire des choses utilisables même si la magie sautait…  Un peu de méfiance ne fait pas toujours du mal, n’est-ce pas ?
Mais, le pire n’a pas été cette terreur du jour, le soir, j’ai appris que il y avait une résistance moldue, il a appelé notre humanité et à ne plus se laisser berner par le ministère… Mais le gouvernement ne trahirait pas tout le monde, n’est-ce pas ? Je ne savais pas quoi en penser déjà sur le coup, mais, j’ai su dès le discours que je resterai du côté de ma famille, peu importe ce qu’il arrive. Après le 24 juin, il y a eu des arrestations, des perquisitions et plus de contrôles. J’ai peur. J’ai peur du gouvernement, j’ai peur des moldus, j’ai peur des phénix. On va être blessé, à un moment ou à un autre. Heureusement, la boutique calme mes craintes. Son atmosphère est tellement agréable… De toute façon, ce qui arrivera arrivera, n’est-ce pas ? Donc, le 22 août 2046, je décidais qu’à partir de maintenant, j’allais ne plus penser à de « possibles » catastrophes.  Je manquais de l’abandonner dès le premier septembre, où le Poudlard Express explosa. Même si j’avais déjà quitté Poudlard, ce fut un choc.

Le 31 octobre, le ministre mourut, magicorp s’effondra, un attentat, la magie a été coupé mais à Avalon cette fois. Je n’ose pas imaginer ce qu’il se passerait si ils réussissaient à couper la magie de l’entièreté du p… ON ARRÊTE DE PENSER À DES CATASTROPHES QUI NE SE PASSENT PAS, je ne veux pas y penser… Toute façon, si on crève, bah on crèvera et ça sera fini, n’est-ce pas ? Hé… Je suis nulle pour être sarcastique…

En novembre, alors que je me baladais et me cachais dans les arbres, accompagné de mon garde du corps, un énorme chat maine coon que je nomme Pirate à cause de son œil crevé. J’ai rencontré ce chat après qu’un hibou est tenté de m’attaquer. Il a décidé de me placer sous sa protection, je suppose, vu son intelligence et sa petite taille pour un maine coon (bien qu’il soit énorme comparé à moi), je me demande si il n’a pas des origines fléreur. Il vient souvent dormir dans ma chambre, même quand je suis sous forme humaine. Il a parfaitement compris que animal ou humain c’était toujours moi. Mais bref, comme je disais, alors que je me cachais avec lui, j’ai réalisé que ma petite taille n’était pas forcément un problème. Certes, j’ai des prédateurs, mais tant qu’un autre félin est avec moi, je peux observer un peu n’importe où avec des risques minimes.

En début 2047, je ne me souviens plus exactement la date, les Phénix ont diffusé les origines de celui-dont-on-ne-doit-prononcer-le-nom… Je m’en fiche complètement. Et ils disent plein d’autres choses pour démanteler la propagande mangemorts. Mais, qu’ils aient raison ou pas, je m’en fiche, je n’ai jamais prétendu être une bonne personne. Et puis, vu le nombre de morts, innocents ou pas, qu’ils ont causé, rien ne prouve qu’ils seraient tellement meilleur. Le 24 juin reste gravé dans mon esprit et mes cauchemars. Même si le gouvernement aussi a causé plein de morts. Je commence à me demande QUI ne tue personne ?

J’ai décidé alors d’arrêté de lire le journal, je prends les événements comme ils viennent. Et j’embouteille toute la colère de mon coeur. Colère contre les phénix qui nous ont récemment chassé de chez nous, colère contre le gouvernement, colère contre ces idées ridicules de pureté de sang, colère contre les moldus, contre tout et rien. J’aimerai pouvoir pardonner, réellement. Mais même si je m’efforce à avancer, mon coeur hurle qu’il a mal, mal d’avoir perdu cette boutique tant aimé au charme caractéristique. Mal de ne plus pouvoir suivre la confiance enfantine, mal de ne pas encore avoir réussi à rendre sa forme à Nande, mal de voir mes lapins qui ont subi mes expériences. J’aimerai parfois pouvoir arracher ce coeur trop sensible de ma poitrine.  

Pourtant, malgré cette douleur, il y a aussi une sorte de lumière qui ne veut pas quitter mon coeur. Dès que je réussis une expérience ou qu’elle fait un résultat quelconque, je sens une fierté profonde brûler dans ma poitrine. Malgré toute la douleur, je sens toujours une forte énergie, qui me pousse à continuer mes tests, à faire des grigris à ne jamais m’arrêter. Même si je dors peu comparé aux autres, je fonctionne et je sens une sorte d’excitation. Comme si du café coulait directement dans mes veines, et pourtant, je n’en bois pas, je n'ose pas imaginer ce qu'il se passerait si j'en prenais... Et, qu’importe ce qu’il se passera à l’avenir, j’espère que je ressentirai toujours cette énergie.